L'Hebdo #141: Les trois tendances clés sur les marchés financiers pour le second semestre 2025 et focus sur la proposition de loi pour un nouveau PEA

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Washington au centre du jeu

La politique américaine a été omniprésente cette semaine. D’un côté, Donald Trump a réussi à faire voter son vaste projet fiscal et budgétaire au Congrès, en respectant son calendrier symbolique : la signature du texte aura lieu le 4 juillet, jour de la fête nationale. Ce vote marque une victoire politique forte pour le président américain, malgré les divisions internes au sein de son propre camp. Mais il ne dissipe pas les inquiétudes sur la trajectoire budgétaire du pays : la dette publique continue de s’alourdir et les marchés obligataires, jusqu’ici calmes, pourraient finir par réagir.

Parallèlement, une autre date domine l’agenda : le 9 juillet, date limite fixée par la Maison Blanche pour finaliser des accords commerciaux bilatéraux. Faute de compromis, des droits de douane unilatéraux pourraient être déclenchés. L’Union européenne, le Japon, le Canada ou encore la Corée du Sud sont toujours dans l’incertitude, ce qui crée de la nervosité sur les marchés, notamment en Europe. Même les accords déjà signés, comme celui conclu avec le Vietnam, laissent planer de nombreuses questions sur leur efficacité réelle et sur les tensions à venir.

 

2. Des marchés actions toujours portés par la dynamique américaine

Les actions américaines restent les grandes gagnantes du moment. Le S&P 500 a atteint un nouveau record cette semaine, clôturant à 6279 points, en hausse de 1,72 % sur la semaine. Depuis début 2025, il gagne désormais +6,8 %, un retour en force après un début d’année difficile. Cette hausse repose sur plusieurs facteurs : la résilience de l’économie américaine, la capacité des grandes entreprises à absorber les chocs, et surtout un optimisme presque systématique des investisseurs, quelles que soient les nouvelles macroéconomiques.

En Europe, le ton est plus mesuré. Le CAC 40 gagne à peine +0,06 % sur la semaine, tiré surtout par le rebond de secteurs malmenés comme le luxe (LVMH : +6,24 %, Kering : +7,57 %) et les semi-conducteurs (STMicroelectronics : +5,63 %). Mais les incertitudes douanières et les craintes sur la croissance pèsent. En Allemagne, par exemple, la correction des valeurs de la défense a freiné le DAX. L’Europe, qui avait pris de l’avance en début d’année, voit Wall Street combler rapidement l’écart.

Mention spéciale au marché émergent, souvent passé sous les radars : l’indice MSCI EM affiche +13,7 % depuis le 1er janvier, porté notamment par l’Inde et certains pays d’Asie. Ce rebond reflète un retour des flux vers les actifs plus risqués, au moment où les tensions sur les grandes devises s’intensifient.

 

3. Actifs alternatifs : regain d’intérêt sur fond d'incertitude

En parallèle des actions, plusieurs classes d’actifs dites « alternatives » ont connu une semaine animée. L’or gagne +2,24 %, porté par l’achat massif des banques centrales (20 tonnes en mai selon les dernières données), mais aussi par la recherche de protection à l’approche du 9 juillet. L’or reste l’actif le plus performant de l’année 2025, avec une progression de +25 % depuis janvier, devant même le bitcoin.

Le pétrole connaît un léger rebond (+3,22 % pour le Brent), mais reste en baisse sur un mois. Les marchés attendent les annonces de l’OPEP+, qui pourrait décider d’augmenter à nouveau l’offre en août. L’organisation a déjà rajouté 1,8 million de barils par jour depuis avril. Les discussions en cours entre les États-Unis et l’Iran sur le nucléaire ajoutent aussi de l’incertitude sur les prix.

Du côté des cryptos, le bitcoin est revenu brièvement au-dessus des 110 000 dollars, soutenu par l’engouement institutionnel autour des ETF Spot. Ces véhicules pèsent désormais 137 milliards de dollars, soit 6,3 % de tous les bitcoins en circulation. Robinhood a aussi frappé fort cette semaine en annonçant la tokenisation de plus de 200 titres cotés américains pour ses clients européens. Cette annonce, faite lors de l’EthCC 2025, a propulsé le cours de l’action Robinhood de +13,69 %. C’est un signal clair : la convergence entre finance traditionnelle et Web3 s’accélère.

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📰 Le dossier de la semaine : Marchés financiers, trois tendances clés pour le second semestre 2025

Malgré un premier semestre marqué par une forte volatilité, les principaux indices boursiers comme le S&P 500 et le TSX ont terminé la période sur de nouveaux sommets historiques. Cette progression, soutenue par des données économiques solides et l’espoir d’un assouplissement monétaire, pourrait se poursuivre dans les mois à venir. Mais à l’approche de nouvelles échéances politiques et fiscales, les investisseurs doivent rester sélectifs et attentifs. Trois grandes thématiques devraient façonner l’évolution des marchés au second semestre 2025.

 

1. Croissance plus lente, mais trajectoire intacte

Après un début d’année perturbé par l’annonce de hausses tarifaires massives aux États-Unis, la détente partielle des tensions commerciales a permis un rebond spectaculaire des marchés. Le taux de droits de douane américain, qui menaçait de dépasser les 25 %, s’est finalement stabilisé autour de 15 %. Cela a permis de rassurer les investisseurs, d’autant que les discussions commerciales avec le Canada et d’autres partenaires stratégiques progressent.

Sur le plan économique, les États-Unis continuent de faire preuve de résilience. Le marché de l’emploi reste dynamique, avec des créations de postes supérieures aux attentes et un taux de chômage en recul. L’adoption possible d’un projet de loi fiscale visant à prolonger les baisses d’impôts de 2017 et à offrir de nouveaux allègements pourrait également soutenir la consommation dans les mois à venir.

 

👉 Positionnement portefeuille : dans cet environnement de croissance modérée, les actions américaines offrent encore des perspectives intéressantes. Une exposition équilibrée entre secteurs défensifs, cycliques et technologiques semble pertinente.

 

2. Les actions américaines reprennent l’avantage

Alors que les actions européennes ont surperformé au premier semestre grâce à une politique budgétaire plus souple et à des baisses de taux plus rapides, les États-Unis pourraient reprendre le leadership sur la deuxième partie de l’année. En effet, les bénéfices des entreprises américaines sont attendus en nette progression, portés notamment par les géants de la tech et les investissements massifs dans l’intelligence artificielle.

Le recul du dollar américain au premier semestre, qui a pénalisé la performance en devise locale pour les investisseurs canadiens, pourrait s’atténuer dans les mois à venir. La vigueur des taux d’intérêt aux États-Unis et la faiblesse des cours du pétrole (défavorables au dollar canadien) pourraient soutenir la devise américaine à court terme.

 

👉 Positionnement portefeuille : un recentrage sur les actions américaines – en particulier dans les secteurs technologiques, financiers et de la santé – semble judicieux. L’exposition aux marchés développés hors États-Unis peut être conservée, mais avec un léger sous-pondération.

 

3. Des taux qui plafonnent, mais restent favorables aux obligations longues

Les marchés obligataires devraient rester encadrés par deux forces opposées : la baisse attendue des taux directeurs et l’aggravation des déficits publics, notamment aux États-Unis. La Fed pourrait procéder à deux baisses de taux d’ici fin 2025, la Banque du Canada en prévoit une supplémentaire.

Dans ce contexte, les rendements des obligations d’État à 10 ans devraient évoluer dans une fourchette étroite, entre 4 % et 4,5 % aux États-Unis. Toutefois, le niveau d’endettement croissant des États-Unis pourrait, à terme, entraîner des pressions à la hausse sur les taux longs.

 

👉 Positionnement portefeuille : les obligations d’entreprises de bonne qualité, à échéance intermédiaire ou longue, peuvent être privilégiées. Elles permettent de sécuriser des rendements attractifs tout en bénéficiant d’un potentiel de revalorisation si les taux baissent.


Le second semestre 2025 s’annonce incertain, mais porteur d’opportunités. Entre modération de la croissance, assouplissement monétaire et résilience des marchés actions, les investisseurs ont des cartes à jouer. L’enjeu sera de rester agile, bien diversifié et prêt à ajuster ses positions en fonction de l’évolution des politiques économiques et des indicateurs macro. En résumé : vigilance et sélectivité restent les meilleurs alliés pour traverser la suite de l’année avec confiance

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🏦 Investissement : Vers une refonte du PEA ?

Alors que l’économie française cherche à relancer l’investissement productif, le Plan d’Épargne en Actions (PEA), créé il y a plus de trente ans pour favoriser le financement des entreprises européennes, pourrait bientôt connaître une refonte majeure. Une proposition de loi déposée par l’Union des Droites pour la République (UDR) veut transformer en profondeur ce dispositif fiscal longtemps resté en marge des grandes stratégies patrimoniales des Français.

 

Un outil sous-utilisé face à l’assurance-vie

Le constat est sans appel : seuls 5,3 millions de PEA sont ouverts à ce jour, pour une moyenne d’un peu moins de 22.000 euros par contrat. En comparaison, l’assurance-vie cumule 56 millions de contrats et mobilise près de 2.000 milliards d’euros d’encours.

Pourquoi une telle différence ? D’abord, à cause de contraintes structurelles : un plafond de versement limité à 150.000 euros, l’interdiction de détenir plusieurs PEA, et surtout, un régime successoral peu avantageux. À la différence de l’assurance-vie qui bénéficie d’un abattement de 152.500 euros par bénéficiaire avant 70 ans, le PEA est clôturé au décès de son titulaire. Les liquidités sont versées sur un compte courant et les titres sont transférés sur un compte-titres classique, sans avantage fiscal spécifique pour les héritiers.

Conséquence directe : de nombreux épargnants préfèrent orienter leur argent vers des contrats d’assurance-vie en euros, réputés plus souples, même si ces derniers participent peu au financement direct de l’économie réelle.

 

Une réforme ambitieuse pour relancer le financement des PME françaises

La proposition de loi portée par Éric Ciotti (UDR) souhaite redonner de l’élan au PEA, en l’adaptant aux enjeux économiques et patrimoniaux actuels. Parmi les mesures phares proposées :

  • Suppression du plafond de versement, afin de permettre aux épargnants d’investir sans limite dans des actions européennes via un cadre fiscal attractif.

  • Alignement du régime fiscal du PEA sur celui de l’assurance-vie, notamment sur le plan successoral avec l’introduction d’un abattement transmissible.

  • Fusion des différents types de PEA (classique, PME-ETI, jeunes) en une seule enveloppe plus lisible et accessible à tous.

  • Valorisation du PEA comme outil de préparation à la retraite, en référence au modèle norvégien de fonds de pension publics investis massivement en actions.

Le texte met aussi en avant une critique explicite du rôle marginal du PEA dans le financement des entreprises innovantes, de taille intermédiaire ou en croissance. À l’inverse, il considère que les fonds en euros de l’assurance-vie orientent trop l’épargne vers des placements prudents, souvent peu utiles à l’économie réelle.

 

Un nouveau paysage de l’épargne en débat dès la rentrée ?

Si cette réforme est adoptée, elle changerait radicalement l’architecture de l’épargne réglementée en France. En supprimant les plafonds, en facilitant la transmission et en harmonisant les règles fiscales, le PEA pourrait devenir un vrai concurrent à l’assurance-vie et au PER dans la construction d’un patrimoine à long terme.

Mais cette ambition ne se fera pas sans résistance. Les acteurs de l’assurance et les gestionnaires de contrats risquent de voir d’un mauvais œil cette refonte qui remet en question un équilibre lucratif établi depuis des décennies. 

Autre élément à suivre : l’article 13 de la loi du 13 juin 2024 prévoit déjà une avancée notable, en permettant de fractionner les investissements en actions au sein du PEA. La proposition de l’UDR s’inscrirait donc dans une logique de continuité, mais avec une portée bien plus large.

Avant toute adoption, le texte devra passer par la commission des finances de l’Assemblée, probablement à la rentrée. Affaire à suivre donc ! 

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Le fonds spéculatif Parvus détient 5% des parts du groupe de luxe Kering.

 

  • Vallourec reçoit une commande de tubes OCTG de la compagnie pétrolière d'Abou Dhabi.

 

  • UBS lance un plan de rachat d'actions pour 2 milliards de dollars.

 

  • TomTom va supprimer 300 emplois.

 

  • OpenAI se tourne vers les puces IA de Google pour alimenter ses produits aux dépens de Nvidia, selon plusieurs sources.

 

  • Trump a déclaré à Fox News qu'il dispose d'un groupe de personnes fortunées pour racheter TikTok.

 

  • Axa boucle la cession de ses activités de gestion d'actifs à BNP Paribas.

 

  • L'Oréal rachète la marque de soins capillaires Color Wow.

 

  • Air Liquide va investir jusqu'à 170 millions d'euros en Louisiane.

 

  • Mercedes-Benz guide sur des ventes du deuxième trimestre conformes à celles du premier trimestre 2025 (baisse de 8 à 10% sur un an).

 

  • Les livraisons de véhicules électriques de Xiaomi sur le marché chinois ont dépassé les 25 000 unités en juin.

 

  • Airbus a livré environ 60 avions en juin. Par ailleurs, la DGSE est en passe d'acquérir l'A400M pour ses opérations clandestines, selon Intelligence Online.

 

  • Engie inaugure le plus grand parc éolien d'Afrique.

 

  • Euronext négocie le rachat de la bourse d'Athènes, Hellenic Exchanges, pour 399 M€ (6,90 EUR l'action).

 

  • Les banques américaines relèvent dividendes et rachats d'actions après avoir passé les tests de résistance fédéraux.

 

  • Lululemon poursuit Costco en justice, alléguant que cette dernière vend des produits qui imitent l'apparence et le toucher des articles Lululemon.

 

  • Figma, concurrent d'Adobe, dépose son dossier d'IPO.

 

  • Stellantis rappelle 930 000 voitures équipées de moteurs 1.5 BlueHDi.

 

  • Alstom reçoit une commande de 2 milliards d'euros pour les transports publics de New York.

 

  • Boeing décroche un contrat de 2,8 milliards de dollars pour la construction de satellites aux USA.

 

  • Nvidia se rapproche du cap des 4000 Mds$ de capitalisation, un jalon qui n'a jamais été franchi par aucune entreprise jusqu'ici.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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