L'Hebdo #155 : Halloween n’effraie pas Wall Street et la flat tax pourrait passer à 31,4%
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Wall Street signe un sixième mois de hausse grâce à l’élan de l’intelligence artificielle
Les marchés américains poursuivent leur course en avant. Le Nasdaq 100 et le S&P 500 enchaînent les records, portés par les espoirs autour de l’intelligence artificielle et les résultats solides des grandes entreprises technologiques. Les investisseurs misent sur la poursuite du “super-cycle” d’investissement dans l’IA, malgré des dépenses massives dont la rentabilité reste encore floue.
La décision de la Réserve fédérale américaine a aussi contribué à soutenir la tendance. La Fed a abaissé son taux directeur de 25 points de base, tout en annonçant la fin de son programme de réduction de bilan dès décembre. Ce double signal a été bien accueilli, même si Jerome Powell a rappelé qu’une nouvelle baisse en décembre n’était pas garantie.
Parmi les grandes gagnantes, Amazon a surpris positivement grâce à la forte croissance d’AWS, son activité de cloud, dopée par la demande en IA. Alphabet a profité d’une accélération de la publicité en ligne et de Google Cloud, tandis que Nvidia a franchi la barre historique des 5 000 milliards de dollars de capitalisation. L’Europe, en revanche, reste en retrait : faute de géants comparables, elle peine à suivre le rythme, même si certains titres liés à la technologie, comme Nokia, profitent indirectement du ruissellement des investissements IA.
2. Une trêve commerciale entre Trump et Xi Jinping, mais sans véritable percée
La rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping a débouché sur un accord partiel, présenté comme une avancée diplomatique après plusieurs mois de tensions. Les deux dirigeants ont annoncé une réduction de moitié des droits de douane sur certains produits, la reprise des achats de soja américain par la Chine et la suspension temporaire des restrictions les plus strictes sur les terres rares. En contrepartie, Pékin a obtenu un assouplissement partiel sur l’accès à certaines puces Nvidia, sans pour autant pouvoir accéder aux technologies les plus récentes.
Cet accord reste avant tout politique : il permet à Donald Trump d’afficher une réussite sur le plan international avant la campagne présidentielle américaine, tout en rassurant les marchés sur la stabilité des échanges mondiaux. Mais dans les faits, les déséquilibres structurels entre les États-Unis et la Chine demeurent. Les investisseurs ont donc accueilli cette annonce avec prudence : les marchés avaient acheté la rumeur, ils ont ensuite “vendu la nouvelle”.
En parallèle, les marchés asiatiques ont connu une semaine contrastée : le Japon et la Corée du Sud ont progressé, tirés par leurs valeurs technologiques, tandis que la Chine reste fragilisée par un secteur manufacturier en recul, comme l’indique l’indice PMI NBS toujours en zone de contraction.
3. Résultats d’entreprises et politique monétaire : le retour de la volatilité
Cette fin de mois d’octobre a aussi été marquée par une forte volatilité autour des publications de résultats. Les écarts de cours à deux chiffres sont devenus monnaie courante, aussi bien à Wall Street qu’en Europe. Meta a plongé de plus de 10 % après avoir relevé ses dépenses, quand Amazon s’est envolé de près de 9 % grâce à des perspectives relevées. Même des valeurs réputées stables comme Fiserv ont perdu plus de 40 % en deux jours à la suite d’un changement de direction.
Cette volatilité illustre l’exigence croissante des marchés face à des entreprises dont les valorisations sont déjà élevées. Les investisseurs oscillent entre euphorie et inquiétude : ils continuent à parier sur l’IA, mais commencent à douter du retour sur investissement à court terme.
Sur le plan monétaire, les signaux sont contrastés. Aux États-Unis, le discours plus réservé de Jerome Powell a fait remonter les taux longs à 4,1 %, limitant l’effet positif de la baisse de taux. En zone euro, la Banque centrale européenne a, de son côté, maintenu ses taux inchangés, soutenue par des chiffres de croissance supérieurs aux attentes.
Enfin, sur le marché des matières premières, le cuivre continue à grimper à près de 11 000 dollars la tonne, porté par la demande du secteur technologique, tandis que l’or recule légèrement sous 4 000 dollars l’once après six mois de progression continue. Le pétrole reste stable malgré l’accord commercial, les investisseurs restant prudents avant la prochaine réunion de l’OPEP+.
📰 Le dossier de la semaine : Halloween n’effraie pas Wall Street, le rally boursier poursuit sa route malgré les secousses
Malgré la combinaison explosive d’une Réserve fédérale plus prudente, d’un blocage budgétaire à Washington et d’une saison de résultats très attendue dans la tech, les marchés américains ont terminé octobre tout près de leurs records. Ni la volatilité accrue, ni les signaux plus restrictifs envoyés par la Fed n’ont suffi à refroidir les investisseurs.
Cette résistance tient à deux éléments : d’une part, la perspective de taux durablement plus bas à moyen terme, et d’autre part, la solidité des bénéfices des entreprises américaines, en particulier dans les secteurs technologiques et industriels. Le contexte politique, pourtant sous tension, semble pour l’instant relégué au second plan, tant la confiance des marchés demeure forte.
Une Fed prudente, mais un cycle de détente toujours engagé
Comme attendu, la Réserve fédérale américaine a de nouveau abaissé son taux directeur, désormais compris entre 3,75 % et 4 %, soit 150 points de base en dessous du pic atteint il y a un an. L’objectif est clair : maintenir un équilibre entre lutte contre l’inflation et préservation de la croissance.
Le message de Jerome Powell a toutefois surpris par sa fermeté. Le président de la Fed a insisté sur le fait qu’une nouvelle baisse en décembre n’était pas acquise. Le comité reste partagé entre ceux qui prônent une pause, faute de données économiques complètes en raison du shutdown, et ceux qui jugent qu’il faut encore freiner face à une inflation légèrement supérieure à la cible.
Cette prudence a provoqué une réaction immédiate sur les marchés obligataires : les rendements à dix ans ont brièvement grimpé à 4,08 %, tandis que les valeurs sensibles aux taux (comme les petites capitalisations) ont marqué le pas. Pour autant, la trajectoire de fond reste inchangée. La Fed a indiqué qu’elle mettrait fin dès décembre à la réduction de son bilan obligataire, ce qui conforte l’idée d’un retour vers une politique monétaire plus neutre à horizon 2026, autour de 3,5 %.
Apaisement diplomatique entre Washington et Pékin
Sur le front commercial, la rencontre très attendue entre Donald Trump et Xi Jinping a permis de calmer le jeu. Les deux dirigeants ont trouvé un terrain d’entente sur plusieurs points sensibles : les États-Unis prolongent d’un an la suspension de certaines surtaxes douanières, tout en divisant par deux la taxe liée au fentanyl, tandis que la Chine suspend ses restrictions sur les exportations de terres rares et reprend ses achats de soja américain.
Cette trêve, même partielle, a redonné un peu d’air aux marchés. Depuis plusieurs mois, les inquiétudes liées à la guerre commerciale entre les deux puissances pesaient sur les marges des entreprises et sur les chaînes d’approvisionnement. La perspective d’un apaisement temporaire suffit à alléger la pression sur les coûts et à redonner confiance aux investisseurs. À l’approche de la période des fêtes, elle pourrait aussi freiner la hausse des prix à la consommation.
Les observateurs y voient un signal politique autant qu’économique : après une année de tensions croissantes, les deux superpuissances cherchent à éviter l’escalade et à préserver, au moins en façade, la stabilité de leurs échanges.
Un shutdown historique mais une économie qui résiste
Aux États-Unis, la fermeture partielle de l’administration fédérale s’étire désormais sur plusieurs semaines, menaçant de battre tous les records. Plus de 650 000 fonctionnaires sont privés de salaire, les services publics tournent au ralenti et les publications statistiques officielles sont suspendues, compliquant la tâche de la Fed.
Le Congressional Budget Office estime déjà que cette paralysie aurait retranché environ 1 % de la croissance du PIB au quatrième trimestre, un impact qui pourrait grimper à 2 % si le blocage persiste jusqu’à fin novembre. En valeur, cela représenterait près de 40 milliards de dollars d’activité gelée.
Pour l’heure, les marchés continuent pourtant d’ignorer cette situation, estimant que ses effets sont temporaires et qu’un accord politique finira par être trouvé. Les données issues du secteur privé, notamment celles d’ADP sur l’emploi, montrent une économie encore robuste, avec des créations de postes régulières et une consommation qui tient bon. La résilience américaine, une fois de plus, joue le rôle d’amortisseur.
Des résultats solides et une euphorie technologique persistante
La saison des publications a largement soutenu le moral des investisseurs. Près de deux tiers des entreprises du S&P 500 ont publié leurs comptes trimestriels, et la majorité ont dépassé les attentes. Les marges se maintiennent, malgré la hausse des coûts de financement et les tensions commerciales.
Dans la tech, le bilan est plus nuancé. Microsoft a légèrement déçu, tandis que Meta a vu son titre reculer après l’annonce de nouveaux investissements massifs dans l’intelligence artificielle. Mais les performances solides d’Apple et d’Amazon ont inversé la tendance en fin de mois, propulsant le Nasdaq et le S&P 500 à de nouveaux records.
L’enthousiasme autour de l’IA continue d’alimenter le rally, même si certains analystes s’interrogent sur le risque d’une « mini-bulle ». Jerome Powell, lui, a écarté cette idée, soulignant que les grands acteurs de la tech disposent de modèles économiques solides, à la différence de la période de la bulle internet.
À court terme, le secteur reste le principal moteur des marchés. À moyen terme, il devra prouver que les investissements colossaux réalisés dans les infrastructures et la recherche se traduiront par une véritable croissance des bénéfices.
Une fin d’année sous le signe de la vigilance, mais pas de la peur
Octobre a apporté son lot de secousses, mais la tendance haussière reste intacte. Le VIX, baromètre de la volatilité, a légèrement rebondi, traduisant un regain de prudence après des mois de hausse ininterrompue. Une consolidation, dans ce contexte, semble saine plutôt qu’alarmante.
À l’approche de novembre, les investisseurs devront composer avec plusieurs incertitudes : la décision de la Fed en décembre, l’évolution du shutdown, et les derniers arbitrages commerciaux entre Washington, Pékin et Mexico. Mais aucun de ces risques ne remet en cause, pour l’instant, la trajectoire générale.
La combinaison de taux appelés à baisser, de bénéfices solides et d’une économie en croissance modérée crée un environnement toujours favorable aux actions. Les éventuelles corrections devraient être vues comme des opportunités d’achat plutôt que comme le début d’un retournement.
En d’autres termes, même si la route devient plus cahoteuse, la direction reste la même : les marchés continuent d’avancer, imperturbables, vers un horizon 2026 qui s’annonce encore porteur.
🏠 Fiscalité : La flat tax pourrait passer à 31,4 %
L’information est passée presque inaperçue, mais ses effets pourraient concerner des millions d’épargnants. Lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale, les députés ont adopté une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital. Une mesure technique, présentée comme un moyen de renforcer le financement de la Sécurité sociale, mais qui aurait pour effet direct d’augmenter le taux global de la flat tax de 30 % à 31,4 % dès 2025.
Cette décision intervient alors que le Premier ministre a lui-même confirmé ne pas vouloir “se défiler” sur la question des recettes sociales. L’amendement, porté par des députés socialistes et insoumis, prévoit d’augmenter la CSG de 9,2 % à 10,6 %, soit une hausse de 1,4 point. À lui seul, ce relèvement devrait rapporter près de 2,7 milliards d’euros aux finances publiques.
Une hausse mécanique du taux global
Depuis son instauration en 2018, la flat tax (ou prélèvement forfaitaire unique (PFU)) s’applique aux revenus du capital : dividendes, intérêts, plus-values mobilières… Son taux de 30 % combine deux composantes : 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux.
Or, ces 17,2 % regroupent plusieurs contributions : la CSG (9,2 %), la CRDS (0,5 %) et le prélèvement de solidarité (7,5 %). En relevant la CSG à 10,6 %, le total des prélèvements sociaux atteindrait 18,6 %, ce qui porterait mécaniquement la flat tax à 31,4 %.
Derrière ce simple ajustement comptable, le message est clair : la fiscalité du capital va se durcir. Et contrairement à une hausse du taux d’impôt sur le revenu, une hausse de la CSG touche un champ beaucoup plus large de placements, y compris ceux bénéficiant de régimes spécifiques.
Tous les épargnants concernés, pas seulement les plus fortunés
L’impact d’une telle mesure serait loin de se limiter aux gros portefeuilles. Les produits les plus courants, détenus par la majorité des ménages, sont directement visés. Les revenus d’actions, d’obligations, de comptes à terme ou de livrets bancaires non réglementés seraient soumis à cette nouvelle fiscalité.
L’assurance-vie n’y échapperait pas non plus. Si cette enveloppe reste avantageuse sur le plan fiscal, elle demeure soumise aux prélèvements sociaux, prélevés chaque année sur la part en euros et au moment des rachats pour les unités de compte. Concrètement, le taux appliqué passerait de 17,2 % à 18,6 %, ce qui réduirait légèrement le rendement net du placement.
Le même constat s’applique au Plan d’épargne en actions (PEA). Les gains sont exonérés d’impôt sur le revenu après cinq ans de détention, mais les prélèvements sociaux restent dus. L’augmentation de la CSG pèserait donc aussi sur cette enveloppe, tout comme sur les PEL et CEL ouverts après 2018, désormais soumis à la flat tax.
Les seuls placements épargnés seraient les produits d’épargne réglementée : Livret A, LDDS, LEP ou Livret Jeune, dont les intérêts sont exonérés à la fois d’impôt et de prélèvements sociaux.
Une hausse rétroactive pour les revenus de 2025
La mesure, si elle est adoptée définitivement, s’appliquerait aux revenus du capital perçus en 2025. En théorie, les lois fiscales ne sont pas rétroactives, mais le principe de “petite rétroactivité” rend cette situation possible : l’épargnant perçoit ses revenus avant de connaître le taux d’imposition exact qui leur sera appliqué l’année suivante.
Cette subtilité juridique pourrait raviver le débat sur la stabilité fiscale, déjà mise à mal par les modifications fréquentes de la fiscalité de l’épargne. Les gestionnaires de patrimoine redoutent notamment un effet de démobilisation : les épargnants pourraient hésiter à réaliser des plus-values ou à verser sur leurs contrats en attendant d’y voir plus clair.
L’immobilier, lui aussi touché
Cette hausse de la CSG ne concerne pas uniquement les placements financiers. Les revenus fonciers, soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux, passeraient eux aussi d’un taux de 17,2 % à 18,6 %.
Même conséquence pour les plus-values immobilières, qui supportent un impôt forfaitaire de 19 %, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux. Le taux global atteindrait donc 37,6 %, contre 36,2 % actuellement.
Seuls les abattements pour durée de détention continueraient à s’appliquer : exonération totale d’impôt après 22 ans, et de prélèvements sociaux après 30 ans. Mais pour les investisseurs actifs, cette hausse rognerait mécaniquement la rentabilité nette des ventes.
Une hausse symbolique, mais révélatrice d’un tournant
En apparence, 1,4 point de hausse peut sembler marginal. Mais appliqué à l’ensemble des revenus du capital, son effet cumulé serait significatif. Cette mesure illustre surtout une inflexion politique : après plusieurs années de stabilité fiscale sur l’épargne, le gouvernement cherche à mobiliser davantage les détenteurs de patrimoine pour financer la protection sociale.
Reste à savoir si cette hausse sera confirmée lors du vote définitif du budget. Si tel est le cas, la flat tax perdra son taux “rond” de 30 % qui avait marqué son lancement en 2018, et l’épargne française devra s’adapter à une nouvelle donne fiscale, moins favorable qu’auparavant.
🏦 Investissement :
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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Capgemini relève sa prévision de croissance annuelle après un T3 meilleur que prévu.
Danone enregistre une croissance organique tirée par la Chine au T3.
TotalEnergies et le saoudien AEW remportent un projet solaire de 400 MW en Arabie Saoudite.
Daniel Kretinsky s'apprête à réinjecter 500 millions d'euros dans Casino pour que les hedge funds renoncent à une partie de leur créances, selon La Lettre.
HSBC annonce un bénéfice avant impôt de 7,300 milliards de dollars au T3.
UBS sollicite une licence bancaire aux Etats-Unis pour accélérer sa croissance dans la gestion de fortune.
Amazon prévoirait de licencier jusqu'à 30 000 personnes dans ses fonctions support, selon Reuters.
Google va financer le redémarrage d'une centrale nucléaire de Nextera pour alimenter son IA.
Uber, Stellantis et Nvidia s'associent pour déployer 100 000 véhicules autonomes dès 2027.
Aston Martin Lagonda creuse ses pertes.
Moncler publie des résultats légèrement au-dessus du consensus au T3.
Thermo Fisher s'apprête à racheter Clario, le fabricant de logiciels d'essais cliniques, pour 10 milliards de dollars, révèle le FT.
Apple va doter ses gammes MacBook Air, iPad mini et iPad Air d'écrans plus haut de gamme.
TotalEnergies publie des résultats en baisse au T3.
Crédit Agricole publie des résultats en hausse au T3.
Stellantis confirme ses objectifs après une reprise au T3.
Société Générale publie un bénéfice net de 1,5 MdEUR au T3.
Capgemini et Siemens étendent leur partenariat stratégique sur les solutions en IA.
Anheuser-Busch InBev affiche une baisse de son bénéfice attribuable au troisième trimestre mais une hausse du chiffre d'affaires.
Hyundai Motor publié légèrement sous les attentes.
Netflix songe à racheter Warner Bros. Discovery.
Ford va investir 370 millions de dollars en Inde, selon Bloomberg.
Nvidia va investir jusqu'à 1 milliard de dollars dans la start-up spécialisée dans l'IA Poolside, selon Bloomberg.
Le bénéfice trimestriel de BYD a chuté d'un tiers à cause d'une concurrence accrue à domicile.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse