L'Hebdo #065 : Trois questions macro pour 2024, chute des prix immobiliers et prédictions sur le secteur financier

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Volatilité sur les marchés financiers et rapport sur l'emploi américain

Cette semaine, le paysage boursier a été marqué par une volatilité notable. Le Cac 40, l'indice principal de la Bourse de Paris, a connu des hauts et des bas, clôturant la semaine avec une baisse de 1,62%. Aux États-Unis, le S&P 500 n'a pas réussi à maintenir sa dynamique positive, mettant fin à une série de neuf semaines consécutives de hausse. Le rapport sur l'emploi américain de décembre a été un élément clé, révélant la création de 216.000 emplois, un chiffre supérieur aux attentes. Ce rapport a généré des réactions mixtes, reflétant la force de l'économie américaine d'une part, et d'autre part, la possibilité que la Réserve fédérale maintienne des taux d'intérêt élevés, atténuant les espoirs d'une baisse des taux au début de 2024.

 

 

2. Tensions dans le secteur des spiritueux et inflation en zone euro

Le secteur des spiritueux a été particulièrement touché cette semaine. Les entreprises Pernod Ricard et Rémy Cointreau ont vu leurs actions chuter suite à l'annonce d'une enquête antidumping par la Chine sur certains alcools importés de l'Union européenne. Cette situation, aggravée par des ajustements négatifs des objectifs de cours par les analystes, a entraîné une baisse significative de la valeur de leurs actions. Par ailleurs, l'inflation en zone euro reste une préoccupation majeure, avec une augmentation à 2,9% en décembre. Cette tendance suggère que la Banque centrale européenne pourrait continuer à adopter une politique monétaire prudente, bien que certains experts prévoient une réduction des taux dès avril.

 

3. L'inflation et les bénéfices en ligne de mire la semaine prochaine

L'IPC de décembre sera le point fort du calendrier économique américain la semaine prochaine. L'indice global devrait augmenter de 3,1 % à 3,2 %, mais le consensus s'attend à ce que l'IPC de base, qui exclut les aliments et l'énergie, continue de s'améliorer, passant de 4 % à 3,8 %. Le risque croissant que les perturbations des canaux de Suez et de Panama fassent peser sur les chaînes d'approvisionnement est un sujet de préoccupation récent. Les récentes attaques en mer Rouge ont contraint de grandes compagnies maritimes comme Maersk à détourner leurs navires pour éviter le canal de Suez et contourner l'Afrique, ce qui augmente les coûts d'expédition et le temps de transport. Les perturbations actuelles font grimper les prix du transport maritime au comptant et pourraient se répercuter sur les prix à la consommation si elles persistent, mais leur impact devrait être atténué par rapport aux problèmes de la chaîne d'approvisionnement de 2021. Depuis lors, les stocks et les capacités ont augmenté, tandis que la demande de biens de consommation s'est ralentie. Ailleurs, l'attention des investisseurs se tournera également vers les résultats des entreprises, plusieurs grandes banques donnant le coup d'envoi de la saison des résultats du quatrième trimestre vendredi. 

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📰 Le dossier de la semaine : 3 questions macro pour la nouvelle année

1. Quelle sera l’ampleur de la récession dans la zone euro ?

 

La zone euro devrait entrer en récession technique en 2024. En effet, l'économie du bloc s'est déjà contractée de 0,1% au troisième trimestre 2023. Cette faiblesse est le résultat du cycle de relance de la Banque centrale européenne, de l'impact du choc énergétique Russie/Ukraine, de la faiblesse de la Chine en tant que source de demande d'exportation et des vents contraires structurels pour certains secteurs de l'industrie automobile. Nombre de ces facteurs ont particulièrement touché l'Allemagne.

 

Cela dit, les indicateurs prospectifs suggèrent que, même si la faiblesse économique n'est pas encore terminée, il est peu probable qu'une nouvelle détérioration rapide se produise à partir de là. L'une des raisons pour lesquelles on peut prévoir une récession modérée est l'asynchronisme du ralentissement actuel entre les États membres, qui aplatit le profil du PIB agrégé de la zone euro. Aussi, le retour d'une croissance positive des salaires réels, dans un contexte de baisse rapide de l'inflation mais de croissance toujours forte des salaires nominaux, devrait soutenir les dépenses personnelles en 2024.

 

Dans l'ensemble, je prévois une reprise lente après une légère récession, une croissance de l'économie de la zone euro de 0,5 % sur l'ensemble de l'année 2024 et un assouplissement de la politique de la Banque centrale européenne tout au long du second semestre 2024.

 

2. Le monde va-t-il se démondialiser ?

 

L'importance accrue accordée par les femmes et hommes politiques à la sécurité nationale et le désir des entreprises d'améliorer leur propre résistance et de se protéger des retombées géopolitiques pourraient faire reculer la mondialisation.

 

Le résultat des élections américaines sera un facteur clé. Un second mandat de M. Biden continuerait d'encourager la "délocalisation amicale" des chaînes d'approvisionnement stratégiques, en maintenant la stratégie "small yard, high fence" qui vise à restreindre l'accès de la Chine aux technologies haut de gamme. Trump, quant à lui, utiliserait probablement des droits de douane généralisés, ce qui aurait un impact sur un plus grand nombre de pays.

 

3. Sommes-nous à l'aube d'un boom de la productivité induit par l'intelligence artificielle (IA) ?


Les économies développées sont bloquées dans une période de faible croissance de la productivité depuis la crise financière mondiale. Cette situation s'explique notamment par l'épuisement des fruits les plus faciles à cueillir des innovations passées, la diminution des retombées de la mondialisation et l'insuffisance de la demande. Toutefois, il se peut que des erreurs de mesure surestiment légèrement ce ralentissement. Les changements technologiques des dernières décennies, notamment les smartphones, le commerce électronique et l'informatique en nuage, ont eu un impact limité sur la croissance de la productivité. Mais il ne faut pas en déduire que l'IA ne donnera pas de coup de pouce à la productivité.

 

Le "paradoxe de Solow" fait référence à l'absence d'augmentation de la productivité due à la révolution informatique des années 1970 et 1980, qui s'est ensuite manifestée dans les années 1990. Le coup de pouce éventuel a représenté environ 1 % de croissance supplémentaire de la productivité par an pendant près de deux décennies. Cet impact différé, mais finalement transformateur, est la marque d'une "technologie à usage général". L'IA pourrait présenter un grand nombre des mêmes caractéristiques : omniprésence, amélioration continue et innovation.

 

Je suis donc optimiste mais prudent quant à l'impact positif de l'IA sur la productivité. Par ailleurs, je pense que les inquiétudes concernant la destruction globale d'emplois ne tiennent pas compte des canaux d'amélioration de la productivité et de création d'emplois du changement technologique.

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🏠 Immobilier : Le marché immobilier, entre chutes et exceptions

2023 a été une année charnière pour le marché immobilier en France avec une baisse générale des prix de 1,8% à l'échelle nationale. Marquée par une baisse des prix sans précédent depuis une décennie, cette période a vu certains géants immobiliers fléchir, tandis que d'autres ont étonnamment prospéré. Cette tendance a rompu avec la stabilité relative des années précédentes, introduisant une période d'incertitude et de réajustement dans le secteur. Cette baisse généralisée a touché aussi bien les grandes métropoles que les villes moyennes, redéfinissant le paysage immobilier français.

 

Plusieurs éléments ont contribué à cette baisse des prix. D'abord, le durcissement des conditions de crédit a joué un rôle majeur. Avec des taux d'intérêt en hausse et des critères d'octroi plus stricts, l'accès au crédit immobilier est devenu plus difficile pour de nombreux ménages. Ensuite, la solvabilité limitée des acheteurs, exacerbée par une inflation croissante et une incertitude économique, a réduit la demande de biens immobiliers. Enfin, des facteurs macroéconomiques, tels que les tensions géopolitiques et les fluctuations du marché mondial, ont également influencé le marché immobilier français.

 

Cette baisse généralisée des prix immobiliers en France en 2023 est un indicateur clé de l'état actuel du marché. Elle offre des opportunités pour certains, tout en présentant des défis pour d'autres. Comprendre ces dynamiques est crucial pour tous les acteurs du marché, que vous soyez acheteurs, vendeurs, investisseurs ou professionnels de l'immobilier.

 

 

Paris : Fin d'une ère de prix exorbitants

En 2023, Paris a perdu son statut de ville aux prix immobiliers inaccessibles. Avec une baisse de 5,3%, le prix moyen du mètre carré est tombé à 9 644 euros, un niveau inimaginable il y a quelques années. Cette diminution marque la fin d'une période de cinq ans de hausse constante, effaçant la barre symbolique des 10 000 euros franchie en 2019.

Cette baisse a plusieurs implications. Pour les investisseurs, c'est une opportunité de réévaluer leurs portefeuilles immobiliers. Les prix plus abordables pourraient attirer de nouveaux acheteurs, notamment des jeunes professionnels et des familles qui étaient auparavant exclus du marché parisien. Cependant, pour les propriétaires actuels, cette baisse pourrait signifier une diminution de la valeur de leur patrimoine immobilier.

La question qui se pose maintenant est de savoir si cette tendance à la baisse se poursuivra ou si le marché se stabilisera. Les facteurs tels que les politiques gouvernementales, les taux d'intérêt et l'économie globale continueront d'influencer le marché immobilier parisien.

 

 

Nantes : La plus grande baisse des métropoles

En 2023, Nantes a été la métropole française la plus touchée par la baisse des prix immobiliers, avec une chute impressionnante de 8%. Cette dévaluation s'explique par plusieurs facteurs, notamment le durcissement des conditions de crédit et une solvabilité limitée des ménages. Cette situation a eu un impact considérable sur le marché local, entraînant une réévaluation des biens et une modification des attentes des vendeurs et des acheteurs.

 

Montpellier : Une hausse contre toute attente

Montpellier se démarque en 2023 comme l'exception dans un contexte national de baisse des prix immobiliers. La ville a enregistré une augmentation de 2,1% du prix au mètre carré, poursuivant une tendance haussière observée sur les dix dernières années. Cette résilience s'explique par plusieurs facteurs, dont une attractivité croissante de la ville, une demande soutenue, et une offre de logements relativement limitée.

Cette hausse des prix à Montpellier offre des perspectives intéressantes pour les investisseurs et les vendeurs, qui peuvent espérer une valorisation de leurs biens. Pour les acheteurs, en revanche, cela signifie une compétition accrue et des prix potentiellement hors de portée pour certains. Il reste à voir si Montpellier continuera sur cette trajectoire ascendante ou si elle s'alignera sur les tendances nationales à l'avenir.

 

En fin de compte, ces tendances reflètent la complexité et la diversité du marché immobilier en France, un marché en constante évolution.

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🏦 Investissement : Que va t-il se passer dans le secteur financier ? 

Le secteur financier a connu une année 2023 volatile. La crise bancaire du mois de mars, précipitée par la hausse des taux d'intérêt et une mauvaise gestion des risques, a entraîné la faillite de Signature Bank, Silicon Value Bank et First Republic Bank. Le département du Trésor américain, par l'intermédiaire de la Federal Deposit Insurance Company (FDIC), est intervenu et a placé les banques susmentionnées sous séquestre. Depuis lors, bien qu'il n'y ait pas eu d'autres effondrements de banques, le système financier reste fragile.

Voici trois prédictions pour 2024 concernant le secteur financier : 

 

1. L'influence persistante des taux d'intérêt sur l'économie

La lutte contre l'inflation initiée par les grandes banques centrales au premier semestre 2022, a entraîné une augmentation des taux d'intérêt, influençant divers secteurs économiques. Malgré une inflation croissante, il semble peu probable que les taux reviennent à leurs niveaux pré-hausse. En décembre, aux Etats-Unis, le Federal Open Market Committee a opté pour la stabilité des taux, tout en planifiant trois réductions pour 2024.

Ces réductions allégeront la charge pour les entreprises et les consommateurs, mais avec des taux quand même encore élevé, l'impact sur l'économie réelle restera tangible. Les grandes banques, en particulier, devraient non seulement surmonter cette période difficile, mais aussi tirer avantage de cette hausse des taux.

 

2. Le secteur de l'immobilier commercial confronté à des défis

Les taux d'intérêt élevés continuent de bouleverser le marché de l'immobilier commercial. Ce segment a été fortement impacté par la pandémie de COVID-19 et la montée du télétravail. Les banques américaines, détenant environ 2 700 milliards de dollars en dettes liées à ce secteur, font face à une baisse de 22 % de la valeur des propriétés commerciales depuis le début de 2022, ainsi qu'à une chute des loyers de bureaux. Avec une stabilisation attendue du télétravail en 2024, la reprise de l'immobilier commercial semble incertaine, posant des défis supplémentaires pour son avenir.

 

3. Peu d'espoir pour un rebond des transactions financières

Les hausses des taux d'intérêt ont mis à mal les banques d'investissement, les fonds de capital-investissement (PE) et les cabinets d'avocats en fusions et acquisitions. La dépendance à un crédit abordable a été un pilier des opérations de fusion et d'acquisition, et sa disparition a entraîné un ralentissement notable. Les commissions des banques d'investissement ont chuté à des niveaux historiquement bas, et avec des taux d'intérêt élevés persistants, cette tendance pourrait se maintenir.

Les sociétés de capital-investissement, spécialisées dans les rachats d'entreprises par effet de levier, sont également en difficulté. L'augmentation des coûts des marchés de la dette et les défis rencontrés par les entreprises acquises, désormais lourdement endettées, compliquent la situation.

 

En conclusion, malgré une possible baisse des taux d'intérêt fin 2024, les acteurs du marché financier ne devraient pas anticiper un rebond rapide des transactions. Une certaine volatilité est à prévoir dans le secteur financier à l'approche de 2024, incitant à la prudence dans les décisions d'investissement. Malgré ça, des actions comme BNP Paribas et Société Générale ont été sélectionnés cette semaine par Le Figaro comme les 10 actions ayant le plus haut potentielle de hausse et les analystes sont à l'achat sur ces deux valeurs. 

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • BNP Paribas a signé un accord avec l’association de consommateur CLCV dans l'affaire des prêts Helvet Immo et pourrait verser de 400 à 600 M€ à 4600 clients, selon Le Parisien. La banque a aussi émise 750 M€ d'obligations à 8 ans avec un coupon de 4,04%.

 

  • Valneva (biotech française) abaisse ses prévisions de revenus pour 2023.

 

  • HSBC cède sa banque de détail en France au fonds d'investissement Cerberus.

 

  • Les livraisons d'avions d'Airbus auraient légèrement dépassé l'objectif de 720 en 2023, selon plusieurs sources.

 

  • Atos va entamer une phase de due diligence avec Airbus sur la base d'une offre indicative d'une valeur d'entreprise de 1,5 à 1,8 milliard d'euros pour BDS.

 

  • Le fisc renonce à une procédure en justice contre LVMH.

 

  • Tesla atteint son objectif de livraisons mais se laisse distancer par BYD au T4.

 

  • HSBC va lancer l'application Zing pour rivaliser avec Wise et Revolut.

 

  • AstraZeneca signe un accord de licence mondiale exclusive avec Allorion Therapeutics pour un traitement potentiel du cancer du poumon.

 

  • TotalEnergies boucle la vente de ses stations services en Allemagne et au Bénélux à Alimentation Couche-Tard pour 3,4 Md€.

 

  • Environ le tiers des 313 supermarchés et hypermarchés cédés par Casino iront à Auchan, les deux autres tiers à Intermarché, selon l'intersyndicale du distributeur.

 

  • Telefonica va licencier jusqu'à 3421 salariés en Espagne, pour un coût de 1,3 Md€.

 

  • Apple accepte de régler le procès concernant l'escroquerie aux cartes-cadeaux iTunes.

 

  • Le Nasdaq aurait rencontré la SEC pour discuter d'un ETF bitcoin spot.

 

  • Intel crée une société dédiée à l'IA générative, avec d'autres investisseurs.

 

  • Sodexo affiche un chiffre d'affaires de 6,287 Mds€ au T1 2023/2024, en croissance interne de 8,2%. 

 

  • Ford enregistre ses meilleures ventes annuelles de véhicules aux Etats-Unis depuis 2020.

 

Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

 

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