L'Hebdo #143 : La hausse des marchés financiers continue malgré les incertitudes sur les tarifs douaniers et ce que prévoit le plan Bayrou pour les particuliers

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Trump relance la guerre commerciale avec l’Europe

Le retour en force du protectionnisme américain secoue les grandes économies, sans encore ébranler les marchés. Cette semaine, Donald Trump a annoncé une surtaxe de 30 % sur une large gamme de produits européens, à moins que Bruxelles ne plie avant le 1er août. Pour mémoire, le Royaume-Uni avait déjà réussi à sécuriser un accord à 10 % il y a quelques semaines, ce qui place aujourd’hui les Vingt-Sept dans une position délicate. Ursula von der Leyen espère encore limiter la casse, mais les chances d’un accord rapide s’amenuisent. L’Europe apparaît comme désarmée face à la stratégie agressive de Washington.

Cette décision marque une nouvelle étape dans la réinitialisation des échanges mondiaux. En quelques mois, le taux moyen de droit de douane à l’entrée des États-Unis est passé de 2,5 % à plus de 16 %, et pourrait franchir le cap des 20 % avec l’inclusion de l’Union européenne et du Mexique. En toile de fond, les États-Unis cherchent à financer leur déficit commercial tout en redirigeant les chaînes d’approvisionnement. L’Europe, qui reste l’un des plus grands marchés ouverts au monde, pourrait devenir une victime collatérale, à la fois des ambitions américaines et du recentrage stratégique de la Chine.

Sur les marchés, les réactions sont pour l’instant modérées. Wall Street continue de naviguer proche de ses plus hauts, malgré la hausse du rendement des obligations américaines. Les investisseurs misent sur un scénario où Trump, fidèle à ses habitudes, recule partiellement à la dernière minute. Une tactique désormais surnommée le “TACO trade” – Trump Always Chickens Out. Mais si cette fois le président allait jusqu’au bout ? C’est la question à 1 000 milliards que se posent désormais les stratèges.

 

2. La cryptomonnaie entre dans l’âge adulte aux États-Unis

Le bitcoin a franchi cette semaine un nouveau sommet historique à 123 000 dollars, avant de redescendre légèrement sous les 120 000. Mais l’essentiel est ailleurs : pour la première fois, l'industrie crypto reçoit un soutien institutionnel clair du Congrès américain. Trois textes structurants ont été adoptés : un cadre pour les stablecoins (GENIUS Act), une clarification juridique sur les cryptos (CLARITY Act) et un rejet explicite de la monnaie numérique de banque centrale (Anti-CBDC Act). En parallèle, les ETF Bitcoin Spot continuent d’attirer massivement les investisseurs, avec plus de 2 milliards de dollars d’entrées nettes en une semaine.

Ce changement de ton à Washington est décisif. Il légitime un secteur longtemps perçu comme marginal et instable. En conséquence, 6,5 % des bitcoins en circulation sont désormais détenus via des produits cotés en bourse, un chiffre qui représente plus de 154 milliards de dollars d'encours. L’Ether (ETH) profite également de cet élan, bondissant de 22 % sur la semaine, dans la perspective d’une adoption plus large.

Ce climat favorable tranche avec les tensions observées dans d'autres domaines économiques. Alors que les relations commerciales internationales se tendent, les cryptomonnaies apparaissent comme une valeur d’avenir, désormais inscrite dans la stratégie technologique et financière des États-Unis. Pour les investisseurs, cette reconnaissance institutionnelle change la donne : la crypto ne relève plus seulement de la spéculation, mais devient un pilier potentiel du système financier à venir.

 

3. Résultats d’entreprises et inflation : un fragile équilibre

La semaine a également été marquée par le lancement officiel de la saison des résultats semestriels. En ouverture, les grandes banques américaines ont affiché des performances solides. JPMorgan, Wells Fargo ou encore BlackRock ont publié des résultats robustes, tirés par des marchés volatils et une forte demande sur les services financiers. En Europe, ce sont Legrand, ABB ou SAAB qui se sont illustrés, grâce à la dynamique de l’intelligence artificielle, des infrastructures électriques ou des dépenses militaires.

Côté indicateurs économiques, l’inflation américaine continue d’occuper le devant de la scène. Les données du mois de juin ont montré une hausse mensuelle de 0,3 %, conforme aux attentes, mais avec une inflation “core” (hors énergie et alimentation) à 2,9 % sur un an. Si ces chiffres ne provoquent pas de panique, ils interrogent sur les effets à venir des hausses de droits de douane. Car si les produits importés deviennent plus chers, l’inflation pourrait repartir à la hausse dans les mois qui viennent — un scénario redouté par la Réserve fédérale. Pour l’instant, les marchés estiment à environ 50 % la probabilité d’une baisse des taux d’ici septembre, en recul par rapport aux semaines précédentes.

Ce qui ressort en filigrane, c’est la résilience de l’économie américaine. Les ventes au détail de juin ont progressé plus que prévu, les inscriptions au chômage sont en baisse, et l’indice manufacturier de la région de Philadelphie est reparti à la hausse. Dans ce contexte, la Fed devrait continuer à temporiser. Mais cette posture attentiste pourrait ne pas durer si les droits de douane commencent à impacter plus fortement les prix. Pour l’instant, les investisseurs s’en tiennent à une lecture optimiste : les fondamentaux sont bons, la conjoncture est robuste, et les marchés peuvent rester portés par des résultats d’entreprises globalement rassurants.

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📰 Le dossier de la semaine : La hausse des marchés financiers continue malgré les incertitudes sur les tarifs douaniers

 

Une dynamique boursière soutenue par les fondamentaux économiques

 

Les marchés actions poursuivent leur progression, soutenus par des données macroéconomiques solides. Le S&P 500 reste proche de ses records, porté par des publications de résultats au-dessus des attentes et une inflation maîtrisée malgré le retour des tensions commerciales.

La semaine dernière, l’indice des prix à la consommation aux États-Unis a légèrement surpris à la hausse avec une progression annuelle de +2,7 %. Certains postes comme l’habillement, l’électroménager ou l’ameublement ont connu des hausses de prix, tandis que les véhicules neufs et d’occasion ont vu leurs prix reculer. Cette inflation, bien que légèrement supérieure aux prévisions, reste contenue et compatible avec une politique monétaire moins restrictive à moyen terme.

 

Du côté des entreprises, la saison des résultats du deuxième trimestre a bien démarré. Environ 12 % des sociétés du S&P 500 ont publié leurs chiffres, et parmi elles, 86 % ont dépassé les attentes — bien au-delà de la moyenne historique de 75 %. Les grandes banques américaines, notamment J.P. Morgan et Goldman Sachs, ont ouvert le bal avec des performances supérieures grâce à des revenus de trading et des activités de marchés dynamiques.

Les perspectives de croissance des bénéfices restent également solides pour 2025 et 2026, portées par la réintroduction de la déduction fiscale à 100 % pour certains investissements et par la dynamique de l’intelligence artificielle. Après avoir été révisée à la baisse en début d’année, la croissance bénéficiaire devrait ainsi repartir de l’avant.

 

Tarifs douaniers : une menace toujours présente, mais absorbée à ce stade

 

La montée en puissance des tarifs douaniers reste un facteur de tension pour les investisseurs. Le 1er août marque une échéance clé, avec l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane sur une vingtaine de pays. Les taux appliqués varient fortement (entre 20 % et 50 %) selon les secteurs et les partenaires commerciaux.

 

Malgré cette escalade, les conséquences économiques restent pour l’instant limitées. Trois raisons principales expliquent cette relative résistance :

  • Lissage dans la chaîne de valeur : les hausses de coûts sont partagées entre producteurs, importateurs et distributeurs, ce qui en amortit l’impact final.

  • Constitution de stocks : de nombreuses entreprises ont anticipé en stockant des marchandises avant l’entrée en vigueur des tarifs, permettant de maintenir les prix de vente sur une période temporaire.

  • Baisse des prix de l’énergie : le recul du prix du pétrole brut autour de 60 à 70 dollars le baril contribue à alléger les coûts logistiques.

 

Par ailleurs, l’administration américaine semble faire preuve de souplesse. Plusieurs accords ont été signés récemment, avec notamment le Royaume-Uni, le Vietnam et l’Indonésie, permettant d’alléger les tarifs ou de garantir des voies alternatives d’approvisionnement. La réouverture partielle des exportations de puces IA vers la Chine va dans le même sens.

 

Ce qu’il faut suivre au second semestre 2025

 

Le contexte reste incertain pour les mois à venir. Les marchés entrent dans une phase plus volatile, traditionnellement marquée par les secousses d’août et septembre. La question centrale : jusqu’où iront les tarifs ? Et surtout, les entreprises et consommateurs pourront-ils continuer à absorber ces hausses ?

À ce stade, l’hypothèse d’un scénario noir (inflation galopante, absence d’accords commerciaux, croissance à l’arrêt) semble écartée. Mais la prudence reste de mise. Si les hausses tarifaires venaient à s’intensifier, il est probable que les entreprises répercutent davantage leurs coûts, avec à la clé un risque de ralentissement de la consommation.

 

Les investisseurs devront également surveiller les décisions de la Réserve fédérale. La perspective de baisses de taux à partir de l’automne reste crédible, surtout si les tensions sur les prix restent modérées. À moyen terme, un retour vers des taux directeurs entre 3 % et 3,5 % est envisagé, dans un contexte de désinflation progressive.

 

Malgré des vents contraires, les marchés montrent une étonnante résilience. La solidité des données économiques, la souplesse monétaire à venir et les premiers signaux positifs sur les négociations commerciales créent un environnement porteur pour la fin d’année. La volatilité pourrait offrir des opportunités d’entrée pour les investisseurs positionnés sur les valeurs américaines, notamment dans les secteurs cycliques, la santé et la consommation discrétionnaire.

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🏠 Fiscalité : Budget 2026, ce que prévoit le plan Bayrou pour les particuliers

Le Premier ministre François Bayrou a dévoilé un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros pour 2026, destiné à redresser les finances publiques. Parmi les annonces, plusieurs mesures concernent directement les ménages français. Impôts, retraites, prestations sociales : voici ce qui pourrait changer l’an prochain.

 

1) Une année blanche fiscale et sociale en 2026

Le gouvernement prévoit de geler un ensemble de paramètres clés en 2026. Les prestations sociales (allocations logement, allocations familiales, minima sociaux), les pensions de retraite de base, les salaires des fonctionnaires, mais aussi les barèmes de l’impôt sur le revenu et de la CSG resteraient à leur niveau de 2025.

Le gel s’appliquerait uniformément, quel que soit le profil du contribuable. En pratique, cela signifie que si un contribuable voit son revenu augmenter en 2026, il pourrait être imposé davantage, car les seuils d’imposition ne seraient pas révisés. À l’inverse, un revenu stable entraînerait un impôt inchangé. L’exécutif justifie cette mesure par une inflation modérée prévue autour de 1 %, ce qui en limiterait l’impact ressenti.

 

2) Une contribution exceptionnelle ciblant les plus fortunés

Le plan comprend également la création d’une contribution de solidarité à destination des contribuables les plus aisés. Deux options sont envisagées : reconduire la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), mise en place pour 2025, ou créer un prélèvement spécifique sur le patrimoine jugé "non productif".

À ce stade, les contours restent flous. Le gouvernement évoque notamment la nécessité de mieux encadrer l’optimisation patrimoniale via les holdings. Des précisions sont attendues, notamment sur la définition d’un patrimoine "non productif", un concept encore inexistant en droit fiscal.

Cette annonce soulève aussi des questions de constitutionnalité : peut-on imposer un contribuable sur des actifs qu’il ne détient pas directement ? Les débats parlementaires devraient permettre de clarifier les modalités techniques et juridiques de cette contribution.

 

3) Rationalisation annoncée des niches fiscales

Autre volet du plan : la réduction de certaines niches fiscales et sociales. Le gouvernement affirme vouloir cibler les dispositifs inefficaces, obsolètes ou arrivés à échéance. Aucune remise en cause n’est prévue pour le crédit d’impôt recherche ni pour les aides à domicile, notamment la garde d’enfants.

