L'Hebdo #146: Les marchés actions repartent à la hausse grâce à des résultats d’entreprises solides et à quoi s’attendre pour le rendement 2025 des fonds en euros ?

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Les marchés résistent aux tensions commerciales
La semaine a été marquée par l’entrée en vigueur d’une vague de droits de douane américains parmi les plus élevés depuis un siècle, avec un taux moyen compris entre 17 % et 20 %, contre 2,5 % en début d’année. Ces mesures visent plusieurs partenaires commerciaux clés, dont l’Inde, le Brésil, la Suisse ou encore la Chine, et s’inscrivent dans la stratégie protectionniste de l’administration Trump. Malgré ce durcissement, les marchés actions européens et américains affichent un bilan positif : +2,61 % pour le CAC 40, +2,11 % pour le STOXX Europe 600, et +2,43 % pour le S&P 500. Les investisseurs semblent considérer que les effets concrets de ces mesures prendront du temps à se faire sentir. Les publications d’entreprises, globalement supérieures aux attentes, ont joué un rôle déterminant dans ce rebond. Les hausses notables d’Astera Labs (+36,75 %), Shopify (+26,15 %) et Fresnillo (+19,03 %) ont illustré la vigueur de certains secteurs, malgré des déceptions ponctuelles, comme The Trade Desk (-37 %) ou Bayer (-8,55 %).

 

2. La perspective d’une baisse des taux américains dope la confiance
Les chiffres de l’emploi américain publiés cette semaine ont réservé une surprise : les créations de postes en juillet sont largement inférieures aux attentes, avec en prime des révisions négatives sur les mois précédents. Ce signal de faiblesse sur le marché du travail a ravivé les anticipations d’un assouplissement monétaire de la Réserve fédérale dès septembre. La probabilité d’une baisse des taux d’un quart de point dépasse désormais 90 % selon l’outil FedWatch du CME. Ce scénario rappelle 2024, lorsque la Fed avait rapidement réduit ses taux après un rebond du chômage. Pour les investisseurs, une telle décision pourrait redonner de l’élan à l’économie et prolonger la dynamique haussière des marchés. Cette attente a contribué au rebond du Nasdaq et du S&P 500 après la correction de vendredi dernier. Dans ce contexte, la volatilité reste forte sur certains titres liés à l’IA et aux semi-conducteurs, comme AMD et Super Micro Computer, très sensibles aux publications de résultats et aux tensions commerciales avec la Chine.

 

3. Matières premières : pétrole sous pression, métaux soutenus
Sur le marché des matières premières, l’énergie a reculé cette semaine : le WTI cède -4,4 % et le Brent -3,8 %. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse : l’entrée en vigueur des nouvelles surtaxes américaines, l’annonce par l’OPEP+ d’une augmentation de production de 2,2 millions de barils/jour d’ici septembre, et les inquiétudes quant à un ralentissement de la demande mondiale. Le contexte géopolitique, notamment les tensions entre Washington, Moscou et New Delhi, ajoute une dimension d’incertitude. Les métaux, en revanche, ont mieux résisté. Le cuivre s’est apprécié à Londres, soutenu par les attentes de baisse des taux aux États-Unis et par des perturbations d’offre au Chili. L’or, de son côté, profite à la fois de son statut de valeur refuge et de l’anticipation d’un assouplissement monétaire américain, dépassant désormais 3 400 USD l’once. Sur le plan agricole, blé, maïs et soja se sont redressés à Chicago après un passage à des niveaux historiquement bas, stimulés par la reprise de la demande internationale.

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📰 Le dossier de la semaine : Les marchés actions repartent à la hausse grâce à des résultats d’entreprises solides

Après plusieurs séances hésitantes, les marchés actions ont retrouvé un net dynamisme, portés par de solides publications de résultats et par un rebond marqué des valeurs technologiques et de consommation discrétionnaire. Cette amélioration intervient dans un environnement économique encore contrasté, où la croissance du secteur des services, la progression de la productivité et l’évolution des taux d’intérêt jouent un rôle clé dans la trajectoire des actifs financiers.

 

Un rebond tiré par la technologie et la consommation

 

La semaine boursière a été dominée par une performance supérieure à la moyenne dans les secteurs technologique et de la consommation discrétionnaire, confirmant leur rôle moteur sur les indices américains. Le S&P 500 a bénéficié de publications meilleures qu’anticipé : sur les 90 % des entreprises ayant déjà communiqué leurs résultats, 82 % ont dépassé les attentes, avec une surprise moyenne de +8,5 %.

 

Les secteurs des télécommunications et des technologies enregistrent les plus fortes croissances de bénéfices, avec des hausses supérieures à 20 % sur un an. Cette dynamique a entraîné une révision importante des prévisions de bénéfices pour 2025 : elles sont désormais attendues en hausse de +9,7 %, contre seulement +3,8 % à la fin du deuxième trimestre.

 

En revanche, seuls deux secteurs affichent un recul des bénéfices : l’énergie et les matériaux, qui pèsent ensemble moins de 5 % de la capitalisation totale du S&P 500. Même si le rythme de progression pourrait ralentir dans les prochains trimestres, la tendance reste suffisamment solide pour soutenir les marchés actions à moyen terme.

 

Le secteur des services reste en expansion, mais les signaux divergent

 

Le secteur des services — qui représente environ 71 % du PIB américain — continue d’afficher une croissance, mais les indicateurs montrent des trajectoires différentes.

  • L’indice PMI S&P des services a atteint 55,7 en juillet, son plus haut niveau de l’année, stimulé par la demande dans la technologie et la finance.

  • À l’inverse, l’indice ISM des services a reculé à 50,1, frôlant le seuil de contraction, principalement en raison d’un ralentissement de l’activité et d’une baisse des échanges de services liée aux tensions commerciales.

 

Malgré ces divergences, la croissance globale reste positive. Les analystes estiment qu’aucune récession n’est à prévoir à court terme, et anticipent même une accélération en 2026, soutenue par un ensemble de facteurs : baisses de taux de la Fed, mesures de relance budgétaire, allégement réglementaire et éventuel apaisement des tensions commerciales.

 

Productivité et salaires : un équilibre qui soutient la consommation

 

La productivité du travail dans le secteur non agricole a progressé de 2,4 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, dépassant les attentes. Parallèlement, les salaires horaires ont augmenté de 4,2 % sur un an, soit bien au-dessus de l’inflation estimée à 2,7 %.

 

Cet écart favorable permet aux ménages de bénéficier de gains de pouvoir d’achat réels, renforçant ainsi leur capacité à consommer. De plus, la hausse de la productivité contribue à limiter la progression des coûts salariaux unitaires, contenus à +1,6 %. Cet équilibre est jugé positif par les économistes, car il réduit le risque que la hausse des salaires alimente excessivement l’inflation.

 

Marchés obligataires : rendements contrastés et attentes sur les taux

 

Sur le marché obligataire, les rendements sont restés partagés cette semaine. Le taux des bons du Trésor américain à 10 ans évolue toujours dans la fourchette de 4 % à 4,5 %, conformément aux prévisions émises en début d’année.

 

Les investisseurs parient sur une baisse des taux directeurs de la Fed dès septembre, afin de soutenir l’activité et l’emploi. Néanmoins, l’inflation PCE — mesure préférée de la Fed — est remontée à 2,6 % annualisé en juin, ce qui pourrait inciter la banque centrale à avancer prudemment.

 

Les conditions monétaires restent restrictives : avec un taux directeur proche de 4,3 %, la Fed dispose d’une marge de manœuvre pour abaisser ses taux tout en restant au-dessus d’un niveau « neutre » estimé à environ 1 % au-dessus de l’inflation.

 

Nouvelles hausses tarifaires : un impact à surveiller

 

Depuis le 7 août, les tarifs douaniers américains ont été relevés. La plupart des partenaires commerciaux voient désormais leurs exportations vers les États-Unis taxées entre 10 % et 20 %, avec des taux pouvant atteindre 50 % selon les catégories de produits.

 

Un nouveau tarif de 100 % sur les semi-conducteurs a également été instauré, mais assorti d’exemptions importantes pour les entreprises ayant une partie de leur production sur le sol américain.

 

Ces mesures risquent d’éroder légèrement le pouvoir d’achat des ménages et de compresser les marges des entreprises. Toutefois, les analystes estiment que leur effet inflationniste devrait rester limité dans le temps, surtout si des accords commerciaux viennent apaiser les tensions.

 

Perspectives : rester sélectif et privilégier la qualité

 

Dans un marché proche de ses plus hauts historiques, les valorisations apparaissent moins attractives. Les gains futurs dépendront largement de la capacité des entreprises à maintenir une croissance bénéficiaire solide malgré un contexte macroéconomique incertain.

 

Les investisseurs peuvent tirer parti des périodes de volatilité pour se renforcer sur des valeurs de qualité, notamment dans les secteurs de la consommation discrétionnaire, des services financiers et de la santé. Une diversification internationale reste également pertinente, même si certaines zones géographiques subissent des vents contraires liés aux politiques commerciales et aux perspectives de croissance.

 

La stratégie privilégiée reste d’investir de manière disciplinée, en conservant une exposition équilibrée entre actions et obligations, et en restant attentif aux opportunités offertes par les corrections de marché.

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🏦 Investissement : A quoi s’attendre pour le rendement 2025 des fonds en euros ?

 

En 2024, les fonds en euros ont délivré un rendement moyen de 2,63 % nets de frais de gestion, selon l’ACPR. Un résultat supérieur aux prévisions, obtenu grâce à des arbitrages habiles de la part des assureurs. Mais qu’en sera-t-il en 2025 ? Les experts du secteur restent partagés, dans un contexte économique où plusieurs forces contraires s’exercent sur les taux servis.

 

2024 : un rendement meilleur qu’anticipé

 

L’année 2024 a surpris les observateurs. Alors que la plupart prévoyaient un léger recul du rendement moyen, les assureurs ont, pour la troisième année consécutive, maintenu un taux attractif pour leurs clients.

  • 2023 : 2,60 %

  • 2024 : 2,63 %

Le régulateur tempère toutefois cet enthousiasme, qualifiant cette hausse de « stagnation » par rapport aux années 2022 et 2023, marquées par une progression annuelle de 0,66 point grâce à la remontée rapide des taux d’intérêt. Les assureurs avaient alors puisé dans leurs réserves pour rester compétitifs face aux produits d’épargne réglementée.

 

2025 : un contexte d’« injonctions contradictoires »

 

Pour l’année en cours, la prévision est plus complexe. Matthieu Brateau (SeaBird) rappelle que « les taux des fonds en euros sont fortement liés à l’évolution des taux directeurs ». Or, après la remontée entamée en 2022, l’incertitude reste forte sur leur trajectoire.

 

Plusieurs facteurs jouent en faveur d’une baisse des rendements :

  • Repli du Livret A à 1,7 %, qui sert de repère aux produits garantis.

  • Réserves en baisse : la provision pour participation aux bénéfices (PPB) est passée de 4,83 % fin 2022 à 4 % fin 2024, limitant la capacité des assureurs à doper artificiellement les rendements.

  • Vente d’obligations à perte : ces deux dernières années, certaines compagnies ont dû céder des titres anciens pour réinvestir à des taux plus élevés, réduisant leurs marges de manœuvre.

Cyrille Chartier-Kastler (Good Value for Money) et Matthieu Brateau envisagent ainsi un taux plancher autour de 2,50 % pour 2025, soit une légère baisse par rapport à 2024.

 

Des facteurs pouvant soutenir les rendements

 

À l’inverse, certains éléments pourraient empêcher un recul significatif :

  • Hausse ou stabilité des taux longs : l’OAT 10 ans, taux auquel emprunte l’État français, reste une référence clé pour les assureurs.

  • Concurrence entre assureurs : une forte rivalité pour attirer l’épargne peut inciter à maintenir des taux compétitifs.

  • Résilience des marchés financiers : de bonnes performances boursières peuvent améliorer le rendement de la poche de diversification.

Pour Philippe Crevel (Cercle de l’Épargne), « la rémunération pourrait se situer entre 2,6 % et 2,7 % », portée par des opportunités de gestion sur les marchés et une stabilité des taux longs.

 

Verdict attendu début 2026

 

Finalement, le rendement 2025 des fonds en euros dépendra largement :

  • de l’évolution des taux directeurs et obligataires,

  • de la capacité des assureurs à optimiser leurs portefeuilles,

  • et de la conjoncture économique en fin d’année.

Le suspense ne sera levé qu’au début de 2026, lorsque les assureurs annonceront leurs performances. En attendant, les épargnants peuvent s’attendre à une stabilité relative autour de 2,5 % à 2,7 %, avec de possibles écarts selon les contrats.

 

Source : Les Echos

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Kering discuterait avec le Qatar pour lui céder un immeuble à Milan, révèle Il Corriere della Sera.

 

  • Clariane a émis 100 MEUR d'obligations 2030 à 7,875%.

 

  • Wizz Air enregistre une hausse du trafic passagers en juillet. Ryanair enregistre un trafic record en juillet avec 20,7 millions de passagers.

 

  • Berkshire Hathaway annonce une dépréciation de 3,76 MdsUSD sur Kraft Heinz en marge de ses résultats trimestriels.

 

  • Vinci remporte un contrat pour une usine de biocarburants en Espagne.

 

  • Maurel publie un résultat opérationnel du premier semestre baisse de 25% en raison de la baisse des prix du pétrole.

 

  • Hugo Boss annonce un bénéfice d'exploitation supérieur aux attentes pour le deuxième trimestre.

 

  • Aramco va verser un dividende de 21,1 milliards de dollars au titre du T2.

 

  • L'Australie préfère Mitsubishi à son rival allemand ThyssenKrupp pour un contrat de défense de 6,5 milliards de dollars.

 

  • Sanofi finalise le rachat de la biotech américaine Vigil Neuroscience pour 470 millions de dollars.

 

  • Novo Nordisk publie une croissance supérieure aux attentes (rabotées) au T2.

 

  • ESPN (Walt Disney) va racheter NFL Network et d'autres actifs de la ligue de football US en échange d'une participation de 10% dans le réseau sportif.

 

  • Accor envisage d'introduire sa filiale d'hôtels lifestyle Ennismore à la Bourse de New York.

 

  • Allianz affiche un bénéfice meilleur que prévu au deuxième trimestre et confirme son objectif.

 

  • Apple annonce un investissement de 100 milliards de dollars pour produire aux Etats-Unis. Les fournisseurs d'Apple qui poursuivent malgré tout leurs plans de production en série du prochain iPhone en Inde, selon Nikkei Asia.

 

  • Google (Alphabet) a révélé que des données de certains clients ont été dérobées lors d'une intrusion dans l'un de ses systèmes de base de données Salesforce.

 

  • Sony relève ses prévisions de bénéfices annuels de 4 %, invoquant un impact moindre de la guerre commerciale.

 

  • Meta choisit PIMCO et Blue Owl pour financer des centres de données à hauteur de 29 milliards de dollars, a révélé Bloomberg.

 

  • Les actions de SoftBank atteignent un niveau record après un solide trimestre dopé à l'IA.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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