L'Hebdo #140 : Les trois moteurs à l’origine du rallye estival et les contours du nouveau régime fiscal en préparation pour les bailleurs privés se dessinent
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Trump désamorce le conflit qu’il a lui-même déclenché
La semaine a débuté sur fond de tension extrême au Moyen-Orient, après que les États-Unis ont mené une attaque d’envergure contre plusieurs sites nucléaires iraniens. Contrairement aux craintes, la riposte de Téhéran est restée symbolique. Quelques missiles ont été tirés vers une base américaine au Qatar, mais sans impact militaire réel : l’attaque avait été annoncée à l’avance, les missiles ont été interceptés, et le Qatar a rapidement pris position en faveur de l’apaisement.
Ce scénario a joué en faveur des marchés financiers. Le pétrole, qui avait brièvement grimpé par crainte d’un blocage du détroit d’Ormuz, a dévissé de plus de 15 % sur la semaine, effaçant toute prime de risque géopolitique. L’or, lui aussi, a connu une baisse de près de 3 %. Donald Trump a scellé le tout par une annonce de cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, renforçant l’idée que l’épisode militaire était sous contrôle.
Les marchés ont donc repris leur souffle : les indices actions ont rebondi, portés par la conviction que le conflit ne déboucherait pas sur une guerre ouverte. Le Nasdaq et le S&P 500 ont inscrit de nouveaux sommets historiques, dans un climat de relative euphorie.
2. La Fed entretient l’illusion d’un assouplissement rapide
L’autre moteur des marchés cette semaine, c’est la Réserve fédérale américaine. Deux membres influents de la Fed, Michelle Bowman et Austan Goolsbee, ont tenu des propos laissant entrevoir une inflexion prochaine de la politique monétaire. L’argument avancé : les risques pour l’emploi et la consommation deviennent plus préoccupants que ceux liés à l’inflation.
Ces déclarations, bien que prudentes, ont suffi à modifier légèrement les anticipations du marché. Alors qu’un statu quo était presque certain pour la réunion de juillet, une baisse des taux devient désormais une option crédible pour l’automne. Le rendement des obligations américaines a reculé, et le dollar s’est affaibli.
Jerome Powell, auditionné cette semaine au Congrès, a maintenu une ligne attentiste, sans exclure d’ajuster les taux si l’économie venait à ralentir davantage. Ce discours mesuré a été bien reçu, car il maintient toutes les options ouvertes. En parallèle, Donald Trump continue de critiquer Powell et envisage de le remplacer dès octobre, bien avant la fin de son mandat. Un signal supplémentaire que la Fed pourrait basculer vers une posture plus dovish si la Maison Blanche le souhaite.
3. Matières premières, devises, crypto : repositionnement global
En matière de matières premières, la semaine a été marquée par un fort retournement. Le pétrole a connu sa plus forte baisse depuis plus d’un an, passant de 80 à 66 dollars le baril en quelques jours. L’once d’or a perdu près de 3 % sur fond de détente géopolitique. Seuls le cuivre et le zinc ont affiché de bonnes performances, portés par la baisse du dollar et les flux anticipés liés aux droits de douane.
Sur le marché des changes, l’euro a repris des couleurs, progressant de +1,87 % face au dollar. Ce mouvement s’explique à la fois par les anticipations de baisse de taux de la Fed et par un apaisement général sur les fronts commerciaux et géopolitiques.
Les cryptomonnaies ont profité de ce regain d’optimisme. Le bitcoin s’est envolé de 6 % pour franchir à nouveau les 107 000 dollars, à quelques encablures de son record absolu atteint en mai. Les ETF adossés au BTC ont enregistré près de 2 milliards d’entrées nettes en une semaine, signe que l’appétit des investisseurs institutionnels reste fort. Dans leur sillage, Ether, Solana, BNB et XRP ont eux aussi enregistré des gains notables.
📰 Le dossier de la semaine : Bourses au plus haut, trois moteurs à l’origine du rallye estival
Les marchés actions ont franchi de nouveaux sommets ces derniers jours, portés par un enchaînement de bonnes nouvelles qui a dopé la confiance des investisseurs. Malgré une légère pause en fin de semaine, liée à des tensions commerciales persistantes, les principaux indices boursiers comme le S&P 500 affichent des performances remarquables depuis le début de l’année. Cette dynamique repose principalement sur trois facteurs : l’apaisement des tensions géopolitiques, l’anticipation de baisses de taux par les banques centrales et l’envolée continue des grandes valeurs technologiques américaines.
Détente géopolitique et baisse du pétrole
Le regain d’optimisme observé ces dernières semaines s’explique d’abord par la désescalade des tensions au Moyen-Orient. Après des frappes américaines ciblant des sites nucléaires iraniens, la riposte de Téhéran est restée symbolique, sans causer de pertes humaines ni viser les infrastructures stratégiques comme le détroit d’Ormuz. Résultat : les craintes d’un choc pétrolier se sont dissipées et les cours du brut ont chuté. Le WTI, qui avait atteint 75 dollars fin juin, est redescendu autour des 65 dollars le baril. Cette détente sur les prix de l’énergie est doublement favorable : elle soulage le budget des ménages à l’approche des vacances et contribue à calmer les tensions inflationnistes.
Ce repli du pétrole a aussi redonné le sourire aux marchés financiers. En libérant de la marge pour une politique monétaire plus souple, il alimente les espoirs d’un retour à une croissance plus stable sans nouvelle flambée des prix. Dans ce contexte, les investisseurs ont recommencé à acheter des actions avec conviction, contribuant à la poussée vers de nouveaux sommets boursiers.
Les banques centrales préparent le terrain pour une détente monétaire
Deuxième moteur du rallye : le changement de ton des banques centrales. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a signalé, lors de sa réunion de mi-juin, deux baisses de taux possibles d’ici la fin de l’année. Les projections pour 2026 et 2027 vont dans le même sens, avec un objectif de taux directeurs à long terme autour de 3 %, bien en dessous du niveau actuel. Au Canada, la Banque centrale a déjà réduit ses taux à plusieurs reprises, ramenant son taux directeur de 5 % à 2,75 %, et pourrait encore alléger sa politique monétaire si la croissance ralentit davantage.
Les dernières statistiques confortent cette orientation. L’inflation a nettement reculé, passant sous les 2,5 % aux États-Unis comme au Canada. La consommation, de son côté, montre quelques signes de faiblesse, avec des ventes au détail et des dépenses des ménages en net repli. Ces signaux renforcent l’idée que les banques centrales disposent désormais de plus de latitude pour accompagner l’économie, ce qui rassure les investisseurs et stimule les marchés.
L’ascension continue de la tech américaine
Le troisième moteur du rebond boursier tient à la performance spectaculaire du secteur technologique. Depuis les points bas d’avril, les grandes valeurs de la tech, dopées par l’IA, les infrastructures cloud et des résultats trimestriels solides, mènent la danse. Le S&P 500 progresse d’environ 24 % sur la période, mais certains segments comme les technologies, les communications ou la consommation discrétionnaire font encore mieux.
Les résultats du premier trimestre ont permis de dissiper les doutes. Malgré les incertitudes liées aux tensions commerciales et aux restrictions sur la Chine, les géants américains du numérique ont démontré leur capacité à surperformer les attentes, à maintenir leurs investissements stratégiques et à séduire les marchés. Dans ce contexte, la tech redevient un pilier des portefeuilles, malgré des valorisations élevées. Certains investisseurs commencent néanmoins à se tourner vers d’autres secteurs comme la santé ou les financières, à la recherche d’opportunités de rattrapage.
Ce qu’il faudra suivre au second semestre 2025
Si le momentum reste favorable à court terme, les marchés devront composer avec plusieurs points d’attention dans les semaines à venir. Les négociations commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires, notamment autour de la taxe sur les services numériques, pourraient créer de la volatilité, comme ce fut le cas en fin de semaine dernière. De même, l’éventuelle adoption d’un nouveau plan fiscal américain et des statistiques économiques moins dynamiques pourraient mettre les indices à l’épreuve.
En dépit de ces incertitudes, les fondamentaux restent bien orientés pour les actions. La combinaison d’une inflation maîtrisée, d’une politique monétaire plus souple à venir et de la solidité des grandes entreprises soutient l’idée que les éventuels replis pourront être mis à profit pour réajuster les portefeuilles. Dans cette optique, une gestion active reste de mise : arbitrer entre croissance et valeur, intégrer une dose mesurée d’actions internationales, et prolonger la duration des obligations pour profiter du cycle de baisse des taux.
🏠 Immobilier : Un nouveau régime fiscal en préparation pour les bailleurs privés
Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler ce lundi les contours du futur statut du bailleur privé, les arbitrages de dernière minute battent leur plein. Dans un contexte de crise du logement et de désaffection des investisseurs pour la location longue durée, ce nouveau dispositif vise à rendre l’investissement locatif plus attractif, notamment via un mécanisme d’amortissement.
Réconcilier les investisseurs avec la location nue
Depuis plusieurs mois, la ministre du Logement Valérie Létard, épaulée par le ministre de l’Économie Éric Lombard, travaille avec deux parlementaires – le sénateur Marc-Philippe Daubresse et le député Mickaël Cosson – sur une refonte en profondeur de la fiscalité locative. Leur rapport, très attendu, doit être présenté le 30 juin. L’objectif est clair : créer un cadre fiscal stable, lisible et suffisamment incitatif pour relancer l’investissement locatif privé, aujourd’hui à la peine. Il s’agirait de donner enfin corps à ce « statut du bailleur privé » que les professionnels réclament depuis des années.
Cependant, l’exercice est délicat. Le gouvernement, engagé dans une trajectoire de réduction des dépenses publiques à hauteur de 40 milliards d’euros, doit composer avec des marges de manœuvre très étroites. Les mesures envisagées doivent séduire les investisseurs sans trop peser sur les finances publiques, tout en évitant un déséquilibre entre les différents segments du marché immobilier.
Un mécanisme d’amortissement différencié selon le type de bien
Le cœur de la réforme porterait sur un dispositif d’amortissement du capital, applicable aux logements acquis à partir du 1er janvier 2026. Il concernerait à la fois le neuf et l’ancien, mais avec des modalités différentes. Pour les logements neufs, le taux d’amortissement annuel serait de 4 %, permettant de déduire jusqu’à 80 % de la valeur du bien sur vingt ans. Une façon de soutenir la construction, en crise profonde, tout en générant des recettes de TVA pour l’État.
Pour l’ancien, la déduction serait plus modérée – autour de 3 % par an – et conditionnée à la réalisation de travaux à hauteur d’au moins 15 % de la valeur du bien. L’objectif est ici d’inciter les bailleurs à rénover leur parc, notamment pour sortir les logements du statut de passoires thermiques. Ce régime viendrait compléter, sans les supprimer, les avantages actuels du statut de loueur en meublé (LMNP) ou du régime micro-BIC.
Un bonus supplémentaire pourrait être accordé aux bailleurs qui acceptent de louer leurs biens à des niveaux inférieurs aux prix du marché. Ce coup de pouce fiscal, proportionnel à la décote, permettrait d’atteindre un taux d’amortissement total allant jusqu’à 5,5 %, renforçant la rentabilité nette de l’investissement locatif.
Derniers ajustements et calendrier politique
Du côté de la ministre du Logement, une volonté forte se dégage : inclure également les logements anciens dans le dispositif. Ces derniers représentent environ 20 % des locations privées chaque année, contre 65 000 ventes annuelles dans le neuf sous Pinel. De plus, l’ancien génère des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), précieux pour les finances des départements. Cet argument pourrait faire mouche au Parlement, notamment auprès des élus locaux.
À ce stade, le projet semble équilibré. Il tente de concilier soutien à la construction neuve, incitation à la rénovation, respect des finances publiques et attractivité pour les investisseurs. Mais rien n’est encore tranché. Le soutien de Bercy reste à obtenir, et l’arbitrage final pourrait intervenir dans le cadre du projet de loi de finances 2026. La présence annoncée d’Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, aux côtés de Valérie Létard lors de la présentation du rapport, est un signal politique fort.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Kering est sorti de l'Euro Stoxx 50 au profit de Rheinmetall depuis lundi.
Teleperformance annonce la mise en œuvre d'un programme de rachat d'actions.
Eurazeo prend une participation majoritaire dans SMP Energies.
Les dirigeants d'Apple ont discuté d'un rachat de Perplexity, selon Bloomberg News. Apple par ailleurs poursuivie en justice par des actionnaires pour avoir prétendument exagéré ses progrès en matière d'intelligence artificielle.
Samsung Electronics fournira des écrans OLED pour le premier iPhone pliable d'Apple.
Alstom confirme la commande de 96 rames de RER par la SNCF pour 1,7 Md€.
Danone s'offre Carlos Alcaraz comme ambassadeur de marque.
OVH annonce un chiffre d'affaires en hausse de 9,3% au T3 fiscal.
Groupe Indosuez Wealth Management va racheter la clientèle fortunée de BNP Monaco.
Banca Monte Dei Paschi a reçu le feu vert de l'UE pour racheter Mediobanca, selon les informations obtenues par Reuters.
Amazon va investir 54 milliards de dollars en Grande-Bretagne d'ici 2027.
Des cadres de Société Générale en garde à vue pour des soupçons de blanchiment de fraude fiscale.
Xero va racheter Melio pour 2,5 Mds$.
Chez Renault, le patron de Dacia, Denis le Vot, pressenti pour succéder à Luca de Meo.
Nvidia bat son record et reprend le titre de première capitalisation mondiale à Microsoft.
Barbara Bui obtient la prolongation de la période d’observation de son redressement judiciaire jusqu’au 4 janvier 2026.
TotalEnergies devient partenaire officiel du Tour de France.
Novo Nordisk s'associe à WeightWatchers pour commercialiser Wegovy. De plus, Novo Nordisk a reçu le feu vert de l'UE pour le traitement des maladies artérielles périphériques avec l'Ozempic.
Les actions Xiaomi se sont envolés après que son nouveau SUV a reçu 289 000 commandes en une heure.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse