L'Hebdo #144: Jusqu’où peuvent monter les marchés sans surchauffer et pourquoi votre contrat d'assurance-vie vous fait peut-être perdre de l'argent?
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Wall Street enchaîne les records, portée par la tech et la logique de FOMO
Les indices américains continuent de grimper, semaine après semaine, comme si rien ne pouvait les arrêter. Le S&P 500 a encore inscrit un nouveau plus-haut historique à 6 388 points, avec une progression de +1,46 % sur la semaine. Même constat du côté du Nasdaq 100, qui, après une légère hésitation en début de semaine, a repris sa marche en avant, toujours soutenu par les valeurs technologiques. Cette dynamique s’appuie sur des résultats d’entreprises globalement solides, Alphabet et Microsoft en tête, et un engouement intact pour l’intelligence artificielle.
Derrière cette performance, on observe une concentration de plus en plus marquée autour des « géants » de la cote, souvent désignés sous le surnom des « 7 magnifiques ». Alphabet a ainsi enchaîné 10 séances consécutives de hausse avant de publier, preuve de l’euphorie ambiante. Le reste du marché suit difficilement : le Russell 2000 (valeurs moyennes) reste à la traîne, tout comme les secteurs plus cycliques ou sensibles aux taux.
La volatilité est historiquement basse (VIX à 16) et les mouvements de marché sont souvent très modérés. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, les variations sur certaines valeurs sont violentes, avec de gros écarts à la publication des résultats (Tesla, Intel, STMicro). Ce contraste alimente un climat particulier : les investisseurs restent tiraillés entre incertitudes macroéconomiques (droits de douane, inflation, croissance) et peur de rater la hausse, le fameux « FOMO » (fear of missing out).
2. Des tensions commerciales qui s’apaisent… pour mieux relancer la machine boursière
Sur le plan géopolitique et commercial, la tonalité a changé cette semaine. Donald Trump semble avoir assoupli sa ligne dure vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. Après avoir trouvé un accord avec le Japon, avec des droits de douane plafonnés à 15 % sur les voitures, contre 30 % anticipés, la Maison Blanche semble également se rapprocher d’un compromis avec l’Union européenne. Le chiffre de 15 % est désormais présenté comme un plancher acceptable, même par les Européens qui dénonçaient encore ce niveau il y a quelques semaines.
Ce climat plus favorable a soutenu les marchés, notamment en Europe. Les valeurs automobiles ont particulièrement bénéficié de cette détente : Stellantis, Volkswagen et Mercedes ont signé des hausses spectaculaires. L’annonce d’un accord potentiel entre Bruxelles et Washington a même permis de relancer la dynamique sur les indices européens, jusque-là en retrait par rapport aux indices américains.
Reste que l’échéance du 1er août pèse toujours dans les esprits : elle marquera la fin du délai accordé par Trump pour conclure des accords commerciaux. D’ici là, les marchés resteront sensibles à la moindre rumeur ou déclaration. Mais en attendant, les 15 % sont perçus comme un « moindre mal » face à la menace de barrières bien plus lourdes.
3. Une saison des résultats décisive, entre tri des bons élèves et sanctions brutales
La saison des résultats bat son plein, et elle dicte très clairement le tempo sur les marchés actions. Cette semaine, une centaine d’entreprises de plus de 10 milliards de capitalisation ont publié leurs chiffres, avec des fortunes très contrastées. Les marchés réagissent de façon extrêmement sélective, récompensant les surprises positives et sanctionnant sans pitié la moindre déception.
Côté hausses, plusieurs sociétés ont su tirer leur épingle du jeu : Kering (+12,4 %), Eurofins Scientific (+12 %), Rémy Cointreau (+15,5 %) ou encore Nexity (+13,5 %) ont été saluées pour la solidité de leurs résultats ou des perspectives revues à la hausse. À l’inverse, STMicroelectronics a décroché de plus de 20 %, ASM International de -18 %, et Intel de -8,5 %, tous victimes de déceptions sur les chiffres ou les perspectives. Tesla a également inquiété, avec des déclarations prudentes d’Elon Musk sur les mois à venir.
En toile de fond, les résultats globaux du S&P 500 montrent un taux de dépassement des attentes de 83 %, mais dans un contexte où les prévisions avaient été revues à la baisse. Le taux de croissance des bénéfices remonte à 5,6 %, mais reste l’un des plus faibles depuis fin 2023.
En Europe, la BCE a, sans surprise, laissé ses taux inchangés. Christine Lagarde a tenu un discours mesuré, insistant sur une approche au « cas par cas » (meeting by meeting), sans donner de cap précis pour les mois à venir. Une attitude prudente, qui reflète l’incertitude sur les perspectives économiques, en particulier dans un contexte commercial encore instable.
📰 Le dossier de la semaine : Jusqu’où peuvent monter les marchés sans surchauffer ?
Depuis plusieurs mois, les marchés boursiers américains multiplient les records. Portés par des résultats d’entreprises solides, un apaisement des tensions commerciales et l’espoir d’un assouplissement monétaire, les grands indices progressent sans interruption apparente. Pourtant, certains signes suggèrent qu’un excès d’optimisme pourrait s’installer. Tour d’horizon des moteurs de cette dynamique… et des risques sous-jacents.
Des marchés euphoriques, mais encore rationnels
L’été 2025 a offert aux investisseurs une série de surprises positives : un climat économique plus lisible, des négociations commerciales en voie de résolution et des publications de résultats meilleures que prévu. L’indice S&P 500, en particulier, a inscrit pas moins de 11 records historiques en 30 jours. La volatilité est exceptionnellement basse : aucun mouvement journalier supérieur à 1 % à la hausse ou à la baisse sur la période.
Cette progression régulière s’appuie sur une conviction largement partagée : le pire a été évité sur le front géopolitique et commercial. Les accords commerciaux bilatéraux signés récemment avec plusieurs grandes puissances (dont le Japon, la Chine, le Royaume-Uni ou l’Indonésie) permettent aux entreprises de sortir d’une longue période d’incertitude. Elles peuvent désormais relancer leurs investissements, ce qui soutient mécaniquement la valorisation des marchés.
Une économie américaine résiliente malgré les turbulences
Les dernières données macroéconomiques publiées aux États-Unis donnent l’image d’une économie qui tient le cap. Les ventes au détail de juin ont dépassé les attentes. Les créations d’emplois restent solides. Et si l’inflation progresse encore sur certains segments, elle est contenue dans les services, qui pèsent plus de 70 % de l’indice des prix à la consommation.
La perspective d’une récession technique s’éloigne. À court terme, la croissance ralentit mais reste positive, soutenue par la consommation des ménages et par une certaine visibilité fiscale, notamment avec le vote d’un projet de loi de relance ciblée. Cette conjoncture offre une fenêtre d’opportunité à la Réserve fédérale pour envisager, dès septembre, une baisse de taux, sous réserve d’un apaisement durable des tensions douanières.
Selon plusieurs analystes, deux baisses de taux restent probables d’ici la fin de l’année, avec un objectif de taux directeur autour de 3 % à l’horizon 2026. Le message est clair : la Fed se prépare à accompagner une normalisation économique progressive, sans casser la dynamique de marché.
Les bénéfices : moteur principal de la hausse à venir
Après plusieurs trimestres où la hausse des marchés s’est appuyée sur la revalorisation des multiples (c’est-à-dire sur les anticipations, plus que sur les résultats eux-mêmes), le relais est désormais passé aux bénéfices. Le ratio cours/bénéfice du S&P 500 dépasse désormais 22x, et les valorisations dans d’autres secteurs comme la tech ou la consommation discrétionnaire ont atteint des niveaux historiquement élevés.
Dans ce contexte, le deuxième trimestre 2025 constitue un test. Près de 40 % des entreprises du S&P 500 publient leurs résultats cette semaine, dont plusieurs membres des « Magnificent 7 » (Apple, Amazon, Meta, Microsoft…). Pour l’instant, la tendance est encourageante : plus de 80 % des sociétés ayant déjà publié dépassent les attentes des analystes. Le taux de croissance attendu pour les bénéfices du S&P 500 est ainsi passé de +4 % à +5,5 % en quelques jours.
Les secteurs les plus internationaux, comme la technologie et l’industrie, profitent également d’un effet de change favorable : la faiblesse du dollar soutient la compétitivité des exportateurs américains et gonfle mécaniquement les bénéfices libellés en devise locale.
Spéculation : des signaux à surveiller de près
Même si l’ambiance reste globalement saine, certains signes de surchauffe émergent. Le retour de l’intérêt pour les « meme stocks » (titres très volatils prisés par les traders particuliers) témoigne d’une appétence pour le risque qui dépasse parfois les fondamentaux. Ces mouvements, souvent amplifiés sur les réseaux sociaux, peuvent créer des distorsions violentes à la hausse comme à la baisse.
Cependant, les indicateurs de sentiment agrégés restent modérés. L’enquête hebdomadaire de l’AAII (American Association of Individual Investors) montre que les investisseurs particuliers ne sont pas encore dans l’euphorie, ce qui limite le risque d’un retournement brutal immédiat.
Stratégie d’investissement : entre vigilance et opportunités
Dans ce contexte de marchés en apesanteur, la tentation est grande de s’exposer davantage aux actifs risqués. Pourtant, plusieurs signaux incitent à la prudence. L’automne est traditionnellement une période plus volatile sur les marchés. Et la moindre déception – sur les résultats, les taux, ou les négociations internationales – pourrait déclencher une correction.
Face à ces incertitudes, une stratégie fondée sur la qualité et la diversification reste la plus pertinente. Les actions restent attractives à moyen terme, notamment dans des secteurs comme la santé, la finance ou la consommation discrétionnaire. Ces domaines offrent un bon équilibre entre croissance et résilience, tout en profitant des dynamiques économiques en cours.
Du côté obligataire, les investisseurs à la recherche de rendement peuvent se tourner vers les obligations d’entreprise investment grade, qui offrent aujourd’hui des taux intéressants, avec un niveau de risque modéré.
En résumé
Les marchés actions poursuivent leur ascension, soutenus par des fondamentaux solides, un retour progressif de la visibilité économique et des résultats d’entreprises supérieurs aux attentes. La prudence reste néanmoins de mise : la complaisance gagne du terrain, les valorisations sont tendues, et la moindre mauvaise nouvelle pourrait raviver la volatilité.
Mieux vaut éviter les paris spéculatifs et maintenir une allocation disciplinée, équilibrée entre différentes classes d’actifs. Les baisses de taux attendues aux États-Unis, combinées à un soutien budgétaire modéré, pourraient offrir de nouveaux catalyseurs pour les portefeuilles bien construits. Mais dans un marché porté par l’enthousiasme, garder la tête froide reste plus que jamais un avantage.
🏦 Investissement : Pourquoi votre contrat d'assurance-vie vous fait peut-être perdre de l'argent?
L’érosion silencieuse des contrats prudents
Des milliers d’épargnants ont souscrit, souvent via leur banque, une assurance-vie en gestion dite « prudente », en pensant sécuriser leur capital tout en obtenant un rendement supérieur à celui du Livret A. Mais entre 2018 et 2024, ces profils, censés limiter la prise de risque, ont rapporté en moyenne 2,20 % par an. Or, sur la même période, l’inflation s’est établie à 2,46 % en moyenne annuelle. Autrement dit, de nombreux contrats ont perdu de la valeur en termes de pouvoir d’achat.
Et la situation n’est guère meilleure pour les profils « modérés », pourtant plus exposés aux marchés : leur rendement moyen a été de seulement 1,86 % par an.
Ce constat, issu d’une étude indépendante réalisée par Good Value for Money, interpelle. L’objectif premier d’un contrat d’assurance-vie est non seulement de valoriser l’épargne, mais aussi de protéger le capital dans le temps. Or, ces gestions « profilées », présentées comme des solutions clés en main, échouent souvent à remplir cette double promesse.
Le vrai coupable : des frais trop élevés
Pourquoi des portefeuilles investis partiellement en actions, donc avec un potentiel de performance supérieur, parviennent-ils à peine à égaler l’inflation ? La réponse tient en un mot : les frais.
Car dans un contrat d’assurance-vie, ils s’accumulent à différents niveaux :
Frais de gestion du contrat lui-même (pas plus de 1,5% par an, sinon se tourner vers un autre contrat)
Frais additionnels en cas de gestion pilotée (jusqu’à 1 % supplémentaire)
Frais des unités de compte (UC), qui peuvent grimper jusqu’à 2,2 % selon le fonds choisi
Résultat : même lorsque les marchés progressent, ces prélèvements rognent la performance finale. A titre de comparaison, les fonds en euros – pourtant peu dynamiques – affichent des frais moindres (0,4 à 0,7 %) et ont offert récemment une performance nette autour de 1,76 % par an.
C’est donc toute la mécanique des contrats grand public qui est en cause. Et cela souligne un point essentiel : sans arbitrage actif ni stratégie sur-mesure, l’assurance-vie peut devenir une enveloppe inefficace.
Pour mieux investir : un accompagnement professionnel est indispensable
Faut-il pour autant fuir l’assurance-vie ? Absolument pas. C’est même l’un des meilleurs outils pour organiser son épargne à long terme, transmettre, préparer sa retraite ou diversifier ses placements.
Mais comme tout bon outil, son efficacité dépend de la manière dont il est utilisé.
Les profils « offensifs » ou « audacieux », davantage exposés aux marchés, affichent des performances bien plus convaincantes : jusqu’à 6,16 % nets par an en moyenne entre 2018 et 2024 pour les profils les plus dynamiques, selon l’étude. Mais cette performance n’est accessible qu’à condition de :
Choisir des supports adaptés à son profil de risque et à son horizon d’investissement
Arbitrer régulièrement entre fonds selon les opportunités de marché
Éviter les frais superflus en comparant les contrats et les gestions disponibles
Être accompagné par un professionnel indépendant, capable de construire une stratégie cohérente et d’éviter les pièges des gestions standard
En clair, il ne suffit pas d’avoir une assurance-vie : encore faut-il la piloter intelligemment.
À retenir
L’assurance-vie reste un pilier incontournable de la gestion de patrimoine. Mais mal gérée, elle peut ronger lentement votre épargne. Une gestion sur-mesure, active et accompagnée est la meilleure réponse pour faire fructifier votre capital dans la durée, tout en maîtrisant les risques.
Faites-vous accompagner. Car entre un contrat vendu « en vitrine » et une stratégie optimisée, la différence peut valoir plusieurs milliers d’euros sur dix ans.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Stellantis enregistre une lourde perte au T2.
Carrefour aurait nommé Rothschild comme conseiller pour la vente potentielle de sa filiale italienne, selon Bloomberg.
Atos disposait de 1,8 MdEUR de liquidités au 30 juin 2025, un niveau confortable par rapport à ses engagements crédit.
La famille Agnelli serait en pourparlers concernant la vente éventuelle du constructeur de camions Iveco, a appris Reuters. Tata Motors serait sur les rangs.
Le bénéfice net de Ryanair double au T2 grâce à Pâques et au rebond des prix.
Microsoft va cesser de faire appel à des ingénieurs basés en Chine pour le support technique de l'armée américaine.
Vinci remporte 431 millions d'euros de contrats en Australie.
Interparfums signe un accord de licence avec la marque Longchamp.
Flexjet atteint une valorisation de 4 milliards de dollars après une levée de fonds menée par un fonds soutenu par LVMH.
EQT acquiert les activités espagnoles d'Adevinta pour une valorisation de 2 milliards d'euros.
AstraZeneca va investir 50 milliards de dollars d'ici 2030 dans la fabrication de médicaments et la R&D aux États-Unis.
Universal Music Group dépose en toute confidentialité une demande d'introduction en bourse aux États-Unis.
OpenAI soutenu par Microsoft et le Royaume-Uni signent un nouvel accord sur l'IA pour renforcer la sécurité et les infrastructures.
JPMorgan Chase envisage d’accorder des prêts adossés aux avoirs en cryptomonnaies de ses clients, selon le Financial Times.
La Chine enregistre une baisse de 2,4% des expéditions de smartphones au deuxième trimestre selon Reuters.
Samsung Electronics bat un record de précommandes avec les Galaxy Z Fold 7 et Flip 7.
Les ventes mondiales de Renault ont progressé de 1,3% au premier semestre.
Thales relève ses prévisions de croissance pour 2025 grâce à la forte demande dans la défense.
Ubisoft voit son chiffre d'affaires reculer de 3,9% au 1er trimestre et se réorganise.
Amazon rachète la start-up Bee, spécialisée dans les objets connectés à intelligence artificielle.
BYD reporte la production de véhicules électriques en Hongrie et accélère en Turquie.
TotalEnergies enregistre une baisse de ses revenus au deuxième trimestre alors que les prix du pétrole et du gaz fléchissent.
BNP Paribas dépasse les prévisions de bénéfices au deuxième trimestre, portée par un bond des revenus issus des activités de trading.
Banco de Sabadell affiche un bénéfice net de 486 millions d'euros au deuxième trimestre.
Les bénéfices d'Alphabet augmentent au deuxième trimestre, les dépenses d'investissement aussi.
Goldman Sachs renonce à une seconde vague de suppressions d'emplois grâce à une amélioration des perspectives.
LVMH enregistre un bénéfice net en baisse de 22% au premier semestre.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse