L'Hebdo #142 : Les actions restent proches de leurs sommets malgré le retour des tensions douanières et pourquoi votre portefeuille d’actions américaines baisse malgré la hausse des indices ?
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Commerce mondial : Trump relance une guerre des droits de douane
La semaine a été rythmée par une escalade des tensions commerciales initiée par Donald Trump. Le président américain a multiplié les annonces de surtaxes douanières, visant quatorze pays jugés trop lents à négocier avec les États-Unis. Ces surtaxes vont de 25 % à 50 %, selon le degré de "coopération" des partenaires commerciaux. Le Brésil, la Thaïlande, la Moldavie, mais aussi le Canada, ont été cités nommément, avec des taux précis, souvent sans justification économique claire.
L’Union européenne, pour sa part, semble momentanément épargnée. Un accord serait en cours de finalisation avec Bruxelles, proche de celui signé avec le Royaume-Uni, autour d’une surtaxe moyenne de 10 %. Trump ménage donc ses alliés les plus stratégiques, tout en laissant planer la menace d’une surtaxe globale entre 15 et 20 % sur toutes les importations en provenance de pays non-alignés.
Pour les marchés, cette offensive douanière ressemble de plus en plus à une tactique de négociation, avec des ultimatums qui s'étendent et des sanctions appliquées de manière très ciblée. L’effet direct sur l’économie réelle reste encore à mesurer, mais certains analystes, comme Jamie Dimon (JPMorgan), commencent à s’inquiéter du manque de réaction des marchés face à une stratégie commerciale de plus en plus agressive.
2. Les indices poursuivent leur ascension, comme si de rien n’était
Malgré ce climat de tensions, les marchés actions continuent d’avancer, avec une certaine indifférence apparente à la géopolitique. Le CAC 40 a gagné +1,73 % sur la semaine, porté notamment par les performances d’ArcelorMittal (+7,95 %), Pernod Ricard (+5,55 %) et Airbus (+4,47 %). Côté américain, même si le S&P 500 termine en léger repli hebdomadaire (-0,31 %), il a enregistré plusieurs records en séance, notamment sous l’impulsion de valeurs technologiques comme Nvidia, qui a brièvement atteint les 4 000 milliards de dollars de capitalisation, et de la flambée du bitcoin, passé au-dessus des 118 000 dollars.
Cette progression des indices s’explique en partie par un regain d’optimisme autour de la saison des résultats trimestriels. Delta Air Lines, par exemple, a surpris positivement en rassurant sur la demande en classe premium, ce qui a tiré tout le secteur aérien vers le haut (Air France-KLM +10,31 %, notamment). Les investisseurs espèrent que de nombreuses entreprises dépasseront un consensus jugé volontairement prudent par les analystes.
À cela s’ajoute une lecture plus souple des perspectives monétaires : les dernières déclarations de plusieurs membres de la Réserve fédérale laissent entendre que des baisses de taux restent envisageables d’ici la fin de l’année, notamment si les surtaxes douanières venaient à freiner la consommation. Ce soutien implicite de la Fed continue de rassurer les marchés.
3. Cuivre, pétrole, or : les matières premières sous tension
Les annonces de Trump ont également eu un impact immédiat sur les marchés des matières premières, en particulier sur le cuivre. L’annonce d’une taxe de 50 % sur le cuivre importé aux États-Unis a provoqué une flambée des contrats à terme américains (+17 %), signe d’une vive réaction des opérateurs face à un risque de désorganisation des chaînes d’approvisionnement. À Londres, le cours du cuivre s’est au contraire replié, montrant une divergence entre les marchés selon leur exposition directe au commerce US.
Côté pétrole, les cours restent volatils. L’OPEP+ a confirmé une nouvelle hausse de production en septembre, ce qui pourrait entraîner un excédent au quatrième trimestre. Par ailleurs, les perspectives de croissance mondiale revues à la baisse par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Agence d’information sur l’énergie (EIA) pèsent sur la demande anticipée. Le Brent évolue autour de 68 USD et le WTI sous les 67 USD, des niveaux jugés fragiles.
L’or, enfin, bénéficie de son rôle de valeur refuge. Il reste solidement ancré au-dessus des 3 300 dollars l’once, porté par l’incertitude commerciale persistante. La combinaison d’une inflation toujours présente, d’une croissance mondiale sous pression, et de tensions géopolitiques en toile de fond, renforce l’attrait pour le métal jaune.
📰 Le dossier de la semaine : Les actions restent proches de leurs sommets malgré le retour des tensions douanières
Alors que les marchés ont terminé le mois de juin sur une note positive, les investisseurs doivent désormais composer avec le retour des droits de douane à l’agenda politique américain. Malgré ce bruit de fond, les actions ont résisté et continuent d’évoluer à des niveaux proches de leurs records historiques.
Une résilience boursière tirée par l’énergie et l’industrie
Cette semaine, les indices actions ont été soutenus par les bons résultats des secteurs de l’énergie et de l’industrie, qui ont permis de compenser les inquiétudes liées à la politique commerciale des États-Unis. La dynamique reste donc positive à court terme, malgré un climat marqué par une montée de l’aversion au risque.
Dans ce contexte, les investisseurs continuent de privilégier les actions américaines, qui affichent une progression solide depuis le début de l’année, malgré des performances en demi-teinte au premier semestre comparé à d’autres zones géographiques.
Nouvelles taxes à l’importation : un bras de fer commercial qui s’intensifie
Le 9 juillet marque la fin de la pause de 90 jours sur les hausses de droits de douane. Dans la foulée, l’administration américaine a annoncé de nouvelles hausses tarifaires ciblant plus de 20 pays. Les taux varient de 20 % à 50 %, avec une application prévue dès le 1er août, sauf en cas d’accords commerciaux bilatéraux conclus d’ici là.
Certaines baisses par rapport aux taux annoncés en avril (comme pour le Vietnam ou le Royaume-Uni) laissent penser que des marges de négociation existent. Néanmoins, cette stratégie commerciale agressive continue de créer de l’incertitude sur les marchés mondiaux.
Réformes fiscales massives aux États-Unis
Le 4 juillet, le président américain a promulgué le One Big Beautiful Bill Act, un texte de loi majeur prolongeant certaines mesures de la réforme fiscale de 2017 (Tax Cuts and Jobs Act) tout en introduisant de nouvelles baisses d’impôt. Ce texte comprend notamment :
Des déductions fiscales pour les pourboires, heures supplémentaires et cotisations sociales,
Une revalorisation du plafond de déduction des taxes locales et foncières (SALT) jusqu’à 40.000 $,
Des coupes budgétaires ciblées sur les aides sociales et les crédits d’impôt pour les énergies renouvelables.
L’impact budgétaire est considérable : le déficit public américain devrait augmenter de 3.300 milliards de dollars sur dix ans. Les effets économiques pourraient cependant être limités, car une grande partie des réductions d’impôt bénéficient aux ménages à hauts revenus, qui ont tendance à moins consommer les sommes économisées.
Opportunités de portefeuille dans un contexte tendu
Dans ce contexte d’incertitude, les stratégies de portefeuille doivent combiner résilience et opportunisme. Notre recommandation centrale reste la surpondération des actions américaines, grâce à leur exposition à des secteurs cycliques de qualité, au potentiel de croissance lié à l’IA, et à un environnement politique plus accommodant.
À l’inverse, nous suggérons de sous-pondérer les obligations internationales à haut rendement, dont les spreads sont historiquement serrés, les rendant plus sensibles à un regain de volatilité. Les obligations de qualité en zone euro sont également à surveiller, dans un contexte de normalisation monétaire progressive.
Une approche sectorielle équilibrée
Nous maintenons une exposition équilibrée entre les secteurs défensifs, cycliques et de croissance, en privilégiant :
La santé, pour ses valorisations attractives et son potentiel de croissance bénéficiaire.
La finance, qui devrait profiter de la dérégulation et de réformes fiscales.
La consommation discrétionnaire, désormais surpondérée, en raison d’un environnement tarifaire plus stable et d’un potentiel de revalorisation.
En revanche, nous restons prudents sur les secteurs des biens de consommation de base et des matériaux, plus exposés aux effets inflationnistes et aux ajustements réglementaires.
Pour conclure, il faut rester aligné sur ses objectifs à long terme. La volatilité risque de persister cet été, entre tensions commerciales, publications économiques et incertitudes politiques. Mais l’environnement fondamental reste sain. Dans ce contexte, les replis boursiers ponctuels doivent être vus comme des points d’entrée attractifs, à condition de garder une approche disciplinée, alignée sur ses objectifs de long terme.
Un portefeuille bien diversifié, structuré autour d’allocations cibles claires, permettra de rester concentré sur l’essentiel, tout en saisissant les opportunités que la seconde moitié de l’année peut offrir.
🏦 Investissement : Pourquoi votre portefeuille d’actions américaines peut afficher des pertes malgré la hausse des indices ?
Les marchés boursiers américains battent record sur record en 2025, portés par les performances du S&P 500, du Nasdaq ou encore des géants technologiques. Pourtant, de nombreux investisseurs européens découvrent avec surprise que leur portefeuille libellé en euros affiche… des pertes. Ce paradoxe s’explique principalement par un élément souvent négligé : le risque de change. Voici pourquoi la baisse du dollar pèse lourdement sur la performance réelle de vos placements US.
Un dollar en chute libre : le facteur invisible qui rogne vos gains
En apparence, tout va bien. Le Nasdaq progresse de 8 %, le S&P 500 gagne 6 % et les stars comme Microsoft ou Nvidia poursuivent leur ascension. Mais ces performances sont exprimées en dollars. Et cette année, la devise américaine s’est dépréciée d’environ 14 % face à l’euro. Résultat : convertis en euros, ces gains fondent, voire s’inversent.
Prenons un exemple concret : si vous détenez un ETF répliquant le S&P 500 non couvert contre le risque de change (ce qui est le cas de la majorité des produits disponibles en France), votre performance affichée peut être de -8 %, malgré la hausse de l’indice. Même les actions vedettes comme Microsoft (+17,3 % en USD depuis janvier) ne génèrent qu’un maigre +3 % en euro.
Le risque de change, un oubli coûteux
Lorsque vous investissez dans des actions américaines ou dans un fonds exposé au marché US, vous achetez indirectement du dollar. Tant que cette devise reste stable ou s’apprécie, l’effet est neutre ou positif. Mais lorsqu’elle recule fortement, comme en 2025, elle efface tout ou partie des gains boursiers.
Contrairement aux obligations, où les fonds sont plus souvent « couverts » contre le risque de change, les produits actions sont rarement protégés. Et cette couverture, quand elle existe, a un coût qui peut peser sur la performance. Un ETF S&P 500 « hedgé » a ainsi affiché +5 % cette année, contre -8 % pour son équivalent non couvert. La différence est significative, mais peu d’investisseurs particuliers y prêtent attention.
Une tendance structurelle défavorable à l’investisseur européen ?
La chute du dollar ne semble pas conjoncturelle. De nombreux analystes estiment qu’elle pourrait se prolonger dans les mois à venir. Pourquoi ?
Le ralentissement de l’économie américaine
Les baisses de taux anticipées de la Fed
Le creusement du déficit public
Et la volonté croissante des banques centrales de diversifier leurs réserves hors dollar
Tous ces éléments fragilisent le billet vert. Selon certaines sources, il s’agirait déjà de l’un des pires démarrages d’année pour la devise américaine depuis plusieurs décennies.
Les conséquences pour un investisseur européen sont directes :
Un portefeuille global investi à 60 % en actions et 40 % en obligations américaines a pu perdre jusqu’à -10 % en euros (source : JP Morgan Private Bank)
Le MSCI World, pourtant en hausse de +6,7 % en dollars, affiche une perte de -5,3 % une fois traduit en euro
Conclusion : faut-il se détourner des actions américaines ?
Pas nécessairement. Mais il devient crucial d’intégrer la dimension devise dans toute stratégie d’investissement à l’international.
- Vérifiez si vos supports (ETF, fonds) sont couverts contre le risque de change
- Diversifiez les zones géographiques et les devises
Le risque de change n’est pas un détail : il peut à lui seul faire passer un portefeuille gagnant en territoire négatif. Dans un monde où les devises fluctuent autant que les indices, l’investisseur avisé n’ignore plus cette dimension.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Carrefour va céder neuf magasins en France pour environ 70 MEUR.
Crédit Agricole a finalisé l'acquisition de la participation de 30,5% de Santander dans Caceis, pour monter à 100%.
The Blockchain Group boucle une nouvelle levée de fonds et continue à acheter du bitcoin.
Alstom va fournir 316 voitures de trains à New York
Hermès va augmenter sa capacité de production grâce à l'agrandissement de son site horloger suisse.
Peugeot Invest cède le solde de ses titres Spie (le placement a eu lieu à 45,40 EUR l'action).
Meta prend une participation de 3% dans EssilorLuxottica, selon plusieurs sources.
Renault aurait réduit la liste des candidats pour le remplacement de Luca de Meo comme directeur général à Denis le Vot, François Provost et Maxime Picat, selon le FT.
Nissan va reporter la production de deux véhicules électriques aux Etats-Unis pour une durée pouvant aller jusqu'à un an, rapporte Nikkei.
Airbus sélectionné en tant que maître d'œuvre pour deux satellites espagnols et remporte un contrat de cyberdéfense important auprès de la DGA.
Porsche AG prévoit une perte de 351 millions de dollars en raison des droits de douane pour avril et mai.
Microsoft réalise plus de 500 millions de dollars d'économies grâce à l'IA tout en supprimant des emplois, selon Bloomberg.
Tesla va étendre son service de robotaxis à la région de la baie de San Francisco d'ici deux mois.
TSMC affiche un chiffre d'affaires de 933,8 milliards de dollars taïwanais au deuxième trimestre, dépassant les prévisions.
Leonardo et son partenaire Rheinmetall ont fait l'offre la plus basse pour la branche défense d'Iveco, soit 1,6 milliard d'euros selon Bloomberg.
Le chiffre d'affaires de Brunello Cucinelli au premier semestre augmente de 10,2% à 684 millions d'euros.
Nestlé Waters a été perquisitionnée en France.
Apple prévoit de lancer un nouveau MacBook Pro, un iPhone 17E et de nouveaux iPad d'ici début 2026, croit savoir Bloomberg.
Tesla ouvrira son premier magasin en Inde le 15 juillet à Mumbai.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse