L'Hebdo #135 : Les marchés retrouvent leur souffle, mais pour combien de temps et défense, souveraineté, cybersécurité, ces nouvelles thématiques qui séduisent

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Les marchés saluent une trêve douanière inattendue entre les États-Unis et la Chine

L’élément déclencheur de la semaine a été sans conteste l’annonce surprise d’un accord provisoire entre Pékin et Washington. Les deux puissances ont décidé de suspendre une grande partie de leurs droits de douane pour une période de 90 jours, le temps de poursuivre les négociations commerciales. Les États-Unis ont abaissé leurs tarifs sur les importations chinoises de 145 % à 30 %, tandis que la Chine a réduit les siens de 125 % à 10 %.

Ce geste de détente a profondément changé la dynamique des marchés en début de semaine. L’accord a été perçu comme une surprise extrêmement positive, compte tenu des tensions commerciales qui s’étaient intensifiées depuis le début du printemps. La réaction des marchés a été immédiate : Wall Street s’est envolée, avec un Nasdaq en hausse de 4 % et un S&P 500 en progression de 3,3 % lundi. Les secteurs les plus exposés au commerce international, comme la tech, le fret maritime ou les industriels dépendants de la Chine, ont connu un net rebond.

Cette trêve, qualifiée de “paix des braves”, reste conditionnelle et temporaire, mais elle a suffi à restaurer la confiance à court terme. Elle a également alimenté le retour d’un scénario macroéconomique moins tendu, dans lequel une récession mondiale pourrait être évitée.

 

2. Reflux de l’inflation américaine : les anticipations de baisse de taux repartent à la hausse

Les dernières statistiques américaines sur les prix à la consommation (CPI) et les prix à la production (PPI) ont montré une hausse plus modérée que prévu en avril. L’inflation de base est ressortie à +0,3 % sur un mois, avec un rythme annuel autour de 2,8 %. Ces chiffres, couplés à une activité économique qui ralentit doucement sans effondrement brutal, ont été bien accueillis par les marchés financiers.

La publication de ces données a provoqué une baisse des rendements obligataires et ravivé les anticipations de détente monétaire aux États-Unis. Les investisseurs réintègrent désormais deux baisses de taux d’ici fin 2025 dans leurs scénarios.

Les prises de parole des membres de la Réserve fédérale, notamment celle de Jerome Powell jeudi, ont entretenu cette idée : sans s’engager clairement, le président de la Fed a laissé entendre que la banque centrale reste ouverte à une évolution de sa stratégie, notamment dans sa manière d’arbitrer entre stabilité des prix et soutien à l’emploi.

Le marché obligataire reste néanmoins partagé. Le rendement du 10 ans américain est remonté à 4,45 % dans la semaine, signe que les doutes persistent quant à la trajectoire réelle de l’inflation et à la réactivité de la Fed. La volatilité des taux reste un facteur à surveiller de près dans les semaines à venir.

 

3. Une hausse des marchés portée par l’optimisme, malgré des signaux encore contrastés

Portés par les annonces politiques et la détente sur le front de l’inflation, les marchés actions ont prolongé leur rebond entamé mi-avril. Le S&P 500 a enregistré une performance hebdomadaire de +5,27 %, retrouvant son niveau de début d’année après avoir chuté de près de 15 % en avril. Le CAC 40 s’offre lui aussi un gain hebdomadaire de +1,85 %, tiré notamment par les valeurs technologiques (STMicroelectronics +8,7 %) et les cycliques comme Stellantis (+9,3 %).

Cependant, derrière cette euphorie boursière, les signaux ne sont pas tous au vert. Le VIX, indice de la peur, reste en zone médiane autour de 20 points, et les secteurs défensifs (immobilier, services aux collectivités, santé) ont bénéficié d’un regain d’intérêt en fin de semaine. Les inquiétudes sur la croissance mondiale refont surface, notamment avec des statistiques en demi-teinte aux États-Unis, au Japon et en zone euro. Le pétrole, qui avait commencé à rebondir, a reperdu du terrain face aux rumeurs de déblocage des exportations iraniennes.

Dans ce contexte, les marchés continuent de privilégier les grandes capitalisations technologiques et les dossiers à effet de levier, en pariant sur un scénario de “mauvaise nouvelle = bonne nouvelle” : autrement dit, toute fragilité macroéconomique est perçue comme un argument en faveur d’une baisse des taux, donc favorable aux actifs risqués.

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📰 Le dossier de la semaine : Commerce international, inflation, actions : les marchés retrouvent leur souffle, mais pour combien de temps ?

 

Après plusieurs mois de tensions commerciales et d’incertitudes monétaires, les marchés financiers montrent des signes de stabilisation. Entre apaisement dans les négociations entre les États-Unis et la Chine, données macroéconomiques rassurantes et perspectives de politique monétaire plus souples, les investisseurs commencent à entrevoir un retour progressif au calme. Mais cette accalmie est-elle durable ou seulement temporaire ?

 

1. États-Unis – Chine : une trêve commerciale bien accueillie par les marchés

Les marchés actions ont vivement réagi à l’annonce d’un accord temporaire entre Washington et Pékin. Les deux géants économiques ont convenu d’un allègement mutuel des droits de douane pendant 90 jours, signe d’une volonté d’ouverture et de négociation : 

  • Les États-Unis ont ramené leurs tarifs moyens à 30 %, contre 145 % après l’annonce initiale du 2 avril.

  • La Chine, de son côté, a réduit les siens à 10 % sur la majorité des importations américaines, tout en levant certaines restrictions non tarifaires, notamment sur les terres rares.

Ces mesures ont redonné confiance aux marchés : le S&P 500 est repassé en territoire positif pour 2025 et le TSX canadien a atteint un plus-haut historique. En parallèle, la levée partielle des restrictions sur les semi-conducteurs liés à l’IA, et l’accord commercial entre Nvidia et l’Arabie Saoudite, ont renforcé l’optimisme dans le secteur technologique.

 

2. Les données économiques valident (pour l’instant) le scénario d’atterrissage en douceur

Au-delà des annonces politiques, ce sont surtout les indicateurs concrets de la semaine passée qui ont rassuré les marchés. Les derniers chiffres de l’inflation aux États-Unis montrent un net ralentissement :

  • CPI (indice des prix à la consommation) : +0,2 % en avril, +2,3 % sur un an, soit le plus bas depuis février 2021.

  • Core CPI (hors énergie et alimentation) : stable à +2,8 % sur 12 mois.

Du côté des prix à la production, même tendance :

  • L’indice PPI a chuté de 0,5 % sur le mois.

  • L’indice core PPI recule de 0,4 %, une surprise largement saluée par les investisseurs.

Malgré un léger recul des ventes au détail (+0,1 % en avril, sous les attentes), la révision en hausse des chiffres de mars (+1,7 %) a compensé la déception. L’emploi, lui, reste solide, avec des inscriptions au chômage stables à 229.000.

 

3. Consommateurs et entreprises encore prudents face à l’incertitude

Si les données "dures" rassurent, les indicateurs de confiance (ou "données molles") restent orientés à la baisse. L’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan est tombé à 50,8, son plus bas niveau depuis juin 2022. Cette faiblesse s’explique en grande partie par les craintes sur l’inflation et les politiques commerciales.

On peut y voir un effet d’anticipation : les consommateurs ont peut-être avancé certains achats pour éviter une hausse de prix, ce qui explique la mollesse des ventes d’avril. Les entreprises, de leur côté, ajustent leurs stocks et leurs décisions d’investissement dans un environnement toujours instable.

 

4. Une modération économique attendue… mais sans récession à ce stade

Le scénario central reste celui d’une croissance américaine modérée pour 2025, autour de 1,5 % à 1,7 %, avec une inflation temporairement relancée par les nouveaux tarifs, mais contenue à moyen terme.

Du côté des taux, la Réserve fédérale reste en position d’attente, mais pourrait procéder à 2 baisses de taux au second semestre si les signaux de ralentissement se multiplient.

 

5. Stratégie pour investisseurs : rester concentré sur ce que l’on peut maîtriser

Dans ce climat mouvant, la clé est de se concentrer sur sa stratégie de long terme, plutôt que de réagir aux à-coups du marché.

Nos recommandations :

  • Maintenir une allocation diversifiée entre actions (U.S. et internationales), obligations (de maturités variées), et immobilier si possible.

  • Favoriser les valeurs de qualité, notamment dans la santé et la finance, moins exposées aux tensions commerciales.

  • Penser rebalancement régulier pour ajuster le portefeuille en fonction des mouvements de marché.

  • Surpondérer les actions américaines, soutenues par une économie plus résiliente que celle d’autres régions.

 

En conclusion : prudence, mais pas de panique

Même si les droits de douane restent plus élevés qu’au début de l’année, leur stabilisation autour de 10 % à 15 % permet d’écarter le scénario d’une récession sévère. L’environnement reste incertain, mais les signaux de stabilisation se multiplient.

Les marchés auront encore à digérer l’évolution des politiques commerciales, les chiffres de l’inflation, et les discussions budgétaires à Washington. Mais pour les investisseurs orientés objectifs, rester discipliné, diversifié et patient reste la meilleure manière de traverser cette période complexe. 

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🏦 Investissement : Défense, souveraineté, cybersécurité : les nouvelles thématiques qui séduisent

Alors que les marchés restent secoués par des tensions géopolitiques persistantes et une volatilité accrue, une tendance de fond se confirme : l'attrait croissant des investisseurs pour les secteurs liés à la défense, la souveraineté technologique et l’indépendance industrielle. Jadis cantonnés aux portefeuilles institutionnels, ces thématiques font désormais leur entrée dans les stratégies patrimoniales sophistiquées.

 

Une demande croissante pour s’exposer à la souveraineté européenne

Longtemps, les particuliers souhaitant investir dans la défense n’avaient d’autre choix que d’acheter quelques titres individuels cotés en Bourse. Mais la donne a changé : avec les annonces de plans de réarmement massif en Europe, les opportunités d’investissement se sont multipliées.

Depuis début 2025, plusieurs fonds, ETF et produits structurés ont vu le jour pour permettre aux investisseurs d’intégrer cette thématique à leur allocation. Objectif : capter la dynamique de croissance attendue dans des secteurs stratégiques comme l’armement, l’aérospatial, la cybersécurité ou encore les métaux critiques.

 

Des produits structurés sur mesure pour un profil patrimonial

Parmi les supports les plus recherchés : les produits structurés adossés à des paniers d’actions du secteur défense/souveraineté. Conçus pour des clients avertis, ils combinent rendement potentiel attractif et mécanismes de protection du capital. Malgré la forte progression de certaines valeurs (Rheinmetall +162 % en 2025, par exemple), la présence de barrières de protection continue d’attirer les investisseurs prudents.

 

Une diversification thématique via ETF et fonds sectoriels

Au-delà des structurés, l’offre s’élargit avec la création de fonds thématiques exposés à cinq piliers de souveraineté :

  • Défense et sécurité

  • Résilience industrielle

  • Cybersécurité et cloud

  • Indépendance énergétique et des ressources

  • Sécurité alimentaire

Plusieurs ETF ont été lancés depuis le début d’année, reproduisant des indices dédiés comme le STOXX Europe Total Market Defense Capped, qui sélectionne les entreprises européennes du secteur aérospatial et défense. Des sociétés de gestion de renom proposent aussi des fonds actifs intégrant la défense dans une vision plus large de résilience économique globale.

 

Une vingtaine de valeurs stratégiques identifiées

Pour construire leurs portefeuilles liés à la souveraineté européenne, les professionnels s’appuient sur une sélection de grandes valeurs industrielles, technologiques et de défense, parmi lesquelles :

  • Dassault Aviation 

  • Airbus

  • Safran

  • Thales

  • Schneider Electric

  • ASML

  • Rheinmetall

  • Rolls Royce

  • Saint-Gobain

  • MTU Aero Engines

  • ArcelorMittal

  • Norsk Hydro

Certaines de ces entreprises sont éligibles au PEA, offrant une fiscalité avantageuse dans le cadre d’une stratégie long terme.

 

Un positionnement de conviction… et de prudence

S’il est clair que les secteurs de la défense et de la résilience souveraine bénéficient de perspectives favorables dans le contexte actuel, il est essentiel de rappeler que ces investissements ne sont pas dénués de risques : exposition sectorielle concentrée, dépendance aux décisions politiques, valorisations parfois tendues…

C’est pourquoi ces supports sont le plus souvent intégrés dans le cadre d’une diversification thématique raisonnée, au sein de portefeuilles équilibrés.

 

Face à un monde plus incertain, ces secteurs offrent un double intérêt : capacité de résilience à long terme et soutien politique durable. Mais comme toujours, le succès repose sur une approche sélective, structurée et bien conseillée.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Unicredit publie un bénéfice net trimestriel supérieur aux attentes.

 

  • Volkswagen rappelle plus de 89 000 véhicules aux Etats-Unis en raison d'un risque d'incendie, selon la NHTSA.

 

  • OpenAI négocie avec Microsoft pour débloquer de nouveaux financements et préparer son introduction en bourse, selon le FT.

 

  • Google éteint une action du Texas sur la confidentialité des données pour 1,38 milliard de dollars.

 

  • Aramco réduit son dividende de 10 milliards de dollars.

 

  • TotalEnergies chercherait à vendre 50% de ses parts dans des unités européennes de biogaz.

 

  • Orange a émis 1,5 Md€ de dette obligataire à 5 ans (2,75%) et à 10 ans (3,6%).

 

  • GL Events a été désigné "attributaire" du contrat de concession d’exploitation du Stade de France pour une durée de 30 ans par l’Etat, dernière étape avant la signature définitive.

 

  • Peugeot Invest investit 125 M$ dans BroadStreet Partners, un leader du courtage d’assurance en Amérique du Nord.

 

  • Solutions 30 prend le contrôle de SOTEC.

 

  • Anheuser-Busch Inbev investit 300 millions de dollars dans ses installations aux Etats-Unis.

 

  • Le fisc français a lancé un nouveau contrôle fiscal sur la TVA réduite de Canal+, révèle la Lettre.

 

  • La Chine a révoqué son interdiction de livraisons de Boeing aux compagnies chinoises.

 

  • Apple va s'appuyer sur un outil d'intelligence artificielle pour améliorer l'autonomie des iPhone sous iOS 19, selon Bloomberg.

 

  • Softbank publie des résultats plus élevés que prévu.

 

  • Eiffage publie 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires au T1 et confirme ses prévisions.

 

  • Stellantis va bientôt mettre à jour son plan pour l'Italie, selon son directeur général pour l'Europe, qui a aussi annoncé la suspension du projet controversé visant à réorganiser les structures juridiques de son réseau de concessionnaires en Europe.

 

  • Atos lance un plan de transformation baptisé Genesis, présenté lors de sa conférence investisseurs mercredi.

 

  • Burberry dépasse les attentes et va supprimer 1700 emplois.

 

  • Microsoft va licencier 3% de ses effectifs, selon CNBC.

 

  • Verizon va investir 5 milliards de dollars dans les fournisseurs de petites entreprises américaines au cours des cinq prochaines années.

 

  • Les Etats-Unis envisagent d'autoriser les Emirats arabes unis à acheter plus d'un million de puces Nvidia de pointe, selon Bloomberg.

 

  • Ubisoft publie une perte plus lourde que prévu en 2024-2025 et poursuit sa restructuration.

 

  • Sanofi compte "investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d'ici 2030".

 

  • HSBC va supprimer 10% de ses effectifs en France.

 

  • Netflix a atteint 94 millions d'abonnés à son service avec publicité, contre 70 millions en novembre.

 

  • La France annonce que les négociations avec la Chine n'ont pas permis de résoudre le différend sur le cognac (Rémy Cointreau, Pernod Ricard, LVMH, Davide Campari) à ce stade.

 

  • ArcelorMittal redit son "intention" d'investir 1,2 milliard d'euros à Dunkerque, mais maintient son plan social.

 

  • Eni va lancer un nouveau programme de rachat d'actions pouvant atteindre 1,5 milliard d'euros.

 

  • Le géant automobile chinois BYD va ouvrir un centre européen en Hongrie.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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