L'Hebdo #134 : Les placements qui ont tiré leur épingle du jeu depuis 40 ans et le principe de la société d'acquêts
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Les marchés prolongent leur rebond, entre espoir de détente commerciale et attentes vis-à-vis des banques centrales
La semaine écoulée a été marquée par une poursuite spectaculaire du rebond des marchés actions, dans un climat paradoxalement porteur malgré un contexte économique et géopolitique toujours chargé. À New York, le S&P 500 a signé une huitième séance consécutive dans le vert, tandis que le FTSE 100 londonien a enchaîné quatorze séances de hausse d’affilée, du jamais-vu depuis plusieurs années. En Europe continentale, le CAC 40 a progressé de 3,1 %, tiré notamment par les performances remarquées d’Airbus (+10,2 %) et de Capgemini (+9,6 %). Les investisseurs semblent vouloir croire que le pic de tension autour de la guerre commerciale lancée par les États-Unis est désormais passé.
Plusieurs signaux ont contribué à cet optimisme ambiant : d’une part, des déclarations en provenance de Pékin laissent entrevoir une possible ouverture à des discussions avec Washington ; d’autre part, l'administration Trump a montré des signes de recul sur certains sujets sensibles, notamment les surtaxes appliquées aux composants automobiles importés. Dans ce climat, les marchés parient sur un double scénario : un apaisement progressif des relations commerciales internationales et une intervention de la Réserve fédérale américaine via une baisse des taux, si l’économie montre des signes de faiblesse plus marqués. L’idée d’un soutien monétaire renforcé en cas de dégradation conjoncturelle semble ainsi servir de filet de sécurité psychologique aux investisseurs.
2. Résultats d'entreprises : prudence de rigueur, mais quelques locomotives rassurent
La saison des résultats du premier trimestre a largement occupé l’attention des marchés, avec un flot de publications venues tant d’Europe que des États-Unis. Le bilan est nuancé : les entreprises affichent une certaine résilience sur les chiffres passés, mais peinent à se projeter avec clarté dans un environnement devenu difficilement lisible. En particulier, la guerre douanière rend la visibilité incertaine dans plusieurs secteurs industriels, comme l’automobile, la tech ou encore l’agroalimentaire.
Malgré tout, plusieurs grandes entreprises ont apporté une bouffée d’air frais aux marchés. Microsoft a rassuré grâce à la dynamique toujours solide de son activité cloud (Azure), tandis que Meta a profité de la montée en puissance de ses outils publicitaires dopés à l’intelligence artificielle. Ces deux groupes symbolisent pour les investisseurs le potentiel réel de l’IA générative à court terme. À l’inverse, Apple et Amazon ont déçu : leur dépendance à la Chine et aux chaînes d’approvisionnement internationales les expose directement aux aléas géopolitiques. En Europe, Capgemini a surpris positivement avec une activité en léger recul, mais moins prononcée que prévu. Airbus, de son côté, a confirmé ses objectifs de production et de trésorerie pour 2025, malgré l’ombre des surtaxes douanières.
En résumé, les investisseurs saluent les bons élèves mais sanctionnent vite toute incertitude excessive. Ce qui explique la chute de certains titres comme Qualcomm (-5,9 %) ou Super Micro Computer (-7,5 %), dont les prévisions ont refroidi l’enthousiasme du marché. Ce climat sélectif pourrait se renforcer dans les semaines à venir, à mesure que les publications se poursuivent et que les marges de manœuvre stratégiques des groupes se réduisent.
3. L'économie mondiale montre des signes de faiblesse, mais les marchés préfèrent y voir une opportunité
Sur le plan macroéconomique, la semaine a été dense. Aux États-Unis, plusieurs statistiques sont venues confirmer un net ralentissement de l’activité : le PIB s’est contracté de 0,3 % au premier trimestre, du jamais-vu depuis trois ans. La baisse est principalement liée à une contribution négative du commerce extérieur, les entreprises ayant massivement importé avant l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. D’autres indicateurs, comme la confiance des consommateurs ou les créations d’emplois, ont également déçu. En Chine, les derniers PMI confirment que le rebond observé en mars était passager, probablement lié à des effets de stockage. Le Japon, de son côté, a enregistré une chute inattendue de sa production industrielle.
Ces signaux faibles pourraient, paradoxalement, alimenter la hausse des marchés dans les prochaines semaines. Car dans l’univers mental des investisseurs, un ralentissement de l’économie augmente la probabilité que les banques centrales desserrent leur politique monétaire. Aux États-Unis, la Fed est donc sous pression. Jerome Powell est attendu mercredi pour commenter la situation : si aucun changement de taux n’est prévu, son discours pourrait orienter les anticipations. Jeudi, ce sera au tour de la Banque d’Angleterre, qui pourrait baisser ses taux de 25 points de base.
Enfin, d’autres données ont aussi pesé sur les marchés de matières premières. Le pétrole a perdu près de 7 % sur la semaine, malgré les tensions autour de l’Iran et la volonté de l’OPEP+ de discipliner certains de ses membres. L’or, en léger repli, reste cependant soutenu par un environnement incertain. Le cuivre et d’autres métaux industriels ont repris des couleurs dans l’espoir d’une détente sur le front commercial. Sur le marché des cryptoactifs, le bitcoin a franchi de nouveau les 97 000 dollars, porté par les entrées dans les ETF américains et les attentes de taux plus bas.
📰 Le dossier de la semaine : Quels placements ont vraiment tiré leur épingle du jeu depuis 40 ans ?
Dans une période où l’incertitude économique pousse les épargnants à rechercher des valeurs sûres, l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF) vient de publier une analyse incontournable : une comparaison sur 40 ans des performances des grandes classes d’actifs. Cette étude 2025 passe au crible les placements préférés des Français entre 1984 et 2024, et révèle des enseignements précieux… parfois inattendus.
L’étude de l’IEIF couvre une période dense en bouleversements économiques : mondialisation, désinflation durable, baisse puis remontée brutale des taux d’intérêt, pandémie mondiale, guerre en Ukraine, inflation, reconfiguration du travail... Autant de facteurs qui ont influencé la performance des placements financiers et immobiliers.
Grâce à cette rétrospective, on peut mesurer concrètement l’efficacité des différents véhicules d’investissement, que ce soit en termes de rendement, de résistance à l’inflation ou de stabilité.
1. Sur 5 ans : l’or s’impose, l’immobilier divisé
Entre 2019 et 2024, le contexte a été particulièrement chahuté. Dans ce climat tendu, l’or confirme son statut de valeur refuge, avec une performance moyenne de +11,27 % par an.
Côté immobilier, les écarts sont frappants :
Les foncières cotées ont perdu en moyenne -7,3 %/an, victimes de la hausse des taux.
En revanche, l’immobilier logistique a progressé de +6,2 %/an, porté par le e-commerce.
Beaucoup d’actifs ont sous-performé l’inflation (2,86 %/an) : assurance-vie, bureaux, logements parisiens, OPCI. Certains affichent même un rendement net négatif, notamment :
Bureaux : -0,21 %
Obligations : -5,65 %
Logement parisien : -0,31 %
Foncières : -7,26 %
2. Sur 15 ans : retour en grâce des actions et stabilité de l’immobilier
Entre 2009 et 2024, les actions européennes durables prennent la tête avec un TRI de +8,93 %, suivies de l’or (+7,70 %).
L’immobilier s’en sort honorablement :
SCPI : +5,26 %
Bureaux France : +4,83 %
Logistique : +7,80 %
L’assurance-vie en unités de compte peut s’en tirer, mais les produits de taux (OPCI, obligations) continuent de décevoir.
3. Sur 30 et 40 ans : la constance de la pierre et des actions
Sur le long terme, les performances confirment des tendances solides :
Sur 30 ans (1994–2024), les foncières cotées (9,73 %) et le logement (9,45 %) devancent même les actions (8,82 %).
Sur 40 ans (1984–2024), les actions retrouvent leur couronne, avec un TRI de 11,80 %, suivies du logement parisien (10,12 %) et des foncières (9,50 %).
🔍 À noter : tous ces placements battent l’inflation sur 40 ans. L’érosion du pouvoir d’achat est donc évitée, à condition de rester investi suffisamment longtemps.
4. Immobilier : un profil rendement / risque équilibré
L’un des points forts de cette étude, c’est l’analyse du rapport entre rendement et risque. L’immobilier ressort particulièrement bien de cette comparaison :
Le logement parisien combine rendement élevé et volatilité faible, ce qui en fait un placement très efficient.
Les SCPI, avec une performance de 7,51 % et une volatilité modérée (7 %), confirment leur statut de produit stable et performant sur le long terme.
À l’inverse, les actions, bien qu’en tête en termes de rendement (11,80 %), affichent une volatilité de plus de 20 %, difficile à supporter pour tous les profils d’épargnants.
L’étude souligne une dichotomie croissante entre les différents segments immobiliers :
En haut du classement : l’immobilier logistique tire son épingle du jeu grâce à la croissance du e-commerce et à la transformation des chaînes logistiques mondiales.
À la peine : le marché des bureaux, en particulier dans les zones excentrées, souffre des changements d’organisation du travail (télétravail, flex office…).
Le résidentiel, quant à lui, reste solide. Avec +3,71 % par an sur 5 ans, il conserve son rôle de valeur refuge, soutenu par une demande locative structurellement élevée.
Ce qu’il faut retenir pour investir aujourd’hui
Le taux d’épargne reste élevé en France (18,1 % fin 2024). Pourtant, une grande partie de cette épargne reste mal investie, souvent cantonnée à des produits peu rémunérateurs comme le Livret A ou les fonds euros.
L’immobilier, malgré ses zones de tension, reste un pilier patrimonial pour qui sait s’adapter : bien choisir ses secteurs (logistique, résidentiel), ses supports et son horizon de placement.
La diversification reste la clé. L’étude rappelle qu’aucun placement ne gagne sur toutes les périodes, et qu’une allocation équilibrée, mêlant actions, immobilier et actifs plus sécurisés, est souvent la meilleure stratégie à long terme.
En conclusion, sur 40 ans, l’immobilier montre une résilience remarquable, en particulier dans ses formes les plus stables. S’il est loin d’être homogène, il reste une classe d’actifs incontournable dans une stratégie patrimoniale de long terme. Mais pour réussir, la sélection est désormais essentielle : l’époque où “acheter n’importe quel bien immobilier” suffisait est révolue. Dans un monde plus fragmenté, plus incertain, il faut investir avec discernement, en s’appuyant sur des données objectives et une lecture fine des tendances économiques et sociétales.
🏠 Immobilier : Séparation de biens et société d’acquêts : comment concilier protection et indépendance patrimoniale ?
Quand deux personnes s’unissent, elles doivent choisir un régime matrimonial. Parmi les options, la séparation de biens est souvent privilégiée pour sa simplicité et sa logique : chacun reste propriétaire de ce qu’il acquiert. Mais ce régime peut parfois poser problème lorsqu’un couple construit ensemble un patrimoine commun (comme l’achat d’un bien immobilier ou le financement d’un projet). C’est là qu’intervient un mécanisme peu connu, mais très utile : la société d’acquêts.
Qu’est-ce qu’une société d’acquêts ?
C’est une clause qu’on peut ajouter à un contrat de mariage sous le régime de la séparation de biens. Elle permet de créer un "pot commun" pour certains biens, tout en conservant la logique de séparation pour le reste. Autrement dit, les époux restent propriétaires séparés de leurs revenus, investissements ou dettes personnelles… mais peuvent convenir que certains biens précis seront communs comme :
Une résidence principale achetée ensemble
Un portefeuille de titres commun
Des revenus locatifs mis en commun pour un projet
Bon à savoir : on parle ici d’une clause de société d’acquêts, à ne pas confondre avec une société civile ou une société commerciale. Il ne s’agit pas d’une entreprise, mais bien d’un cadre juridique au sein du contrat de mariage.
Pourquoi opter pour une société d’acquêts quand on est en séparation de biens ?
Le régime de la séparation de biens protège chaque époux en cas de mésentente ou de divorce : chacun repart avec ce qui lui appartient. Mais en cas de décès, ce régime peut être désavantageux pour le conjoint survivant, notamment s’il n’est pas héritier ou s’il ne possède pas la moitié des biens du couple.
Avec une société d’acquêts, on introduit une dose de solidarité et de partage sur mesure, sans tout mettre en commun. Cela permet de :
Faciliter la transmission au conjoint survivant
Protéger le partenaire qui a moins contribué financièrement mais a participé autrement (comme s’occuper des enfants ou gérer le foyer)
Répartir plus justement les biens acquis ensemble
Comment mettre en place une société d’acquêts ?
Il faut passer par un notaire. Cette clause peut être intégrée :
Dès la rédaction du contrat de mariage
Ou modifiée ultérieurement par acte notarié, avec l’accord des deux époux et parfois l’homologation du juge si des enfants mineurs sont concernés.
Le contenu est totalement personnalisable. On peut y inclure un bien immobilier, exclure des placements, prévoir des clauses de répartition spécifiques en cas de divorce ou de décès… Il n’y a pas de modèle standard : chaque société d’acquêts reflète les choix du couple.
En bref, si vous êtes mariés sous le régime de la séparation de biens et que vous avez construit un patrimoine commun (immobilier, entreprise, projets à deux), il peut être judicieux de faire évoluer votre contrat. Une clause de société d’acquêts bien rédigée vous permettra d’anticiper les conséquences d’un décès ou d’une séparation, et d’éviter de mauvaises surprises.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Lagardère, dont l'activité a progressé au T1, confirme un redressement fiscal sur 200 M€. La maison-mère Louis Hachette (66,3% du capital de Lagardère) démarre l'année sur les mêmes bases.
Vivendi annonce un actif net de 5,2 milliards d'euros au 31 mars 2025, soit une hausse de 7,8% par rapport au 31 décembre.
Banijay envisage une offre publique d'achat sur ITV Plc, selon le FT.
Les dirigeants de HSBC, Lloyds, Natwest et Banco Santander UK ont demandé au chancelier de l'échiquier de supprimer le principe de séparation de la banque de détail et des activités de marché, selon Sky News.
Huawei développe une nouvelle puce IA afin de rivaliser avec Nvidia, selon le WSJ.
Rexel confirme ses objectifs après le T1.
Amundi annonce une forte collecte au T1, mais les résultats sont plombés par la taxe exceptionnelle.
Schneider Electric affichera une marge annuelle un peu plus faible que prévu.
LVMH récupère L'Opinion et l'Agefi dans son pôle médias.
HSBC publie des bénéfices en baisse mais plus élevés que prévu au T1 et annonce 3 Mds$ de rachats d'actions.
Electrolux ajuste ses perspectives pour 2025 en Amérique du Nord à "neutres à négatives".
Puig affiche une hausse de 8% de son chiffre d'affaires au premier trimestre.
ChatGPT s'ouvre au shopping et marche sur les plates-bandes de Google.
Moët Hennessy (LVMH) va supprimer plus de 10% de sa masse salariale, selon La Lettre.
Danone s'efforce de supprimer les colorants artificiels de ses produits vendus aux Etats-Unis.
STMicroelectronics annonce un millier de départs volontaires en France.
Le gendarme espagnol de la concurrence valide l'OPA de BBVA sur Banco de Sabadell.
Amazon va investir 4 milliards de dollars pour étendre son réseau de livraison dans les zones rurales aux Etats-Unis.
Les Etats-Unis envisagent d'assouplir les restrictions sur les puces Nvidia à destination des Emirats Arabes Unis.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse