L'Hebdo #138 : Les fondamentaux de l'économie américaine tiennent bon malgré les incertitudes et vers une nouvelle fiscalité pour relancer l’investissement privé
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Un pétrole sous pression, l’or prend le relais
La semaine a été marquée par un retour brutal du risque géopolitique. Dans la nuit de jeudi à vendredi, Israël a frappé plusieurs sites nucléaires iraniens, en éliminant plusieurs figures clés du programme militaire de Téhéran. Si les installations pétrolières n’ont pas été directement ciblées, l’opération a fait ressurgir la crainte d’un embrasement dans le Golfe persique, notamment autour du détroit d’Ormuz, passage stratégique pour un tiers des flux mondiaux de pétrole. Résultat immédiat : le baril de Brent a bondi de plus de 11 %, enregistrant sa plus forte hausse hebdomadaire depuis trois ans. Les investisseurs ont également redirigé une partie de leurs flux vers les valeurs refuge. L’or a ainsi atteint un plus haut de deux mois à plus de 3 400 dollars l’once, tandis que le franc suisse s’est apprécié. Ce cocktail d’incertitude a logiquement fait baisser les indices européens, le CAC 40 cédant plus de 1,5 % sur la semaine. Côté américain, le repli a été plus mesuré, mais la volatilité est bien de retour.
2. Un accord Chine–États-Unis… qui fait pschitt
Les discussions commerciales entre Pékin et Washington, relancées à Londres après un premier round à Genève, ont accouché d’un accord-cadre très limité. Quelques engagements ont été pris, notamment sur l’allègement des restrictions autour des terres rares et de certaines technologies sensibles. Mais les détails manquent cruellement et les effets sont pour l’instant uniquement symboliques. L’absence de mesures concrètes et l’incertitude sur la validation par Trump et Xi n’ont pas suffi à rassurer les marchés. Les opérateurs, lucides, jugent qu’un moratoire sans avancée structurelle ne règle ni le déséquilibre commercial ni la défiance croissante entre les deux puissances. D’ailleurs, la réaction boursière a été très modérée, voire franchement négative. Les indices américains ont légèrement reculé malgré ces annonces, préférant se reconcentrer sur la trajectoire de l’inflation et des taux. Ce retour à la prudence est aussi lié à la forte hausse des dernières semaines : le S&P 500 a déjà repris plus de 25 % depuis avril. En Europe, l’effet d’aspiration s’est également essoufflé, les investisseurs semblant vouloir sécuriser une partie de leurs gains.
3. Inflation, banques centrales et retour à la réalité
Au-delà du bruit géopolitique, les marchés ont passé la semaine à recalibrer leurs anticipations sur les politiques monétaires. Aux États-Unis, les données publiées mercredi ont montré une inflation en légère accélération à 2,5 % sur un an, avec une composante « core » à 2,9 %. Rien de dramatique, mais suffisant pour refroidir les espoirs d’une baisse imminente des taux par la Fed. Les rendements obligataires se sont tendus, et les discours prudents des membres de la Réserve fédérale ont renforcé cette impression d’un statu quo prolongé. En Europe, les attentes sont également modérées : la BCE a entamé son cycle de baisse, mais la suite dépendra fortement des prochains indicateurs d’activité et de prix. Plusieurs banques centrales sont d’ailleurs attendues dans les jours à venir, notamment la Banque du Japon, la Banque d’Angleterre et la Banque nationale suisse. Pour les investisseurs, la fin du semestre s’annonce délicate à naviguer : les publications d’entreprises sont encore rares, les flux sont plus erratiques, et le climat macroéconomique reste chargé. Si les tensions au Moyen-Orient devaient s’aggraver, ou si Trump poursuivait son offensive commerciale, le scénario d’un été calme pourrait rapidement être enterré.
📰 Le dossier de la semaine : Economie américaine, les fondamentaux tiennent bon malgré les incertitudes
L’année 2025 a démarré dans un climat d’incertitude : guerre commerciale, tensions au Moyen-Orient, hésitations sur la politique monétaire… Et pourtant, les fondamentaux économiques américains tiennent le choc.
Croissance, emploi, inflation : les trois piliers de la conjoncture restent solides. Une situation qui alimente la performance des marchés actions depuis avril, tout en laissant planer quelques doutes sur la suite du scénario. Voici un point complet sur la première moitié de l’année et les signaux à suivre dans les mois à venir.
1. Une croissance économique qui résiste
L’économie américaine surprend par sa capacité de résilience. Alors que les premiers mois de l’année laissaient craindre un essoufflement, notamment après un premier trimestre pénalisé par une hausse exceptionnelle des stocks, les indicateurs du deuxième trimestre repartent à la hausse.
Selon les dernières estimations, le PIB américain pourrait progresser de plus de 3 % au T2. Cette reprise est principalement portée par la consommation des ménages, qui reste soutenue malgré les incertitudes. Les dépenses des foyers américains sont en hausse, tirées par une inflation contenue et des revenus réels en amélioration. En clair, les salaires progressent plus vite que les prix.
À noter : les États-Unis conservent une structure économique très orientée services (environ 70 % du PIB), ce qui leur permet d’amortir plus facilement les hausses de prix sur les biens importés. Même si la consommation ralentit légèrement sur les biens durables, elle reste solide dans les services (restauration, tourisme, soins, éducation…).
2. Emploi stable, inflation sous contrôle : les fondamentaux tiennent
Du côté du marché du travail, les craintes d’un retournement sont pour l’instant écartées. Le taux de chômage reste stable autour de 4,2 %, un niveau historiquement bas. On observe un ralentissement des embauches, mais également une très faible hausse des licenciements : les entreprises privilégient la prudence, mais cherchent à conserver leurs talents dans un contexte encore compétitif.
Côté salaires, les augmentations annuelles se situent entre 3,5 % et 4 %. Cela permet aux ménages de bénéficier de revenus réels positifs, renforçant leur confiance et leur capacité à consommer.
L’inflation, quant à elle, reste maîtrisée. Les données les plus récentes montrent une hausse annuelle des prix à la consommation (CPI) de 2,4 % et une inflation des prix à la production (PPI) de 2,6 %. Deux chiffres rassurants, proches des objectifs de la Réserve fédérale.
Malgré les tensions commerciales, les prix des biens restent contenus – probablement grâce aux stratégies d’anticipation mises en place par les entreprises : constitution de stocks, diversification des chaînes d’approvisionnement ou absorption partielle des hausses de coûts pour éviter de les répercuter trop vite au consommateur.
3. Ce qu’il faut suivre au second semestre 2025
Le deuxième semestre s’annonce plus incertain, avec plusieurs catalyseurs susceptibles de faire bouger les marchés. Voici les principaux points à surveiller :
Les négociations commerciales
Les discussions entre les États-Unis et la Chine ont permis d’esquisser un cadre de travail : une baisse des droits de douane sur certains produits chinois, et des concessions sur les barrières non tarifaires (rares terres, aéronautique). Cela reste cependant fragile, et tout rebond des tensions pourrait perturber les chaînes logistiques.
En parallèle, l’échéance du 9 juillet marquera la fin de la trêve douanière avec d’autres partenaires économiques. Le risque ? Une hausse automatique des tarifs si aucun accord n’est trouvé. L’administration américaine a évoqué un possible report pour les pays jugés de bonne foi… mais rien n’est encore acté.
Les tensions géopolitiques
Les récents développements au Moyen-Orient, notamment les frappes israéliennes contre des installations iraniennes, ont fait grimper les cours du pétrole de 5 à 7 %. Ce genre d’événement entraîne généralement un mouvement de repli sur les actifs défensifs et une volatilité accrue sur les marchés actions. Si ces tensions persistent, elles pourraient peser sur la croissance mondiale et alimenter l’inflation énergétique.
Le projet de loi fiscale aux États-Unis
Un projet de loi est en discussion au Sénat, principalement axé sur la prolongation des baisses d’impôts décidées lors du Tax Cuts and Jobs Act. S’il est adopté, l’impact macroéconomique sera probablement limité, car il reconduirait l’existant. Mais tout ajout de mesures de relance pourrait redonner un coup de fouet à la consommation et à l’investissement.
La politique des banques centrales
La Réserve fédérale pourrait procéder à une ou deux baisses de taux d’ici la fin de l’année si l’activité économique montre des signes de faiblesse. Pour l’instant, les banques centrales sont en mode “pause” : elles attendent des données plus claires sur les conséquences des tarifs douaniers et l’évolution du marché du travail.
En résumé, les six premiers mois de 2025 ont montré que l’économie américaine restait robuste, malgré un environnement mondial incertain. Les entreprises ont publié de bons résultats, les consommateurs continuent de dépenser, et les pressions inflationnistes restent contenues.
Mais les mois à venir pourraient être plus agités. Entre les négociations commerciales, la géopolitique et les décisions des banques centrales, les investisseurs devront rester attentifs.
Dans ce contexte, rester investi et diversifié paraît plus que jamais pertinent. Les périodes de repli pourraient offrir de belles opportunités pour renforcer ses positions, à condition de garder une vision de long terme.
🏠 Immobilier : Immobilier locatif, vers une nouvelle fiscalité pour relancer l’investissement privé
Face à la crise du logement et à l’effondrement de l’investissement locatif depuis la fin du dispositif Pinel, l’exécutif semble décidé à revoir en profondeur la fiscalité applicable aux bailleurs privés. Un nouveau statut, actuellement à l’étude, pourrait transformer les règles du jeu dès 2026, en introduisant notamment un mécanisme d’amortissement fiscal. L’objectif ? Redonner envie d’investir dans la location nue, tout en soutenant l’offre de logements disponibles dans les zones tendues.
Un mécanisme d’amortissement fiscal sur 20 ans
Au cœur du projet, on retrouve l’idée d’un amortissement progressif de la valeur du bien, permettant aux bailleurs de déduire chaque année une part fixe du montant investi. Selon les premières pistes évoquées dans le rapport Daubresse-Cosson, le propriétaire pourrait ainsi amortir 4 % par an de la valeur de son bien immobilier, soit 80 % au total sur vingt ans. Ce nouveau cadre s’appliquerait aussi bien aux logements anciens qu’aux neufs, à condition qu’ils soient loués nus dans le cadre de baux de longue durée.
Ce mécanisme viendrait en remplacement d’une taxation au prélèvement forfaitaire unique de 30 %, un temps envisagée mais finalement écartée. Il s’agirait d’une rupture nette avec l’approche actuelle fondée sur le micro-foncier ou le régime réel, tout en conservant certains outils fiscaux existants comme le déficit foncier. Ce dernier, déjà renforcé temporairement jusqu’à fin 2025 pour les travaux de rénovation énergétique, pourrait être pérennisé et son plafond revalorisé.
Comme pour le régime du meublé, les amortissements viendraient réduire fortement l’assiette imposable pendant la phase de location. En revanche, ils seraient intégrés dans le calcul de la plus-value en cas de revente. Autrement dit, les économies fiscales réalisées durant la détention pourraient partiellement être récupérées à la sortie, via une base de plus-value plus élevée. Une manière d’équilibrer les avantages sans créer de distorsions fiscales durables.
Relancer l’investissement dans un contexte d’hostilité croissante
Si l’idée d’un statut spécifique n’est pas nouvelle, sa mise en œuvre prend un sens particulier dans un contexte où les propriétaires bailleurs se sentent de plus en plus découragés. Entre les obligations de rénovation énergétique, l’encadrement des loyers, les permis de louer, la fiscalité alourdie ou encore les risques d’impayés, nombreux sont ceux qui préfèrent vendre plutôt que de louer.
Les chiffres sont clairs : au premier trimestre 2025, les ventes à des investisseurs particuliers dans le neuf ont chuté de plus de 40 %. À Paris, certaines annonces de studios accessibles génèrent plus de 500 demandes, signe que le parc locatif ne suit plus la demande. Cette tension croissante inquiète les pouvoirs publics, d’autant qu’elle pénalise directement les étudiants, les jeunes actifs et les ménages modestes dans leur recherche de logement.
L’idée de construire un statut du bailleur privé revient donc sur le devant de la scène avec un appui politique transpartisan. Une proposition de loi portée par le député Charles de Courson a été déposée en avril, visant à créer un régime attractif pour les particuliers louant dans le neuf, avec des avantages fiscaux conditionnés à des plafonds de loyers et une durée minimale de location. Elle suggère, entre autres, une taxation à la flat tax et une exonération d’IFI. Toutefois, ce n’est pas cette piste qui semble aujourd’hui privilégiée par le ministère du Logement.
Ce qu’il faut suivre au second semestre 2025
Le rapport Daubresse-Cosson est attendu pour la fin du mois de juin. Il détaillera les contours précis du futur statut, notamment les taux, les plafonds, les obligations de location et les interactions avec les dispositifs existants. À ce jour, rien n’a été officiellement arbitré, et la balle est dans le camp de Bercy. Dans un contexte budgétaire extrêmement contraint, la question centrale est de savoir si ce nouveau statut pourra voir le jour sans peser trop lourdement sur les finances publiques.
En supposant que les propositions soient retenues, leur mise en œuvre ne pourrait pas intervenir avant 2026, probablement dans le cadre de la loi de finances. Le calendrier parlementaire, l’état des comptes publics et l’acceptation de la mesure par les différentes parties prenantes seront déterminants. Par ailleurs, la coordination avec les aides à la rénovation (comme MaPrimeRénov’) et la cohérence avec le DPE resteront des points de vigilance.
Une réforme prometteuse mais encore incertaine
Le statut du bailleur privé, tel qu’envisagé, représente une opportunité de redonner confiance aux investisseurs dans l’immobilier résidentiel, tout en modernisant une fiscalité locative jugée obsolète et dissuasive. La logique de l’amortissement introduit une forme de reconnaissance du rôle économique du bailleur, considéré non plus comme un rentier mais comme un acteur productif au service du logement.
Toutefois, rien n’est encore gagné. Entre volonté politique, contraintes financières et calendrier législatif, le chemin sera étroit. Si cette réforme voit le jour, elle pourrait marquer un tournant historique dans l’attractivité de l’immobilier locatif en France. Mais pour l’heure, il s’agit surtout de rester attentif, d’analyser finement les mesures annoncées, et d’anticiper les éventuelles opportunités à venir.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Porsche dément les informations concernant un transfert de sa production aux États-Unis en raison des droits de douane.
Deutsche Bank envisage les stablecoins et les dépôts tokenisés selon Bloomberg.
HSBC approche l'ancien directeur général de McKinsey pour le poste de président.
Meta a déboursé près de 14,3 milliards de dollars pour acquérir une participation dans Scale AI, selon The Information.
Bastide vend ses filiales françaises Cicadum et Medsoft à leurs fondateurs.
Le Royaume-Uni choisit Rolls-Royce SMR pour construire de petits réacteurs nucléaires modulaires.
Amazon va investir 20 milliards de dollars en Pennsylvanie pour son infrastructure IA.
Walt Disney verse un complément de 439 millions de dollars à NBC Universal (Comcast) pour le rachat de Hulu.
Apple ouvre son IA aux développeurs, mais reste modeste quant à ses ambitions à plus long terme.
Orange Business et Toshiba lancent un réseau quantique sécurisé en France.
Fnac Darty vise une marge opérationnelle supérieure à 3% d'ici 2030.
General Motors va investir 4 milliards de dollars dans trois usines américaines afin d'accélérer la production de véhicules à essence.
Nintendo a vendu 3,5 millions de Switch 2 en quatre jours.
La famille Arnault cède le solde de sa participation dans Lagardère.
Nvidia exclut la Chine de ses prévisions en raison des restrictions américaines sur les exportations de puces, selon CNN.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse