L'Hebdo #145 : A quoi s’attendre après les décisions de la Fed et faut-il craindre un nouveau repli du marché immobilier ?

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Trump appuie là où ça fait mal

La trêve douanière n’aura pas duré. L’administration Trump a mis à exécution sa menace d’instaurer de nouvelles taxes à l’importation, visant une série de pays jugés trop peu coopératifs. Après l’Europe – qui a finalement accepté des droits de douane de 15 % dans le cadre d’un accord perçu comme un aveu de faiblesse – c’est au tour du Brésil, du Canada, de la Suisse ou encore de l’Inde d’être dans le viseur, avec des surtaxes allant jusqu’à 50 %. Certaines mesures entreront en vigueur dès le 7 août, mais des négociations sont encore en cours, notamment avec le Mexique et la Chine.

Ces décisions renforcent la position de Donald Trump en tant que maître du tempo commercial mondial. À travers des stratégies de pression très visibles, il pousse ses partenaires à accepter des termes asymétriques, tout en s'assurant le soutien d’une base électorale séduite par ce discours de fermeté. En bourse, cette offensive douanière s’est traduite par une hausse de la volatilité, des replis sur les grandes valeurs cycliques, et un net recul des indices en fin de semaine. Les marchés digèrent mal le retour en force d’une guerre commerciale qui semblait rangée au placard depuis 2019.

 

2. La Fed refroidit l’ambiance

Alors que les marchés espéraient un signal clair d’assouplissement de la politique monétaire, la Réserve fédérale américaine a laissé les taux inchangés… mais en adoptant un ton plus ferme que prévu. Jerome Powell, lors de sa conférence de presse, a insisté sur la nécessité de disposer de "preuves tangibles" d’un ralentissement de l’inflation avant d’envisager un geste accommodant. Résultat : les anticipations de baisse des taux dès septembre ont été revues à la baisse, tombant sous la barre des 50 %.

Le discours de la Fed a surpris par sa prudence et a mis en lumière des divisions internes. Deux membres du FOMC ont plaidé pour une baisse immédiate, ce qui serait inédit depuis les années 1990 si cela se concrétisait. Dans l’ensemble, le message envoyé est clair : la Fed ne se précipitera pas pour faire plaisir aux marchés, même sous la pression politique. Le dollar s’est raffermi, les taux longs ont rebondi, et les valeurs technologiques ont perdu du terrain… à l’exception de quelques mastodontes qui ont su tirer leur épingle du jeu grâce à leurs résultats.

 

3. La saison des résultats fait la pluie et le beau temps

La semaine a été marquée par une avalanche de publications de résultats trimestriels, avec plus de 50 grandes capitalisations en lice, représentant des milliers de milliards de dollars de capitalisation boursière. Microsoft et Meta ont impressionné, portés par la croissance de leurs activités liées à l’intelligence artificielle. Leurs résultats ont suffi à tirer temporairement les marchés vers le haut, avec des hausses hors séance de +8 % et +11,5 % respectivement. D’autres, comme Danone, ArgenX, ou Société Générale ont également surpris positivement.

Mais les déceptions ont été nombreuses : Amazon a déçu sur ses perspectives de croissance dans le cloud, Align a chuté après avoir renoncé à ses objectifs annuels, et Teleperformance s’est effondré de près de 24 % sur fond de résultats ternes et de doutes autour de sa stratégie IA. Le CAC 40 a reculé de 3,68 %, plombé par Hermès, Accor, AXA ou encore Saint-Gobain. Le S&P 500, de son côté, a perdu 2,36 %, terminant une série haussière entamée début juillet.

Au-delà des résultats, les marchés ont aussi été ébranlés par un cocktail de facteurs : les tensions géopolitiques, la fermeté inattendue de la Fed, l’annonce de nouveaux droits de douane, et les valorisations tendues des grands indices. Résultat : les investisseurs commencent à se montrer plus prudents à l’approche d’un mois d’août traditionnellement volatil.

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📰 Le dossier de la semaine : Politique monétaire, inflation et emploi : à quoi s’attendre après les décisions de la Fed ?

Alors que les tensions commerciales s’intensifient et que la croissance ralentit légèrement, la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés lors de sa réunion de juillet. Cette décision intervient dans un contexte d’incertitudes persistantes : hausse des droits de douane, ralentissement du marché du travail, et pression politique croissante en faveur d’un assouplissement monétaire.

 

La Fed reste en pause, mais les marchés anticipent des baisses de taux

Le taux directeur de la Fed reste inchangé, maintenu dans une fourchette de 4,25 % à 4,5 %. Fait notable, deux membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur d’une baisse immédiate – une première depuis 1993. Si la Fed ne s’est pas engagée clairement sur une baisse imminente, elle n’exclut pas cette possibilité, laissant entendre qu’un assouplissement pourrait intervenir si les données économiques se détériorent davantage.

Cette prudence s'explique notamment par l’incertitude liée aux nouvelles hausses de droits de douane. Bien que certains accords aient été conclus avec des partenaires commerciaux comme le Japon ou l’Union européenne, de nombreuses zones d’ombre subsistent quant à l’impact réel de ces nouvelles barrières sur les prix à la consommation et l’activité économique.

À la suite de la publication du rapport sur l’emploi aux États-Unis début août, les marchés intègrent désormais une probabilité de 80 % pour une première baisse de taux dès septembre, contre seulement 38 % juste après la réunion de la Fed, selon les données du CME FedWatch.

 

Des tarifs douaniers plus élevés : vers une inflation sur les biens ?

Avec la date butoir du 1er août désormais dépassée, les nouveaux barèmes tarifaires sont entrés en vigueur. Certains produits importés aux États-Unis font désormais face à des hausses de droits pouvant atteindre 41 %, contre une moyenne de 2,4 % en début d’année. D’après les calculs du Yale Budget Lab, la moyenne pondérée des droits de douane américains est désormais proche de 18,3 %, un record depuis les années 1930.

Si la hausse des tarifs devrait provoquer une augmentation des prix de certains biens, son effet global sur l’inflation reste à nuancer. Aux États-Unis, la pondération des services dans l’indice des prix à la consommation (CPI) est d’environ 64 %, contre 36 % pour les biens. Autrement dit, même si les tarifs renchérissent certains produits, leur effet global sur l’inflation pourrait être limité si les services restent modérés – ce qui est le cas depuis plusieurs mois.

Par ailleurs, certaines entreprises avaient anticipé ces hausses en constituant des stocks avant l’échéance. Ces stocks sont désormais écoulés et les nouvelles commandes devront intégrer les coûts plus élevés, ce qui pourrait se traduire par une baisse de la demande dans certaines catégories, notamment sur les biens de consommation discrétionnaires.

 

L’emploi en perte de vitesse : un signal à surveiller de près

Le rapport sur l’emploi de juillet aux États-Unis a montré un net ralentissement du marché du travail. Seulement 73 000 créations de postes ont été enregistrées, bien en dessous des prévisions (104 000). Pire encore, les chiffres des deux mois précédents ont été révisés à la baisse, avec plus de 260 000 postes supprimés par rapport aux premières estimations.

Sur les trois derniers mois, les créations nettes d’emplois se limitent à une moyenne de 35 000 par mois, contre 127 000 auparavant. Le taux de chômage a légèrement augmenté à 4,2 % et le taux de participation à la population active a chuté à 62,2 %, soit son plus bas niveau depuis novembre 2022.

Ces chiffres renforcent l’idée que l’économie américaine entre dans une phase de ralentissement modéré. Si l’on ajoute à cela l’effet décalé des hausses tarifaires, la consommation des ménages pourrait être fragilisée à court terme.

 

Une stratégie de placement adaptée dans un contexte incertain

Dans ce contexte mêlant pressions inflationnistes sur les biens, tassement du marché du travail et maintien des taux d’intérêt à des niveaux élevés, les investisseurs doivent rester vigilants mais constructifs. Les marchés ont connu un rebond significatif depuis avril, et des périodes de volatilité pourraient réapparaître à mesure que l’économie digère ces nouvelles données.

Pour tirer parti de ces fluctuations, une gestion active et diversifiée s’impose. Les actions américaines de grande et moyenne capitalisation restent attractives, notamment dans les secteurs de la santé, de la finance et de la consommation discrétionnaire. Du côté obligataire, les obligations d’entreprises bien notées (investment grade) à longue duration permettent de capter des rendements intéressants tout en offrant une protection en cas de baisse de taux.

 

En conclusion : rester calme face à la tempête

Entre tensions commerciales, ajustements économiques et attentes sur les taux, les marchés devront franchir plusieurs obstacles d’ici la fin de l’année. Pour autant, les fondamentaux restent solides, et les perspectives de baisse de taux pourraient offrir un soutien bienvenu en 2026.

Dans un environnement aussi mouvant, la qualité de la gestion fait toute la différence. Il ne faut donc pas réagir de manière émotionnelle, mais plutôt de s’appuyer sur un cadre d’investissement robuste, piloté par des professionnels. 

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🏠 Immobilier : Faut-il craindre un nouveau repli du marché ?

Malgré un léger rebond des prix cet été, le marché immobilier français reste sous tension. Derrière les chiffres rassurants en surface, les signaux restent contrastés. Taux d’intérêt, disparités régionales, incertitudes politiques et fiscales : les obstacles à une reprise durable ne manquent pas. 

 

Un sursaut d'activité… qui reste fragile

Au 1er août 2025, le prix moyen du mètre carré en France s’établit à 3.115 euros, en hausse de 1,1 % depuis le début de l’année. Cette progression s’explique en partie par le repli des taux d’intérêt immobiliers, passés de plus de 4,2 % fin 2023 à 3,07 % en juillet 2025. Résultat : la demande solvable revient timidement, soutenue également par l’effet d’anticipation lié à la hausse des droits de mutation entrée en vigueur au printemps.

Les volumes de vente repartent doucement à la hausse, avec 892.000 transactions enregistrées sur douze mois glissants fin avril, contre 832.000 à l’automne précédent. Un chiffre salué par les réseaux d’agences comme un retour à une forme de normalité post-Covid. Certains experts, comme la FNAIM, misent même sur 940.000 ventes pour l’année, soit +11 % par rapport à 2024.

Mais ce redémarrage reste à relativiser. Le marché s’était fortement contracté ces dernières années, et ce rattrapage part donc d’un niveau historiquement bas. Les notaires eux-mêmes parlent d’une reprise “modeste” et pointent la possibilité d’un contrecoup à la rentrée, notamment si l’effet d’anticipation s’estompe et que les taux repartent à la hausse.

 

Des disparités fortes selon les territoires

La reprise actuelle masque en réalité un marché à deux vitesses. Si Paris et certaines zones rurales peu denses continuent à tirer les prix vers le haut (+0,5 % en juillet dans la capitale, +3,5 % dans les campagnes depuis janvier), d’autres grandes villes enregistrent encore des baisses notables. C’est le cas de Grenoble (-2,5 %), Lille (-1,2 %), Lyon (-0,5 %) ou Montpellier (-0,4 %).

Cette hétérogénéité reflète des dynamiques locales très différentes : tension sur l’offre locative, attractivité économique, évolution démographique ou encore niveau des prix atteints dans les années précédentes. Difficile donc de tirer des conclusions globales ou de s’appuyer sur des moyennes nationales pour prendre une décision d’achat ou de vente.

Ce contexte appelle à une analyse fine, au cas par cas, en tenant compte à la fois des fondamentaux du bien (emplacement, performance énergétique, potentiel locatif…) et de l’environnement macroéconomique.

 

Ce qu’il faut suivre au second semestre 2025

Les prochains mois s’annoncent décisifs. Plusieurs facteurs pourraient bouleverser l’équilibre précaire du marché :

  • L’évolution des taux d’intérêt : la récente remontée de l’OAT 10 ans inquiète. Certaines banques évoquent déjà des hausses possibles à la rentrée. À plus long terme, une remontée des taux est anticipée pour 2026. Or, toute hausse de taux réduit mécaniquement la capacité d’emprunt des ménages et donc le volume des transactions.

  • Les débats budgétaires à l’automne : une instabilité politique ou des mesures fiscales défavorables pourraient plomber la confiance et geler les projets d’investissement.

  • La réforme du DPE : prévue pour le 1er janvier 2026, elle pourrait exclure 850.000 logements du statut de “passoire thermique”. Cette évolution est perçue comme une bonne nouvelle pour le marché locatif, mais ses effets ne se feront sentir qu’à moyen terme.

  • La désinflation et les aides à l’accession : la poursuite de la désinflation préserve le pouvoir d’achat, et la réouverture du PTZ dans le neuf individuel pourrait redynamiser l’investissement, en particulier pour les primo-accédants.

 

Dans ce climat incertain, il est plus que jamais stratégique de bien choisir ses acquisitions. L’acquisition d’un bien immobilier, qu’il s’agisse de résidence principale ou d’un investissement locatif, ne peut pas se faire à l’aveugle. L’analyse des risques, la sélection des zones porteuses, l’optimisation fiscale ou encore le montage juridique nécessitent des compétences pointues.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • LVMH serait en discussion pour vendre sa marque Marc Jacobs pour un montant pouvant atteindre 850 MEUR, rapporte le Wall Street Journal.

 

  • Carla Bruni-Sarkozy rejoint le Conseil d'administration de Compagnie Chargeurs Invest.

 

  • Les bénéfices semestriels du brasseur Heineken dépassent les prévisions.

 

  • Intel va se séparer de son unité de réseau dans le cadre de la stratégie de son nouveau CEO.

 

  • Samsung signe un contrat de 16,5 milliards de dollars pour la fourniture de semi-conducteurs à Tesla...

 

  • ... et Tesla signe un contrat de 4,3 milliards de dollars avec LG Energy Solution pour la fourniture de batteries.

 

  • Stellantis prévoit une marge opérationnelle courante de 1% à 3% au second semestre de 2025.

 

  • Barclays enregistre un bénéfice en hausse de 23% et lance un rachat d'actions de 1 MdGBP.

 

  • Philips relève ses prévisions malgré 150 à 200 MEUR d'impact des droits de douane.

 

  • Air Canada subit un recul de ses bénéfices en raison de la faible demande aux USA.

 

  • Berkshire vend un tiers de sa participation dans VeriSign pour 1,23 milliard de dollars.

 

  • Microsoft dévoile une faille dans MacOs (Apple), permettant le vol de données privées.

 

  • L'Oréal annonce une croissance ralentie mais marges en hausse au S1.

 

  • Kering subit toujours une forte baisse de ses revenus au T2 tandis que Hermès confirme ses perspectives à moyen terme après le T2. 

 

  • Saint-Gobain acquiert trois entreprises dans la chimie du béton.

 

  • HSBC annonce un rachat d'actions de 3 milliards de dollars après une forte baisse du bénéfice semestriel.

 

  • UBS dépasse les attentes avec un bénéfice de 2,4 milliards de dollars au deuxième trimestre.

 

  • Mercedes-Benz prévoit une marge bénéficiaire de 4 à 6% cette année.

 

  • Adidas publie au-dessus des attentes au niveau du bénéfice opérationnel au T2.

 

  • EQT va racheter le japonais Fujitec pour 2,7 milliards de dollars.

 

  • Crédit Agricole améliore son bénéfice de 31% au T2.

 

  • Engie affiche une baisse de 9,4% de son bénéfice au premier semestre et confirme ses prévisions.

 

  • Renault se renforce en Inde en rachetant les parts de Nissan dans leur usine commune de Chennai.

 

  • Le bénéfice de Nintendo augmente de 4% au premier trimestre, dépassant les estimations.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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