L'Hebdo #137 : L’économie et les marchés face à de nouveaux défis et tout ce qu'il faut savoir sur le régime réel en LMNP
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Un mois de mai historique pour les indices
Le mois de mai 2025 a offert un regain inédit aux marchés financiers. Aux États-Unis, le S&P 500 a grimpé de 6,15 %, sa meilleure performance pour un mois de mai depuis 1990 et son plus beau bond mensuel depuis novembre 2023. Ce mouvement haussier ramène l’indice à seulement 3,8 % de son record de février 2025, après avoir stagné sur les mois de février, mars et avril. En Europe, le Stoxx Europe 600 a progressé de 4 % en mai, portant ses gains annuels à 8,1 %. Derrière ces chiffres, plusieurs catalyseurs : l’optimisme sur la solidité de l’économie américaine, des indicateurs macro rassurants et un contexte géopolitique temporairement apaisé. Les « sept magnifiques » de la tech (Microsoft, Nvidia, Apple, Amazon, Alphabet, Meta, Tesla) ont contribué à dynamiser Wall Street, affichant une hausse cumulée de 15 % depuis le 1er avril, presque le triple de la performance du S&P 500 sur la même période.
2. Les tensions budgétaires et commerciales de retour à Washington
Après l’adoption par la Chambre des représentants du projet de loi fiscale de l’administration Trump, le Sénat américain a commencé son examen, ravivant l’incertitude sur la trajectoire de la dette publique. Malgré les déclarations apaisantes du secrétaire au Trésor, Scott Bessent, qui assure que « les États-Unis ne feront jamais défaut », les milieux financiers redoutent un bras de fer prolongé et ses répercussions sur les marchés obligataires. Parallèlement, le bras de fer commercial s’intensifie : un tribunal fédéral a alterné suspension et rétablissement des droits de douane, tandis que Pékin et Washington crient chacun à la mauvaise foi de l’autre. Le secrétaire au Commerce Howard Lutnick n’a pas caché sa détermination à maintenir ces surtaxes, soulignant que l’administration userait de tous ses pouvoirs pour défendre ses intérêts. Ces éléments nourrissent une volatilité parfois brutale et rappellent que la politique reste un moteur majeur des mouvements de marché.
3. La rupture Trump-Musk et ses répercussions sur la tech
La fin brutale de la « romance » entre Donald Trump et Elon Musk a provoqué une onde de choc dans le secteur technologique et bien au-delà. Après des échanges virulents sur les réseaux sociaux, l’action Tesla a plongé de 14 % en une seule séance, pénalisant l’ensemble des valeurs de croissance et renforçant la volatilité sur les cryptomonnaies. Ce conflit met en lumière l’influence considérable des rapports personnels entre dirigeants politiques et industriels : menaces de suppression de contrats fédéraux, critiques publiques sur la législation fiscale et joutes verbales à grand spectacle tendent à peser sur la confiance des investisseurs. À court terme, les réactions ont été sévères ; à plus long terme, elles soulignent la déconnexion possible entre la performance opérationnelle des entreprises et leur valorisation boursière dès lors que la sphère politique s’en mêle.
📰 Le dossier de la semaine : L’économie et les marchés face à de nouveaux défis
Alors que la trêve printanière laissait entrevoir un répit pour les investisseurs, l’été 2025 s’annonce comme une véritable épreuve de résistance. Entre menaces tarifaires, échéances politiques et indicateurs économiques mitigés, les marchés ont montré une remarquable solidité depuis leur point bas d’avril. Pourtant, plusieurs jalons s’approchent : expiration des accords de suspension de droits de douane, débats parlementaires aux États-Unis et réunions des banques centrales sont autant de relais de volatilité potentielle.
En dépit de ces incertitudes, la dynamique des derniers mois repose sur des fondations bien plus solides que lors des précédents cycles de tension. L’analyse des chiffres de mai, la vigueur des publications de résultats et la trajectoire des indices internationaux dessinent un paysage où prudence et opportunités peuvent coexister.
I. Une résistance inattendue du marché du travail américain
Au cœur de cette résilience se trouve, d’abord, le marché de l’emploi aux États-Unis. En mai, l’économie a enregistré près de 140 000 créations de postes, légèrement au-dessus des attentes des économistes, et le taux de chômage est resté stable à 4,2 %. Pour mettre ces chiffres en perspective, ce niveau de chômage figure parmi les plus bas des soixante-dix dernières années. Si le rythme d’embauche marque un léger fléchissement par rapport à l’hiver, la progression des salaires continue de dépasser l’inflation, alimentant une consommation toujours robuste.
Certes, les données des mois précédents ont été révisées à la baisse et la participation à la population active a connu une petite contraction, sans doute liée à des ajustements de politique migratoire. Mais ces ajustements n’entament pas la conviction générale : l’économie américaine parvient à digérer ses tensions commerciales sans basculer dans une récession accélérée, ce qui incite la Réserve fédérale à temporiser avant d’envisager une première baisse de ses taux.
II. Rebond marqué et rôle des résultats d’entreprise
Depuis le creux atteint début avril, les principaux indices ont repris plus de 20 % de leur valeur. Cette montée en puissance s’explique d’abord par un apaisement – relatif – des conflits tarifaires : plusieurs mesures ont été repoussées ou ajournées, laissant place à des discussions plus fines à l’échelle bilatérale. Parallèlement, les perspectives de politiques fiscales plus stimulantes aux US (notamment de nouvelles baisses d’impôts) offrent un supplément de confiance aux investisseurs.
Plus déterminant encore, la saison des résultats du premier trimestre a confirmé la vigueur des bénéfices. Aux États-Unis, les sociétés du S&P 500 ont vu leurs profits progresser d’environ 12 % par rapport à l’an passé. Les secteurs technologique, des services de communication et de la consommation discrétionnaire ont particulièrement tiré leur épingle du jeu, grâce à des investissements massifs dans l’intelligence artificielle et à une demande toujours soutenue pour les produits haut de gamme. Cette performance a permis notamment à NVIDIA de retrouver sa place de plus grosse capitalisation mondiale, au gré des annonces sur l’essor de l’IA.
III. Vers un été riche en points d’inflexion
Pour les semaines à venir, plusieurs dates méritent une attention soutenue. D’une part, les pauses de 90 jours sur certains droits de douane arrivent à échéance en juillet et en août, ouvrant la voie à d’éventuelles hausses qui pourraient rebattre les cartes du commerce international. D’autre part, la Fed n’a pas l’intention de bouger avant septembre, même si l’impact des tarifs finira par se refléter dans les indicateurs macroéconomiques. Enfin, la montée des débats sur le plafond de la dette aux États-Unis, avec un risque de paralysie budgétaire à l’horizon mi-juillet, pourrait redistribuer la confiance sur les marchés obligataires et sur le dollar.
Dans ce contexte, il est possible que la volatilité refasse surface par épisodes, mais elle trouvera comme contrepoids la solidité des fondamentaux économiques et la perspective de politiques monétaires et budgétaires plus accommodantes d’ici à la fin de l’année.
Quels choix tactiques pour le portefeuille ?
Pour traverser ce chemin semé d’embûches, il paraît encore judicieux de conserver une légère surpondération des actions, en privilégiant tout particulièrement les grands groupes technologiques américains dont la puissance financière et l’innovation offrent une meilleure visibilité. Les obligations, plus sensibles aux rebonds de la volatilité, restent un pare-choc utile en cas de correction. Enfin, une diversification géographique et sectorielle permettra de capter les poches de croissance là où la valorisation est encore modérée et les catalyseurs à venir nombreux.
Au total, cet été ne sera pas de tout repos, mais il pourra offrir des opportunités à ceux qui sauront naviguer entre prudence et prise de position opportuniste.
🏠 Immobilier : Est-ce intéressant d’opter pour le régime fiscal réel en LMNP ?
Investir dans un logement meublé non professionnel (LMNP) offre deux principales options fiscales : le micro-BIC, avec son abattement forfaitaire, et le régime réel, qui permet de déduire l’ensemble des charges réelles. Choisir le régime réel peut se révéler particulièrement intéressant lorsque le montant des dépenses dépasse la moitié des loyers perçus. Dans cette fiche, nous passons en revue son fonctionnement, ses avantages et les démarches à accomplir pour en profiter pleinement, tout en détaillant les obligations comptables qui en découlent.
Pourquoi opter pour le réel plutôt que pour le micro-BIC ?
Le principal avantage du régime réel réside dans la possibilité de déduire du résultat imposable l’ensemble des charges réellement supportées (intérêts d’emprunt, frais de copropriété, travaux, honoraires, voire frais de gestion) ainsi que l’amortissement du bien et du mobilier. Concrètement, si ces charges et amortissements représentent plus de 50 % des loyers, le régime réel permet de réduire davantage l’assiette fiscale qu’avec l’abattement forfaitaire de 50 % du micro-BIC. À l’inverse, si le poids des dépenses est moins important, le micro-BIC reste plus simple et plus avantageux.
Les étapes pour passer au régime réel simplifié
Pour bénéficier du régime réel, le bailleur doit déclarer son choix soit lors de sa déclaration de démarrage d’activité LMNP, soit ultérieurement, par courrier recommandé au centre des impôts dont il dépend. La date limite pour exercer cette option a été récemment repoussée : il n’est plus nécessaire de le faire avant le 1er février de l’année suivante, mais simplement avant la date limite de dépôt de la déclaration générale des revenus.
Charges et amortissements : réduire efficacement son bénéfice imposable
Au régime réel, toutes les dépenses engagées pour l’exploitation du logement sont déductibles à condition d’être justifiées et rattachées à l’exercice courant. On peut ainsi imputer les intérêts d’emprunt, les charges de copropriété, la taxe foncière, les travaux d’entretien et de rénovation, ainsi que les frais de gestion et d’expertise comptable. L’amortissement, quant à lui, vient en plus des charges : il consiste à répartir le coût d’acquisition du bien, du mobilier et des éventuels travaux sur une durée correspondant à leur durée d’utilisation, ce qui réduit encore le bénéfice imposable. En cas de déficit (charges et amortissements supérieurs aux recettes), le montant n’est pas perdu : il est reportable sur les exercices suivants, sans toutefois donner lieu à déduction du revenu global.
Pour savoir, si la déduction charge possible au régime réel est plus avantageuse qu’en micro-BIC, il convient donc de faire un rapide calcul.
Prenons l’exemple d’un propriétaire qui perçoit 600 € de loyers par mois, soit 7.200 € par an :
Dans cet exemple, le régime fiscal réel en LMNP est donc plus intéressant.
(capture d'écran LegalStart)
Obligations comptables associées
Adopter le régime réel implique de tenir une comptabilité plus rigoureuse que sous le micro-BIC. Le loueur doit élaborer un bilan simplifié, un compte de résultat détaillant les résultats comptables et fiscaux, ainsi qu’un tableau des immobilisations et des amortissements. L’ensemble est transmis chaque année, par voie dématérialisée, via la déclaration 2031. Beaucoup de propriétaires font appel à un expert-comptable pour garantir la conformité des déclarations et éviter tout redressement.
Le choix du régime réel simplifié en LMNP constitue une excellente stratégie pour optimiser sa fiscalité dès lors que l’on supporte des charges et amortissements conséquents. En dépit des formalités comptables plus lourdes, les économies d’impôt qui en résultent compensent largement cet effort administratif, surtout si l’on se fait accompagner par un professionnel.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Christian Dior (LVMH) nomme Jonathan Anderson directeur artistique de la mode féminine et de la haute couture.
Atos a reçu une offre ferme du gouvernement français pour acquérir une partie de son ancienne activité Advanced Computing, à l'exclusion des activités Vision AI, pour une valeur d'entreprise de 410 M€.
Volkswagen est en pourparlers "constructifs" avec le gouvernement américain au sujet des droits de douane et souhaite réaliser des investissements "massifs" aux Etats-Unis.
L'investisseur activiste Farallon a acquis une participation de 4 à 5% dans T&D Holdings, révèle le FT.
Vodafone Qatar choisit Nokia pour un contrat majeur de modernisation de son réseau.
Les compagnies aériennes s’opposent à un projet de loi visant à limiter les frais Visa/Mastercard, craignant qu’il menace les programmes de cartes de crédit à miles.
Walt Disney va licencier des centaines de personnes.
Microsoft va investir 400 millions de dollars en Suisse dans l'intelligence artificielle et le cloud computing.
Le nombre d'utilisateurs quotidiens de Temu (PDD Holdings) aux Etats-Unis a été divisé par deux après la fin de la règle "de minimis" sur les frais d'importation.
EQT boucle la cession de 19 millions de titres Galderma.
L'Oréal est sur le point d'acquérir la marque britannique de cosmétiques Medik8 pour 1 Md€, selon le FT.
EssilorLuxottica va acquérir les magasins A-Look, Seen et Owl en Malaisie.
Hydrogène De France signe un accord au Vietnam pour décarboner les réseaux électriques ainsi que deux accords en Indonésie.
Amazon va investir 10 milliards de dollars en Caroline du Nord pour développer son infrastructure de cloud et d'IA. Amazon qui se prépare à tester des robots humanoïdes pour les livraisons, selon The Information.
Le déploiement de l'IA d'Apple et Alibaba en Chine est retardé par la guerre commerciale de Trump, selon le FT.
Saint-Gobain reconduit Benoit Bazin à la présidence et à la direction générale.
Renault signe un partenariat avec Wandercraft, un leader en robotique de nouvelle génération.
Citigroup prévoit de supprimer 3 500 postes en Chine.
Tesla plonge de 14% après la passe d'armes entre Musk et Trump.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse