L'Hebdo #136 : Résultats solides dans la tech, où vont les marchés et familles recomposées, trouver le bon dosage entre la protection du conjoint et les droits des enfants

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Trump souffle le chaud et le froid sur le commerce mondial

La semaine boursière a été dominée par un nouveau coup d’éclat de Donald Trump, qui continue de tenir les marchés en haleine. Vendredi dernier, l’ancien président américain a menacé d’imposer des droits de douane de 50 % sur les importations en provenance de l’Union européenne dès le 1er juin. Une annonce brutale qui a immédiatement fait chuter les indices boursiers européens. Mais dès le lundi suivant, revirement total : Trump accepte finalement de repousser la date butoir au 9 juillet, après un échange "cordial" avec Ursula von der Leyen. Cette suspension temporaire apaise les marchés, mais ne règle rien sur le fond.

Le commerce transatlantique reste sous tension, et l’incertitude juridique s’ajoute au chaos politique. En effet, la Cour du commerce international des États-Unis a jugé ces droits anticonstitutionnels, estimant que seule le Congrès peut légalement les approuver. Une décision aussitôt suspendue en appel, avec un possible arbitrage à venir de la Cour suprême. De son côté, la Maison Blanche envisage d'utiliser une loi de 1974 pour maintenir son arsenal tarifaire. Ce contexte délétère alimente une forte volatilité et pourrait accélérer une désaffection des investisseurs étrangers vis-à-vis des actifs américains. D’autant que d’autres mesures de représailles, notamment fiscales, sont à l’étude. Résultat : la guerre commerciale n’est pas évitée, elle change simplement de forme.

 

2. Nvidia impressionne, mais les techs n’entraînent plus les marchés comme avant

L’autre grand événement de la semaine, c’est la publication des résultats trimestriels de Nvidia. Le géant des puces dédiées à l’intelligence artificielle a encore dépassé les attentes, enregistrant des performances record sur le marché américain malgré un net recul en Chine lié aux restrictions à l’export imposées par Washington. Le titre a gagné près de 5 % en séance post-marché, mais cet enthousiasme s’est rapidement heurté à un contexte plus globalement prudent. Le Nasdaq n’a repris que 0,2 % dans la foulée, preuve que même la locomotive Nvidia ne suffit plus à elle seule à tirer les indices.

Dans le même temps, d’autres valeurs technologiques liées aux chaînes de production de semi-conducteurs, comme Cadence Design et Synopsys, ont chuté lourdement après des rumeurs de blocage de leurs exportations vers la Chine. L’administration Trump continue de durcir le ton contre Pékin, allant jusqu’à menacer de couper l’accès aux logiciels EDA, essentiels à la conception de puces. Ce climat pèse sur la visibilité du secteur. Même si les résultats de Nvidia sont impressionnants, les investisseurs commencent à douter de la soutenabilité du “narratif IA”, désormais confronté aux réalités géopolitiques, aux menaces réglementaires et à un marché moins euphorique qu’en 2023-2024.

 

3. L’inflation, les taux et la dette reprennent la main dans un climat tendu

Au-delà des effets de manche de la Maison Blanche et de la performance des grandes capitalisations technologiques, la dynamique macroéconomique est revenue au cœur du jeu cette semaine. Le chiffre d’inflation PCE d’avril aux États-Unis — indicateur préféré de la Fed — est ressorti conforme aux attentes, apaisant provisoirement les craintes de surchauffe. Ce bon signal a permis une détente sur les taux obligataires : le rendement à 10 ans est repassé sous les 4,5 %, et le 30 ans flirte avec les 5 %. C’est une nouvelle plutôt bien accueillie par les marchés, d’autant plus que Jerome Powell a été discrètement convoqué à la Maison Blanche pour discuter — une fois de plus — d’une éventuelle baisse des taux.

Mais tout est loin d’être réglé. La dette publique américaine continue d’inquiéter, tout comme la possibilité d’un durcissement fiscal visant certains pays jugés "hostiles" par Washington. La fameuse Section 899 du projet de loi républicain prévoit de taxer jusqu’à 20 % les revenus passifs générés aux États-Unis par des ressortissants de pays imposant des “taxes injustes”. Cette initiative, qualifiée de “guerre des capitaux” par certains analystes, pourrait freiner durablement l’attractivité des actifs américains. En parallèle, l’Europe navigue dans une zone grise : l’inflation reste modérée en France mais remonte en Allemagne, ce qui complique la tâche de la BCE à l’approche de sa décision sur les taux prévue début juin. Enfin, sur le front des cryptomonnaies, le bitcoin a reculé de 2,9 % après sept semaines de hausse. Une pause logique dans un contexte plus tendu, même si les entrées nettes dans les ETF Bitcoin restent solides.

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📰 Le dossier de la semaine : Résultats solides dans la tech, incertitudes commerciales persistantes : où vont les marchés ?

Les publications de résultats des géants de la tech et les tensions autour des droits de douane ont dominé l’actualité économique mi-mai 2025. Malgré un contexte incertain, les principaux indices boursiers comme le S&P 500 et le TSX canadien ont progressé de plus de 5 % sur le mois. Une performance portée en grande partie par les valeurs technologiques, notamment celles liées à l’intelligence artificielle.

 

NVIDIA et la tech mènent la danse

Les investisseurs attendaient les résultats de NVIDIA avec attention. Le géant américain a dépassé les attentes, en annonçant une croissance de 73 % de son activité data centers sur un an, malgré les restrictions commerciales avec la Chine. Cette performance est un signal fort : la demande mondiale en puces IA reste très soutenue, notamment de la part de Microsoft, Meta et Amazon.

En parallèle, les grandes entreprises technologiques ont confirmé des investissements massifs en 2025 : plus de 330 milliards de dollars engagés par Microsoft, Google, Meta et Amazon pour renforcer leur infrastructure IA.

👉 En clair : les inquiétudes sur un ralentissement des dépenses technologiques semblent infondées à court terme. Les marchés ont réagi positivement et les valeurs de croissance dominent les performances du mois de mai.

 

Croissance des bénéfices : des fondamentaux qui tiennent

Les perspectives bénéficiaires restent solides aux États-Unis comme au Canada. Les estimations font état d’une progression annuelle située entre 5 % et 9 % selon les secteurs. Malgré une légère révision à la baisse en début d’année, les entreprises continuent de surprendre positivement grâce à un marché du travail robuste et une inflation contenue.

Les analystes entrevoient même un regain de croissance des bénéfices dès 2026, porté par une possible baisse des taux directeurs et une clarification du cadre commercial.

 

Dossiers commerciaux : statu quo… pour l’instant

Sur le front des relations internationales, les discussions restent tendues. Washington a repoussé à juillet la mise en œuvre de droits de douane à 50 % sur certains partenaires européens. Mais les négociations avec Pékin patinent. De nouvelles restrictions à l’exportation technologique vers la Chine sont envisagées.

Les procédures judiciaires autour de la politique douanière américaine se poursuivent, ce qui prolonge un climat d’incertitude. Mais pour l’instant, les entreprises ont réussi à s’adapter, en ajustant leurs stocks ou leurs politiques de prix.

 

Et maintenant ? Miser sur la diversification

Après un rebond impressionnant depuis les creux d’avril (+18 % pour le S&P 500), les marchés pourraient connaître davantage de volatilité. L’environnement reste incertain, entre normalisation des prix et ajustements aux nouvelles politiques commerciales.

Mais l’histoire montre qu’un mois de mai haussier est souvent annonciateur d’un bon second semestre. Dans ce contexte, il est recommandé de rester investi, en privilégiant une allocation diversifiée.

 

💡 Conseil de gestion : équilibrer son portefeuille entre valeurs de croissance (technologie, IA) et secteurs plus défensifs comme la santé ou la finance, moins exposés aux effets des droits de douane.

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🏠 Famille : Familles recomposées : trouver le bon dosage entre la protection du conjoint et les droits des enfants

En France, près d’un million et demi d’enfants mineurs grandissent dans 713 000 familles recomposées ; ils représentent un peu plus d’un enfant sur dix. Chaque remariage pose donc, très concrètement, la question du partage du patrimoine le jour où l’un des époux disparaît : comment mettre le conjoint à l’abri sans léser les enfants issus d’une première union ?

 

Ce que le mariage fait déjà, sans formalités

Dès la célébration du mariage, le conjoint survivant possède un double atout : il devient héritier et reste copropriétaire de la moitié des biens acquis durant la vie commune (les “biens communs”). Sans contrat particulier, il recueille : 

  •  ¼ de la succession en pleine propriété ;

  • 100 % de l’usufruit des biens communs, puisque ces biens entrent dans la masse à partager entre lui et les enfants du défunt ;

  • La moitié de la communauté qui lui revient de plein droit, hors succession.

Les biens détenus avant l’union ou reçus par legs/donation restent personnels : chacun garde son “patrimoine propre”.

 

Quand le sur-mesure devient nécessaire

Beaucoup de couples souhaitent aller plus loin : verser dans la communauté un appartement acheté avant le mariage, prévoir un partage inégal ou ajouter une clause de préciput (le droit pour le survivant de prélever un bien avant tout calcul de parts). Ces aménagements sont possibles par contrat de mariage ou changement de régime matrimonial, mais déclenchent une arme redoutable détenue par les enfants du premier lit : l’action en retranchement.

Cette action judiciaire, prévue par l’article 1527 du Code civil, permet à ces enfants de faire réduire tout avantage matrimonial dépassant la part que la loi autorise à un conjoint (la « quotité disponible spéciale entre époux ») afin de récupérer leur réserve. Autrement dit, si la transmission au conjoint rogne trop leur héritage “intouchable”, ils peuvent la faire annuler partiellement.

 

Le piège du quart en pleine propriété

Si rien n’est prévu, le conjoint survivant reçoit d’office ¼ de la succession en pleine propriété. Or, cette fraction sort définitivement de la ligne familiale du défunt : à son propre décès, le conjoint pourra léguer ce quart à ses propres enfants ou à tout bénéficiaire de son choix. Pour éviter cette dilution, on peut :

  • signer une donation entre époux (dite “au dernier vivant”), qui laisse au conjoint le choix entre plusieurs options ;

  • ou, plus souplement, rédiger un testament donnant la totalité de la succession en usufruit (ou la quotité disponible en pleine propriété) sans toucher aux abattements réservés aux enfants.

Le testament se révèle souvent plus souple : il permet de priver le conjoint du quart en pleine propriété tout en lui confiant l’usage (usufruit) de biens précis, et ce sans déclencher l’action en retranchement.

 

Legs graduel : profiter sans démanteler

Pour éviter le démembrement de propriété (nue-propriété d’un côté, usufruit de l’autre), on peut préférer le legs graduel. Le principe : le conjoint reçoit la pleine propriété d’un bien (maison de vacances, portefeuille titres…), mais s’engage à le transmettre tel quel, à son décès, aux enfants du défunt. Il profite donc du bien librement, mais ne peut ni le vendre ni le léguer à ses propres héritiers. On obtient ainsi la jouissance complète pour le conjoint, tout en préservant l’arrivée des biens dans la lignée “d’origine”.

 

Quelques bonnes pratiques

  • Consulter un notaire dès que le couple envisage d’associer des biens personnels à la communauté : la structure optimale varie grandement selon l’âge des époux, leurs ressources et la composition familiale.

  • Parler ouvertement avec les enfants : expliquer les intentions apaise souvent les tensions futures.

  • Mettre à jour son contrat à chaque grande étape : naissance d’un nouvel enfant, achat immobilier, changement de régime matrimonial, départ à la retraite.

  • Prévoir des liquidités (assurance-vie au bénéfice du conjoint, par exemple) pour éviter qu’il doive vendre un bien familial pour régler les droits de succession.

 

Le droit français offre déjà au conjoint survivant une solide protection, mais celle-ci peut heurter les intérêts des enfants non communs si l’on ne prend pas certaines précautions. Contrat de mariage, donation entre époux, testament ciblé ou legs graduel : ces instruments, maniés avec soin, permettent d’éviter l’action en retranchement et de maintenir la paix familiale. Le meilleur réflexe reste donc d’anticiper, stylo et tableau patrimonial à la main, plutôt que de laisser la loi trancher après coup.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Casino et H&S Invest Holding prévoient d'ouvrir 210 magasins de proximité au Maroc.

 

  • UBS a racheté 1,7 MdCHF de ses propres actions.

 

  • Adidas prévient d'une fuite de données de clients lors d'un piratage.

 

  • Nvidia s'apprête à lancer une puce Blackwell AI moins chère pour le marché chinois après les restrictions américaines à l'exportation, selon Reuters. Le CEO Jensen Huang a par ailleurs estimé que la politique de réindustrialisation est "visionnaire".

 

  • Salesforce négocierait le rachat d'Informatica, selon Reuters et Bloomberg.

 

  • Donald Trump valide le principe d'un "partenariat" entre Nippon Steel et United States Steel.

 

  • Spie inaugure ses premières stations de recharge rapide à Châteauroux.

 

  • Vallourec va racheter 1,2 million d'actions d'ici le 20 juin.

 

  • Volvo Car va supprimer 3000 emplois dans le cadre d'une réduction des effectifs administratifs.

 

  • Les immatriculations de Tesla plongent de 49% en avril dans l'UE.

 

  • Antonio Filosa est nommé PDG de Stellantis, confirmant des rumeurs récentes.

 

  • Eurazeo investit dans l'éditeur 3P.

 

  • Le PDG d'UniCredit exclut tout mouvement concernant Generali.

 

  • Apple prévoit de lancer une application dédiée aux jeux vidéo.

 

  • Nissan prévoit de lever 7 milliards de dollars avec le soutien du gouvernement britannique, selon Bloomberg News.

 

  • TotalEnergies vend sa participation dans le champ Bonga pour 510 millions de dollars à Shell.

 

  • Alexandre Bompard a refusé de commenter les rumeurs de discussions d'un rachat de Carrefour par Ahold Delhaize fin 2024.

 

  • Le bénéfice net annuel de eDreams bondit de près de 40%.

 

  • Teddy Riner s'associe à l'un des repreneurs potentiels du Coq Sportif (Airesis).

 

  • Hailey Bieber vend sa marque de maquillage Rhode à Elf Beauty pour 1 Md$.

 

  • Ford rappelle plus d'un million de véhicules aux États-Unis, selon la NHTSA.

 

  • The Spar Group a mis en vente ses 363 filiales suisses, après avoir passé en revue ses activités en Europe.

 

  • John Hoke, directeur de la conception et de l'innovation chez Nike depuis des lustres, prend sa retraite, selon Bloomberg.

 

  • Les Etats-Unis approuvent la conception d'un réacteur nucléaire plus puissant de NuScale.

 

  • Meta se lance dans le militaire et noue un partenariat avec Anduril.

 

  • Hyundai envisage une hausse de 1% du prix de ses véhicules aux États-Unis pour contrer l'impact des droits de douane, selon Bloomberg.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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