Les options à l’étude comprennent une réduction de 10 % des plafonds de certains dispositifs, ou encore un ajustement des taux d’avantage fiscal. À ce stade, le gouvernement semble privilégier un "toilettage" ciblé plutôt qu’un grand coup de rabot généralisé.

 

4) Une fiscalité en hausse pour certains retraités

Deux mesures pourraient modifier le cadre fiscal des retraités à partir de 2026.

Premièrement, l’abattement forfaitaire de 10 % pour frais professionnels, actuellement appliqué sur les pensions, serait remplacé par un montant fixe de 2.000 euros par an. Pour les pensions inférieures ou égales à 20.000 euros, l’impact serait neutre. En revanche, pour les retraites plus élevées, le revenu fiscal de référence augmenterait mécaniquement, entraînant une hausse d’imposition.

Deuxièmement, les pensions de base ne seraient pas revalorisées l’an prochain, ce qui entraînerait une perte de pouvoir d’achat en cas d’inflation, même modérée. Par ailleurs, ce gel pourrait affecter indirectement les futurs retraités, car certains paramètres de calcul comme le Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS) resteraient également figés.

 

Le plan Bayrou, encore en phase de discussion, marque une volonté claire de rétablir les comptes publics via des efforts répartis entre l’ensemble des contribuables. Si l’ampleur exacte des mesures sera déterminée au fil des débats parlementaires, certains principes se dessinent déjà : gel des indexations, recentrage des niches, et appel à contribution renforcé pour les foyers les plus aisés.

L’équilibre entre efficacité budgétaire et équité sociale fera sans doute l’objet de discussions nourries à l’automne. En attendant, les particuliers concernés peuvent d’ores et déjà anticiper des changements significatifs pour l’année 2026.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Orange, Bouygues et Free envisagent le démantèlement de SFR, selon le FT.

 

  • Eurazeo engage des négociations exclusives avec Ferrero en vue de la cession de sa participation dans le groupe CPK (Carambar Poulain Krema).

 

  • Apple a proposé au moins 150 millions de dollars par an pour les droits de diffusion en streaming de la Formule 1, selon Business Insider.

 

  • Carrefour supprime 25% de ses effectifs administratifs en Italie et songerait à céder ses actifs argentins, selon la presse locale.

 

  • Meta investit des centaines de milliards de dollars dans des infrastructures IA.

 

  • Nvidia obtient le feu vert de Washington pour reprendre les ventes de sa puce H20 pour la Chine.

 

  • Renault revoit en baisse ses objectifs annuels et nomme un Directeur Général par intérim.

 

  • Rolls-Royce investit 75 millions de dollars pour renforcer la production de moteurs dans son usine américaine.

 

  • ASML réalise un CA de 7,69 milliards et dépasse les attentes avec ses commandes du deuxième trimestre mais reste prudent pour 2026.

 

  • L'Indonésie va acheter 50 avions Boeing dans le cadre d'un accord commercial, selon Trump.

 

  • Google (Alphabet) conclut un accord de 3 milliards de dollars sur l'hydroélectricité aux États-Unis.

 

  • Blackstone va investir plus de 25 milliards de dollars dans les infrastructures numériques et énergétiques de Pennsylvanie.

 

  • Publicis Groupe relève sa prévision de croissance pour 2025 après un T2 meilleur que prévu.

 

  • Alstom finalise le premier chaudron du métro ligne 7 de Santiago.

 

  • Les ventes de Swatch Group baissent au premier semestre, pénalisées par la faible demande en Chine.

 

  • Ford rappelle plus de 694000 SUV aux États-Unis après une enquête d’un an sur des fuites de carburant.

 

  • Kering et Mayhoola du Qatar envisagent la vente de Valentino, selon un quotidien italien.

 

  • L'Union européenne met Madrid en demeure pour entrave à l'OPA de BBVA sur Banco de Sabadell.

 

  • Le profit trimestriel de Netflix bondit de 45% à plus de 3 milliards de dollars.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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