L'Hebdo #159 : Trois éléments à suivre sur les marchés en décembre et pourquoi le cuivre bat à nouveau un record historique

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Fed en approche et espoirs de baisse de taux


Les marchés ont passé la semaine à se caler sur un même scénario monétaire américain, une première baisse de taux de la Fed dès la réunion de mercredi prochain. Les contrats à terme intègrent désormais une probabilité d’environ 85 à 90 % pour une baisse de 25 points de base. Les dernières données vont dans ce sens, avec une destruction de 32 000 emplois dans le privé selon l’enquête ADP et un indice d’inflation PCE cœur parfaitement conforme aux attentes, à +0,2 % sur un mois. Les taux longs américains restent enfermés dans un couloir autour de 4 %, signe que le marché ne remet pas en cause ce scénario. Dans ce contexte, les grands indices mondiaux avancent prudemment, mais restent proches de leurs sommets historiques, ce qui laisse ouverte la perspective d’un rallye de fin d’année si la Fed confirme le mouvement sans tenir de discours trop agressif.

2. Rallye actions entre IA, petites valeurs et rotations sectorielles


Les actions restent portées par un mélange d’IA, de baisses de taux attendues et de rotations internes. Aux États-Unis, le S&P 500 vient d’enchaîner un 7e mois de hausse d’affilée, même si la progression de novembre n’est que de 0,13 %, tandis que le Nasdaq 100 alterne phases de correction et rebonds, au rythme des valeurs technologiques et des semi-conducteurs. La thématique IA devient plus nuancée, avec des poids lourds comme Nvidia sous pression sur un mois alors que certains fabricants de puces ou acteurs spécialisés rebondissent fortement. En parallèle, les investisseurs redécouvrent les valeurs moyennes, l’indice Russell 2000 ayant signé de belles performances portées par la perspective d’une Fed plus accommodante. En Europe, le Stoxx 600 et plusieurs grands indices (dont le CAC 40) évoluent à moins de 2 % de leurs records, avec des hausses marquées sur des titres comme STMicroelectronics, Stellantis ou Inditex, pendant que d’autres secteurs plus défensifs ou réglementés marquent le pas.

3. Crypto très chahutées mais de plus en plus intégrées au système


Le bitcoin a encore illustré son extrême volatilité en début de semaine, avec une chute éclair vers 83 800 dollars suivie d’un rebond au-dessus de 90 000 dollars, pour finir la semaine globalement à l’équilibre. Ces à-coups reflètent autant des facteurs techniques de marché qu’un sentiment encore fragile des investisseurs après la forte hausse des derniers mois. Derrière cette agitation, deux signaux de fond vont pourtant dans le sens d’une normalisation de la classe d’actifs : la SEC américaine prépare un cadre assoupli baptisé “exemption pour innovation” pour les sociétés d’actifs numériques, et Bank of America va autoriser ses conseillers en gestion de patrimoine à intégrer des cryptomonnaies dans les allocations de leurs clients. Le reste du marché crypto suit le mouvement, avec un ether légèrement haussier et des variations modérées sur les grandes capitalisations, ce qui montre qu’en dépit de la nervosité, l’écosystème continue de se structurer en parallèle des marchés actions et obligataires.

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📰 Le dossier de la semaine : Les marchés repartent de l’avant, trois éléments à surveiller en décembre

À l’approche de la fin de l’année 2025, les marchés financiers ont maintenu une dynamique solide. Les trois grands indices américains affichent des performances à deux chiffres, confirmant la vigueur des actions malgré un environnement économique encore contrasté. Pour bien comprendre ce qui peut influencer la fin d’année et préparer le début de 2026, trois points méritent une attention particulière : la réunion de la Réserve fédérale en décembre, la publication du rapport sur l’emploi américain pour le mois de novembre et la possibilité d’un « Santa Claus rally » sur les derniers jours de l’année.

Une réunion décisive pour la Réserve fédérale

Le rendez-vous central du mois sera sans conteste la réunion de la Réserve fédérale des 9 et 10 décembre. Au-delà de la simple décision de politique monétaire, les investisseurs y découvriront de nouvelles projections économiques, ainsi que le fameux « dot plot », indicateur qui montre la trajectoire anticipée des taux directeurs par les membres du comité.

Le marché s’attend à une nouvelle baisse des taux et les probabilités de voir les Fed Funds reculer de 0,25 point ont encore progressé ces dernières semaines. L’objectif de la banque centrale serait de rapprocher le taux directeur d’une zone considérée comme neutre, entre 3 % et 3,5 %, sans volonté d’envoyer un signal d’urgence économique. Ce repositionnement viendrait plutôt corriger le resserrement monétaire historique mis en place après la pandémie.

La conjoncture plaide en ce sens. L’économie américaine continue d’avancer, mais à un rythme modéré, et les conséquences du récent shutdown devraient se refléter dans un quatrième trimestre plus faible. L’inflation, quant à elle, reste contenue entre 2,5 % et 3 %, ce qui donne un peu d’air à la Fed. Les enquêtes de confiance de la fin novembre ont d’ailleurs montré un repli des anticipations d’inflation des ménages, un signal important pour la banque centrale qui cherche à éviter tout enracinement des tensions de prix.

Dans ce contexte, un nouveau geste d’assouplissement paraît plausible. Toutefois, la Fed restera attentive aux données sur l’emploi, d’où l’importance du second point clé du mois.

Le rapport sur l’emploi pourrait préciser l’état réel du marché du travail

Le rapport sur les créations d’emplois de novembre, publié le 16 décembre, donnera pour la première fois depuis le début du shutdown une vision complète du marché du travail. Les premières estimations sont prudentes. Les économistes s’attendent à des créations d’emplois nettement inférieures à celles de septembre et à une légère hausse du taux de chômage, tout en maintenant une croissance des salaires toujours positive en termes réels.

La photographie reste donc contrastée. Du côté des entreprises, la demande de main-d’œuvre diminue. Les offres d’emploi reculent et les créations enregistrées par les enquêtes privées se sont même brièvement repliées. En parallèle, le nombre de chômeurs indemnisés reste stable, signe que la détérioration n’est pas brutale.

Du côté de l’offre de travail, plusieurs éléments structurels continuent de peser. Le vieillissement de la population active, une participation au marché de l’emploi qui ne remonte pas vraiment et les évolutions réglementaires en matière d’immigration limitent la disponibilité de main-d’œuvre. Cette combinaison de facteurs explique pourquoi les créations d’emplois plus faibles pourraient devenir la norme, sans pour autant provoquer un choc majeur sur le marché du travail.

Le rapport de novembre aura donc un double rôle. Il indiquera si le ralentissement observé ces dernières semaines est temporaire ou plus durable, et il pourra renforcer ou non l’argument d’une nouvelle coupe des taux par la Fed.

Le traditionnel « Santa Claus rally » viendra-t-il soutenir la fin d’année ?

Le dernier point d’attention, plus saisonnier, concerne la possibilité d’un rebond de marché en toute fin d’année, surnommé le « Santa Claus rally ». Historiquement, les cinq derniers jours de l’année, suivis des deux premiers jours de janvier, ont tendance à être positifs. Depuis 1980, ce phénomène s’est produit environ trois fois sur quatre, avec un gain moyen d’un peu plus de 1 % pour le S&P 500.

Cette année, les conditions pourraient à nouveau s’y prêter. Depuis les points bas d’avril, les marchés ont progressé d’environ 38 %, avec une seule correction notable en novembre. Ce mouvement laisse envisager une stabilisation en décembre avant une éventuelle reprise technique sur les derniers jours de l’année. Pour beaucoup d’investisseurs, c’est aussi le moment où l’on procède aux rééquilibrages de portefeuille et aux arbitrages de fin d’exercice.

Après trois années consécutives de progression des actions, de nombreux portefeuilles initialement construits en 60 % actions et 40 % obligations se retrouvent aujourd’hui surpondérés en actions. Un réajustement peut donc être utile pour conserver un niveau de risque cohérent avec les objectifs de long terme.

Comment aborder 2026 dans ce contexte ?

Les trois catalyseurs du mois de décembre donnent une indication claire : la volatilité reste possible, mais le contexte général demeure favorable. La combinaison d’une croissance économique résiliente, d’une inflation plus contenue et d’une politique monétaire qui s’oriente progressivement vers un niveau neutre crée un climat favorable aux marchés financiers en début d’année prochaine.

L’enjeu principal pour les épargnants et investisseurs sera d’éviter une concentration excessive sur quelques secteurs ou zones géographiques. Les grandes valeurs technologiques restent bien positionnées grâce à leur exposition à l’intelligence artificielle, mais la diversification offre aujourd’hui de véritables opportunités. Les valeurs moyennes américaines, les actions internationales, notamment en marchés émergents, et les secteurs plus cycliques comme l’industrie ou la consommation discrétionnaire pourraient tirer parti d’un environnement de taux plus bas.

L’équilibre entre styles de gestion, qu’il s’agisse de valeurs de croissance ou de valeurs plus cycliques, semble lui aussi pertinent pour 2026, surtout dans un marché où le leadership pourrait progressivement s’élargir.

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🏦 Investissement : Pourquoi le cuivre bat à nouveau un record historique

Le cuivre vient de franchir un nouveau sommet. À la Bourse des métaux de Londres, son prix a atteint 11 705 dollars la tonne, un niveau jamais observé depuis la création du marché au XIXᵉ siècle. Depuis janvier, la hausse dépasse désormais 30 %. Cette envolée spectaculaire s’explique par une convergence de facteurs : une demande mondiale qui accélère avec la transition énergétique et l’essor de l’intelligence artificielle, des tensions commerciales croissantes, et la crainte d’un déséquilibre durable entre l’offre et la demande.

Une demande structurellement tirée vers le haut

Le cuivre est au cœur de toutes les grandes transformations industrielles en cours. C’est un métal indispensable pour les technologies bas-carbone, car il sert à la fabrication des moteurs de voitures électriques, des batteries, des éoliennes ou encore des infrastructures de transport d’électricité. Les projets liés aux réseaux électriques, indispensables pour accompagner l’électrification croissante des usages, nécessitent eux aussi des volumes considérables de cuivre.

À cela s’ajoute un moteur plus récent : l’intelligence artificielle. Les data centers, qui consomment énormément d’électricité, utilisent le cuivre dans leurs câblages, leurs systèmes de refroidissement, ainsi que dans l’ensemble des équipements permettant de transporter et distribuer l’énergie. Plus les capacités informatiques augmentent, plus les besoins en métal rouge progressent.

Cette demande structurelle crée déjà une pression haussière. Mais c’est un autre facteur, plus conjoncturel, qui explique l’accélération des dernières semaines.

La crainte de nouveaux droits de douane américains

L’envolée récente du cuivre ne provient pas d’un choc soudain sur l’offre, mais de tensions commerciales. Les États-Unis envisagent d’appliquer de nouveaux droits de douane sur les importations de cuivre affiné, dans le cadre d’une stratégie visant à sécuriser leurs approvisionnements stratégiques et à réduire leur dépendance vis-à-vis de l’Asie.

Un tel dispositif bouleverserait la circulation mondiale du métal. Les opérateurs anticipent que des stocks seraient massivement transférés des entrepôts londoniens vers ceux de New York, dans l’espoir de profiter de prix potentiellement plus élevés aux États-Unis. Dès que les réserves diminuent à Londres, les prix montent mécaniquement.

L’incertitude porte surtout sur le calendrier. Le scénario initial évoquait une mise en place progressive des droits à partir de 2027. Mais l’idée d’un calendrier accéléré circule de plus en plus, ce qui incite certains acteurs à prendre des positions défensives. Un grand négociant aurait, selon des sources spécialisées, retiré pour près d’un demi-milliard de dollars de cuivre des entrepôts du LME, un mouvement qui a contribué à propulser les cours vers un nouveau record. Tant que le risque de mesures commerciales persistera, les variations de stocks resteront un facteur de volatilité majeure.

Jusqu’où les prix peuvent-ils monter ?

Les prévisions divergent. Une partie des spécialistes estime que le marché pourrait connaître une nouvelle accélération en 2026. Dans ce scénario, la combinaison d’un environnement économique plus favorable, d’une baisse des taux d’intérêt, d’une activité de construction renforcée, du réarmement de plusieurs régions du monde et de la poursuite de la transition énergétique conduirait à une demande supplémentaire d’environ 2,5 % l’an prochain. Selon cette vision, la tonne pourrait grimper vers les 13 000 dollars au deuxième trimestre 2026.

Ce scénario reste cohérent avec ce que l’on observe depuis un an : une consommation mondiale dynamique et des difficultés persistantes à augmenter rapidement la production. Les nouveaux projets miniers sont rares, longs à développer, et coûteux. Le marché pourrait donc rester tendu si la demande continue de croître au même rythme.

D’autres analyses sont moins optimistes. Elles considèrent que les hausses récentes reposent davantage sur des anticipations que sur des tensions immédiates. Dans cette lecture, l’offre devrait rester suffisante pour couvrir les besoins à court terme, avec même la possibilité d’un excédent l’an prochain. Les prix graviteront alors plutôt entre 10 000 et 11 000 dollars, sans justification durable pour un maintien au-dessus des records actuels.

Entre transition énergétique et tensions géopolitiques, un marché instable

Le cuivre se trouve à la croisée de deux grandes forces : une demande qui ne faiblit pas et une géopolitique du commerce qui se complexifie. Cette combinaison crée un marché où les mouvements peuvent être rapides, amplifiés par des comportements de précaution ou de spéculation.

À court terme, tout dépendra de la décision américaine sur les droits de douane. À moyen terme, le véritable enjeu reste la capacité des acteurs miniers à accroître la production, ce qui nécessite du temps, des investissements massifs et une stabilité réglementaire dans les pays producteurs.

Jusqu’à nouvel ordre, le cuivre devrait donc rester un actif très surveillé, avec un potentiel de hausse encore significatif mais une volatilité tout aussi élevée.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Le film "Zootopia 2" de Walt Disney rapporte 556 millions de dollars sur 5 jours au box-office mondial.

  • BYD va procéder à une mise à jour logicielle sur 90 000 véhicules hybrides rechargeables en raison d'un défaut du bloc-batterie.

  • TotalEnergies a signé un accord avec Tree Energy Solutions, Osaka Gas, Toho Gas et Itochu pour le développement et l'opération du projet Live Oak au Nebraska (Etats-Unis).

  • L'Oréal étudiera "à coup sûr" une prise de participation dans Giorgio Armani, selon le directeur financier du groupe français, conformément au testament du créateur qui impose la vente de 15% de la maison dans les 18 mois et privilégie des acheteurs comme LVMH, L'Oréal ou EssilorLuxottica.

  • Carrefour finalise la cession de ses activités en Italie.

  • EssilorLuxottica forme son premier comité consultatif scientifique.

  • Nvidia publie un logiciel open source pour le développement de voitures autonomes.

  • Amazon prévoit une nouvelle offre de livraison ultra-rapide aux Etats-Unis, encore selon The Information.

  • Netflix va racheter Warner Bros Discovery pour 83 milliards de dollars, acquérant son catalogue de films et le service de streaming HBO Max.

  • Le conseil d'administration de Kering approuve un dividende intérimaire de 1,25 euro par action.

  • JCDecaux renouvelle le contrat publicitaire des stations de métro en Finlande.

  • Les fonds EQT finalisent la vente des actions de Kodiak Gas Services pour un montant de 335,5 millions de dollars.

  • Amazon lance des agents IA capables de fonctionner sans aide pendant plusieurs jours. Le groupe lance aussi une nouvelle puce IA.

  • Anthropic fait appel à des avocats spécialisés dans les introductions en bourse pour se lancer avant OpenAI, a appris le FT.

  • Medline prépare pour lundi le lancement marketing de son IPO, qui devrait être la plus grosse de l’année aux USA.

  • LVMH et la famille Arnault nient avoir détourné des actions Hermès.

  • Fitch Ratings a relevé la note crédit d'Eutelsat de B à BB, perspective stable, après la levée de fonds.

  • Yellow Cake renoue avec les bénéfices au premier semestre fiscal.

  • Boeing prévoit toujours de finaliser la fusion avec Spirit AeroSystems d'ici la fin de l'année.

  • Meta a débauché le principal responsable du design d'Apple.

  • Danone va racheter 3,8 millions d'actions pour compenser la dilution de ses plans d'actionnariat salarié.

  • L'AMF attend la décision de la Cour d'appel avant de se prononcer sur une éventuelle OPA obligatoire de Bolloré sur Vivendi.

  • Le Bayern Munich a mené des négociations en vue de vendre une participation à la société de capital-investissement EQT, selon le FT.

  • Tesla commence à commercialiser sa version moins chère de la Model 3 en Europe, selon le site web de Tesla.

  • BYD prévoit l'ouverture de 70 concessions en Afrique du Sud d'ici 2026.

  • Moore Threads, le "Nvidia chinois", flambe à la Bourse de Shanghai après une IPO de 1,1 milliard de dollars : +425% vendredi. 

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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